The Crown : la saison 2 de la royale série Netflix est-elle à la hauteur de la somptueuse saison 1 ?

Alexandre Janowiak | 12 décembre 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Alexandre Janowiak | 12 décembre 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Avant le retour de Black Mirror pour une quatrième saison le 29 décembre prochain, Netflix a mis en ligne la saison 2 de The Crown. Après dix nouveaux épisodes, l'heure du bilan est arrivée. Attention quelques spoilers sur les thématiques traitées dans cette nouvelle saison jalonnent notre critique.

 

 

ROYAL AFFAIR

En 2016, Netflix a surpris son monde avec la première saison de The Crown. La série sur la famille royale britannique et plus particulièrement le règne de la Reine Elisabeth II impressionnait par son ambition et son élégance. Elle avait d’ailleurs doublé Stranger Things, Westworld ou même Game of Thrones dans la dernière ligne droite des récompenses en remportant les Golden Globes de la meilleure série dramatique et de la meilleure actrice pour Claire Foy.

Dans cette première saison, The Crown racontait la rencontre entre la princesse Elisabeth (Claire Foy) et son futur mari Philip Mountbatten (Matt Smith), son accession au trône ainsi que ses premiers mois en tant que Reine et ses relations avec le Premier ministre Winston Churchill (incroyable John Lithgow).

 

Photo Claire Foy, Matt SmithMatt Smith et Claire Foy

 

Pour son retour, le récit de The Crown s’arrête à nouveau sur de nombreux conflits internationaux et crises politiques nationales. De la crise du Canal de Suez déclenchée par le président Egyptien Nasser en 1957 à l’affaire Profumo qui provoquera la chute du Premier ministre britannique en 1964, en passant par la mise en avant de la crise ghanéenne, des relations douteuses qu’entretenait l'ancien Roi Edouard VIII avec les nazis et Adolf Hitler ou l’arrivée de Kennedy à la tête des Etats-Unis, cette nouvelle saison nous offre beaucoup de politique.

Pourtant, cette saison 2 s’avère bien plus humaine et sociale que divine et politique. Les conflits internationaux sont mis en parallèle avec les querelles personelles. Ainsi, The Crown livre une vision beaucoup plus intimiste de la monarchie, de ses personnages et de l'exercice du pouvoir. Une intimité qui frôle la confidence quand le regard de certains personnages croisera brièvement celui du spectateur comme pour lui demander d'être le témoin de son histoire. 

 

Photo Claire Foy, Matt SmithCrise de Suez en une, crise de couple en coulisse

 

DES GENS COMME LES AUTRES

Pour le créateur Peter Morgan, il est clair que ces vies extraordinaires sont vécues par des personnes vivants dans un corps et avec un esprit ordinaire. Derrière l’apparente perfection projetée aux yeux du monde et l’aura divine parfois attachée au pouvoir se cache des personnes vulnérables, sensibles et profondément humaines qui connaissent des problèmes communs et courants. Là où la saison 1 montrait la splendeur royale, cette saison 2 déconstruit l’image trop souvent idéalisée de la monarchie et plus généralement du pouvoir.

Ainsi le couple royal est dépeint comme n’importe quel autre couple citoyen tout au long de la saison, avec ses soucis personnels et familiaux. Leur crise maritale est le fil rouge de toute la saison. Dans l’épisode qui leur est consacré, le couple présidentiel Jackie (fragile Jodi Balfour) et John Kennedy (Michael C. Hall) est lui aussi révélé au grand jour. Souvent décrit comme un couple idéal dans les cahiers d’Histoire ou dans la fiction, The Crown préfère s’attarder sur l'amour malheureux des deux époux, leurs problèmes d’addiction à la drogue et les accès de violence du président américain.

 

Photo Michael C. Hall, Jodi Balfour, Claire Foy, Matt SmithDeux couples idéals ou deux idéaux de façades ?

 

Parce qu'elle ne s'appelle pas "The Queen" mais bien The Crown, la série de Netflix n'oublie jamais de mettre en avant une ribambelle de personnages secondaires. La soeur d'Elisabeth II, Margaret (séduisante Vanessa Kirby), éclipse totalement la Reine dans deux épisodes consacrées à ses amours difficiles et ses dépressions répétées. Deux autres épisodes se focalisent sur le prince Philip, dont un entièrement sur son douloureux passé, rapproché, dans un superbe montage alterné, à la présente éducation de son jeune fils, Charles, le Prince héritier. Plus morcelée que dans la saison 1, le récit de cette deuxième saison se concentre au fond bien moins sur la souveraine que sur les conséquences de son règne sur son propre entourage

Mais si elle montre les failles des gens de pouvoir, la série s'accroche à l'idée que leur figure publique ne doit laisser aucune place à ces incidents. L'apparence compte plus que tout pour la royauté et la réalisation du show s'y conforme en permanence. La mise en scène est précise, pure et sans imperfection malgré les disputes. Une façade médiatique usée en toutes circonstances, décorum d'une fausse invulnérabilité. 

 

Photo Vanessa KirbyVanessa Kirby, interprète de l'impétueuse Margaret

 

IDENTITY CRISIS

Toutes ces crises quotidiennes de la famille royale sont étroitement liées à l'évolution de la société britannique de l'époque. Les traditions monarchiques sont beaucoup trop conservatrices dans ce monde en pleine modernisation où la princesse Margaret, impétueuse, fait la une des journaux les épaules nues et s'éprend d'un photographe bisexuel et libertin. 

La bande-annonce était d'ailleurs très claire : "Le monde a changé. La société britannique a changé." Pourtant, la Reine et la royauté campent sur des positions traditionnalistes. Contestée - par les critiques de Lord Altrincham (John Heffernan) - ou dépassée par son temps à cause de ses valeurs chrétiennes trop traditionalistes - la rencontre furtive avec l'évangéliste Billy Graham (Paul Sparks) -, la souveraine va devoir moderniser son image pour rester à la page.

Enfin, dénonçant les moeurs légères des hommes et les infidélités répétées de certains d'entre eux, notamment avec les histoires de l'assistant du Prince Philip ou l'affaire Profumo, The Crown développe un propos profondément actuel sur la condition des femmes dans la société. Que cela soit à travers le regard d'une jeune mère anonyme ou bien évidemment celui de la Reine d'Angleterre.

 

Photo Claire Foy, Matt SmithDes comptes à régler entre Elisabeth et Philip

 

Cette deuxième saison de The Crown, plus morcelée, est peut-être un peu moins bien rythmée que la première saison mais conserve toute l'élégance qui la caractérisait grâce à sa photographie absorbante, sa solide bande-originale et son flamboyant casting.

Grand drame politique et historique de cette année 2017, la saison 2 de The Crown se révèle avant tout profondément humaine et attachante. Elle offre également une réflexion sur la modernisation du monde et de la société dans les années 60 avec des propos sur les femmes et la religion toujours d'actualité de nos jours.

Parfaitement écrite, elle se clôt magnifiquement sur une ultime photo de la famille royale comme une dernière réunion symbolique venant marquer la fin d’une époque et le début d’une nouvelle ère. Pour sa saison 3, l'ensemble du casting sera en effet renouvelé (dans son intégralité) et l'incroyable Claire Foy laissera sa place à la très attendue Olivia Colman sur le trône.

 

Photo The Crown

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commentaires
Rorov94
13/12/2017 à 13:21

Série classe,élégante,somptueuse où l'on voit la reine faire une pipe au prince!