The Girlfriend Experience : une saison 2 mystérieuse, charnelle et animale pour la série produite par Soderbergh

Alexandre Janowiak | 10 janvier 2018 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Alexandre Janowiak | 10 janvier 2018 - MAJ : 09/03/2021 15:58

La sulfureuse série de Steven Soderbergh revenait sur les écrans fin 2017 sur OCS avec une nouvelle saison découpée en deux parties. Verdict. ATTENTION SPOILERS !

 

 

DEUX EN UN

En avril 2016, la chaîne Starz débutait la diffusion de la saison 1 de The Girlfriend Experience. Une série produite par Steven Soderbergh et adaptée de son film éponyme (sorti en 2009) où il mettait en scène l’ancienne star du porno Sasha Grey dans la peau d’une escort girl.

Constituée de 13 épisodes, cette première saison avait été une des très belles surprises de l’année 2016 sur le petit écran (notre critique ICI). Le succès critique étant au rendez-vous, la chaîne américaine a décidé de renouveler le show pour une deuxième saison avec un casting entièrement renouvelé et surtout découpée en deux.

 

The Girlfriend ExperienceRiley Keough dans la saison 1

 

Les deux créateurs du show Amy Seimetz et Lodge Kerrigan, également scénaristes et réalisateurs, n’ayant pas forcément la même vision de l’univers et les mêmes envies pour développer la série, ils ont décidé de raconter chacun leur histoire en parallèle (7 épisodes chacun).

Ainsi, Lodge Kerrigan s’arrête sur l’histoire d’Erica & Anna et suit la directrice financière d'un parti politique et son aventure avec une escort à Washington D.C. tandis qu’Amy Seimetz raconte l’histoire de Bria, témoin protégée d’une enquête au Nouveau-Mexique et ancienne escort.

 

Affiche

 

SEXE, MENSONGES ET VIDÉO

Avec son ambiance bleutée et glaciale, sa mise en scène clinique et élégante et ses décors stériles et génériques, la partie réalisée par Lodge Kerrigan rappelle énormément l’atmosphère de la première saison et ravira les fans de l’arc de Christine Reade.

Menée par son couple d’actrice impressionnant (Anna Friel et Louisa Krause) et animée par les pulsions sexuelles voire animales de ses personnages (le sexe est légion durant les sept épisodes), l’histoire d’Erica & Anna s’intéresse au pouvoir et extrinsèquement à la domination voire à la soumission. Se déroulant non-loin de la Maison Blanche, elle met également en place une intrigue politique remémorant les belles heures de House of Cards et ses magouilles politiques. 

De plus, Lodge Kerrigan donne une vraie dimension à son récit en ne se concentrant plus uniquement sur le quotidien de son escort girl. Bien au contraire, il décide plutôt d'étudier les conséquences des relations avec une escort girl à travers le personnage d'Erica, puissante directrice financière dont la descente aux enfers découlera en partie de sa relation sulfureuse avec Anna.

 

Photo Louisa Krause, Anna FrielAnna Friel et Louisa Krause en parfaite symbiose dans Erica & Anna

 

De son côté, Amy Seimetz prend largement ses distances avec la saison 1. Loin des bureaux et chambres d'hôtels aseptisés, l'atmosphère est beaucoup plus chaude dans le cadre désertique et lumineux du Nouveau-Mexique. D'autant plus que la réalisatrice n'hésite pas à user de nombreuses musiques pour dynamiser certaines séquences, ce que se refusait à faire la première saison (et l'arc narratif Erica & Anna).

En cela, Bria donne un vrai souffle nouveau à The Girlfriend Experience. Beaucoup moins sexuel et plus porté sur la sensualité et l'érotisme des relations entretenues par la personnage principale (superbe Carmen Ejogo), l'arc narratif change totalement les codes de la série. Le récit s'avère être un  thriller diabolique entre mensonges et trahisons.

 

Photo Carmen EjogoAvec une telle prestation, on attend Carmen Ejogo avec impatience dans la saison 3 de True Detective

 

MI-FIGUE, MI-RAISIN

Ce choix de narration astucieux est une des meilleures idées de cette saison 2. Il donne une plus grande ampleur à l'anthologie télévisuelle et permet à chaque créateur de s'épanouir sur des terrains radicalement opposés tout en étudiant constamment les mêmes thématiques : notre rapport au sexe, au pouvoir et au contrôle de soi-même. Le mode de diffusion choisi par Starz sert d’ailleurs l’entreprise voulue par les deux créateurs. En diffusant un épisode de chaque arc narratif par semaine, le spectateur peut comparer et confronter l’évolution des personnages de chaque histoire.

Cependant, le choix narratif met également en perspective les nombreux défauts de la série. Qui dit histoire différente, dit attrait différent. Lors du visionnage de cette saison 2, chacun aura sans doute une préférence pour l'une ou l'autre des histoires. La comparaison entre les deux arcs narratifs est alors inévitable et affiche ostensiblement leurs défauts. Là où l'une des histoires se montrera extrêmement rébarbatif dans certaines séquences, le besoin ardent de contemplation de l'autre tentera, lui, de cacher un vide scénaristique certain.

 

Photo Louisa KrauseLouisa Krause incarne l'escort girl Anna

 

Avec ses réalisations de très belles factures, ses thématiques séduisantes, son casting excellent et ses sublimes plans finaux où chaque héroïne se retrouve esseulée en pleurs, cette saison 2 de The Girlfriend Experience contient de très beaux éléments. Malheureusement, les deux histoires manquent cruellement de rythme pour pleinement captiver et disposent de scénarios trop limités pour ne pas finir par ennuyer.

 

Affiche Anna et Erica

Affiche Bria

Tout savoir sur The Girlfriend Experience

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commentaires
Roukesh
10/01/2018 à 11:43

Une saison inégale, mais j'ai pris plaisir à la regardé. Je lui préfère la saison 1, mais ça ne démérite pas ici. Mention spéciale pour la beauté visuelle de la série et pour ses actrices surtout sur la partie Washington.