La casa de papel : la série de braquage espagnole est-elle vraiment à la hauteur du phénomène ?

Alexandre Janowiak | 8 mars 2018 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Alexandre Janowiak | 8 mars 2018 - MAJ : 09/03/2021 15:58

La casa de papel est arrivé sur Netflix en décembre dernier. Si la série est restée plutôt discrète pendant quelques temps, elle est devenue depuis un véritable carton, dévorée par le public en quelques jours. On a donc regardé la première partie du show espagnol. Notre verdict.

ATTENTION SPOILERS !

Notre critique de la deuxième partie ICI.

 

 

LE CASSE DU SIÈCLE

La casa de papel raconte l'histoire de huit criminels : Tokyo, Nairobi, Rio, Moscou, Berlin, Denver, Helsinki et Oslo. Ces malfrats sont tous sélectionnés pour une spécialité particulière (technologie, explosif, contrefaçon...) par un homme mystérieux, nommé El Profesor. Ainsi, il va planifier le meilleur braquage de l'histoire avec ses huit complices. Objectif ? Inflitrer la Fabrique nationale de la monnaie et du timbre de Madrid, imprimer 2,4 milliards d'euros et disparaître à tout jamais, le tout sans violence et en manipulant la police.

La série de Álex Pina fait le buzz depuis quelques mois sur la plateforme de streaming Netflix. Pourtant, La casa de papel est d'abord une série espagnole de la chaîne Antena 3, connue en France pour ses séries Un, dos, tres et Physique ou Chimie. Diffusée à partir du 2 mai 2017, la première partie de la saison 1 a ainsi réuni en moyenne 2,6 millions de spectateurs en Espagne et a été un énorme succès au pays.

 

PhotoL'équipe de braqueur au complet

 

Bien décidé à surfer sur cette pépite made in Espagne, Netflix a acheté les droits de diffusion à l'international et balancé la première partie du show en décembre dernier après avoir changé le format de la série. Ainsi, au lieu de neuf épisodes de 1h-1h10, Netflix a redécoupé cette première partie en 13 épisodes (le format habituel Netflix) pour diminuer la durée des épisodes à une longueur plus classique de 45-50min.

Et le moins que l'on puisse dire, c'est que depuis son arrivée sur la plateforme La casa de papel a pris une ampleur énorme grâce à un bouche-à-oreille ultra positif des spectateurs. Ecran Large ne pouvait plus passer à côté. Quid de cette première partie de saison.

 

PhotoLes masques de Dali, la marque de fabrique de la série 

 

BRAQUAGE À L'ESPAGNOLE

Dès ses premiers instants, La casa de papel rappelle bien évidemment la trilogie Ocean's avec sa troupe de truands planifiant le casse du siècle pour repartir les poches pleines d'argent tout en ayant berné la police au passage. Sauf que très rapidement, la série va finalement devenir un mélange des Ocean's et surtout d'Inside man puisque ce n'est pas tant la préparation du braquage qui sera au centre du récit mais le braquage lui-même avec la prise d'otages et la négociation avec la police.

C'est sûrement dans ces premiers instants que La casa de papel marque le plus de points. Les personnages sont esquissés rapidement (avant qu'ils ne soient développés plus en profondeur par la suite), le braquage arrive dès le pilote et le récit, comme ses personnages, ne perd pas une minute : le temps c'est de l'argent.

 

PhotoTrouver des billets c'est bien, en imprimer des millions c'est mieux...

 

Il n'y a donc pas de temps à perdre et dans ses trois-quatre premiers épisodes, que La casa de papel mène avec un rythme ultra-soutenu et d'une efficacité redoutable. Les péripéties s'enchaînent, les rebondissements sont légion et les révélations inattendues nombreuses. Elles ne sont pas toutes spectaculaires et certaines sont un peu prévisibles, cependant elles sont globalement bien amenées et permettent de garder en haleine le spectateur.

En cela, La casa de papel est une très grande réussite. Au fil des épisodes, elle jongle donc très bien entre grosses scènes d'actions (fusillades...) et discussions plus posées entre les protagonistes. Le moyen de relancer rapidement le récit tout en développant le passé des personnages mais surtout d'accrocher le spectateur jusqu'au dénouement de l'histoire. Elle peut d'ailleurs compter également sur son bon casting : Úrsula CorberóMiguel HerránPedro Alonso ou encore Álvaro Morte.

 

PhotoL'action est plutôt très bien gérée

 

CHÂTEAU DE CARTES

Malheureusement, au fur et à mesure de son avancée, la série d'Álex Pina va exploser en vol. Le créateur de la série a expliqué qu'il avait réécrit le pilote de La casa de papel une cinquantaine de fois pour trouver un équilibre dans l'histoire, les révélations, les histoires personnelles des personnages... Au vu de son efficacité, il est regrettable qu'il n'en ait pas fait de même pour le reste de cette première partie de saison.

A trop vouloir dynamiser son récit, La casa de papel va totalement abuser des twists, révélations improbables et situations rocambolesques. Ainsi, si El Profesor est présenté en premier lieu comme un génie du crime, il devient rapidement aux yeux du spectateur un génie invincible qui a tout prévu même les situations où il est dépassé. Le spectateur n'a donc aucune inquiétude à avoir sur le plan prévu puisqu'on comprend très vite que chaque événement (négatif ou positif) du braquage avait été pensé par El Profesor.

A ce niveau, La casa de papel rappelle à bien des égards Prison Break et son génie de l'évasion Michael Scofield qui avait toujours une solution à tout. La série est toujours aussi rythmée mais son récit devient par conséquent trop facile et très décevant.

 

Photo Álvaro MorteEl Profesor interprété par Álvaro Morte 

 

Ce n'est d'ailleurs pas le seul point problématique de La casa de papel, qui, bien au-delà de sa surenchère de rebondissements, présente un nombre incalculable d'incohérences. Qu'il s'agisse d'un téléphone allumé non détecté par la police pourtant capable de tracer tout à la ronde depuis le pilote ou qu'il s'agisse de blessures impressionnantes dont les personnages se remettent en quelques heures, la vraisemblance de l'ensemble en prend un coup.

De plus, la construction de l'histoire s'avère assez bancale. Si l'utilisation des flash-backs n'est pas une mauvaise idée, elle manque parfois d'utilité et devient le plus souvent un gadget narratif un peu balourd (à l'image du fastidieux How To Get Away with Murder). Enfin on ne reviendra pas sur le développement sans intérêt de personnages secondaires insipides, le non-développement de personnages principaux (quid de Oslo et Helsinki sérieux ?) et les pseudos-romances fades mises en place par le show.

 

PhotoCombien de personnages présentés sans intérêt ?

 

La casa de papel est loin d'être la série du siècle. Dans la veine de Murder et de la saison 1 de Prison Break, elle bénéficie d'un rythme à l'efficacité redoutable, de quelques personnages attachants et d'un récit qui tient en haleine malgré ses rebondissements à gogos et ses twists insupportables. A défaut d'être une grande série, c'est déjà ça...

La casa de papel partie 1 est disponible sur Netflix. La deuxième partie est disponible depuis le le 6 avril sur la plateforme. Notre critique de la deuxième partie ICI.

 

Affiche officielle

Tout savoir sur La Casa de papel

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commentaires
Youa
17/11/2018 à 15:27

J'ai bien aimé la série surtout car les personnages sont attachants, et l'intrigue arrive à nous tenir en haleine, peu importe si certaines ficelles sont un peu grosses moi ça ne m'a pas dérangé (c'est une série pas la réalité).

Par contre je ne suis pas d'accord avec le commentaire de Gilles, c'est justement le côté qui me dérange, ce message sous-jacent de la série qui veut dépeindre le professeur comme un style de robin des bois, ou les preneurs d’otages comme des "résistants", alors qu'ils le font pour leur unique profit et non pas améliorer le quotidien de quiconque (au pire si la somme volée était vraiment immense, on peut imaginer que ça provoquerait une crise qui nuirait au quotidien des gens, et non l'inverse, et si ils donnaient 1 milliard à toute la population ces milliards n'auraient plus aucune valeur, quant aux otages on peut imaginer qu'ils sortent de là traumatisés, surtout certains). On peut pas une histoire de profit personnel aux résistants contre Mussolini (à qui on doit Bella Ciao) ou à Franco.

L'argument que la banque centrale Européenne a injecté des milliards dans les banques n'est pas valable pour moi, on peut toujours maudire le système économique, et les cycles de crises dans lesquels il nous entraîne (là dessus je suis bien sûr d'accord), mais ça n'a évidemment rien à voir d'injecter des milliards pour sauver les banques et les entreprises pour essayer tant bien que mal faire cesser un crise mondiale (banques qui gèrent l'argent des particuliers, et entreprises dont dépendent les emplois, même si on peut bien sûr critiquer leur fonctionnement et dérive, et la décision de les sauver de cette manière), que de les injecter juste dans la poches de quelques braqueurs avec comme seule finalité qu'ils aillent se faire (spoiler:) bonzer seins nus sur un yatch (/spoiler) ou s'exiler avec leurs milliards dans une île reculée, au prix de séquestrer des employés et des lycéens qui n'ont rien demandé, comme boucliers humains, dont certains finissent blessés, humiliés (soiler: celle qui s'offre à Berlin par peur de mourir), ou traumatisés.

On s'en fiche parce-que c'est une série, et justement j'aime bien les séries et films ou le monde n'est pas manichéen, et ou il n'y a pas de gentils et de méchants, et qu'on peut s'attacher à des personnages sans admirer tout ce qu'ils font pour autant, c'est même raffraichissant par rapport au manicheanisme habituel à l'anglosaxonne, mais je suis pas d'accord pour prendre ce message au pied de la lettre. Ce ne sont pas des gentils, ce sont des personnagesloufoques, et désespérés, au point d'être prêts à s'embarquer dans une opération de folie pour trouver une échappatoire dans leur avenir, et bien entendu on s'attache à eux d'épisode en épisode.

[suite = spoiler]
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L'autre truc qui me dérange dans la fin, c'est qu'on a l'impression que l'inspectrice n'a même pas pris sa fille avec elle, donc elle laisse sa mère qui a perdu la boule toute seule et sa fille dans les mains de son père violent, mais ça sera peut-être résolu à la saison 3.[spoiler]

Tokyo
01/09/2018 à 15:30

Je confirme super série qui vous prend direct au premier épisode , certain auront toujours une critique à faire mais quand on voit le nombre de spectateurs qu'elle rassemble on se rend compte qu'il faut pas y faire attention .
Et comme j'ai pu lire au dessus ça change car en règle général c'est toujours les Américains les meilleurs , donc respect pour les Espagnols (du haut niveau avec si peut de budget.
Mais n'oublions pas une choses que la série est tiré d'une histoire vraie , seul les connaisseurs comprendront )
respect quand même à Alex Pina .

Tokyo .

Leking
03/08/2018 à 00:48

Moi je kiff à mort.
Le scénario est abasourdissant et très ingénieux.
Chapeau à l'auteur et au réalisateur

jeanmermoud
23/04/2018 à 16:51

j'adore cette série très bon scénario je kiffe

Poulpi
22/04/2018 à 12:08

Très bonne idée de scénario et super 1er épisode, pour le reste c est consternant, long, parfois d.une stupidité extrême. La liste des erreurs et invraisemblances est interminable, voici celles qui sont quasi choquantes : Donc en 5 jours : on passe de l’hiver à l’été (la végétation morte le vendredi est luxuriante le mercredi !!!), les cheveux poussent à une vitesse de fou en 5 jours, les super graves blesssures disparaissent en 3 jours voire moins (perso, quand je me coupe le doigt j’en ai, au bas mot, pour une semaine et je parle d’une petite coupure), en trois jours un type inconnu rencontré dans un bar évoque le mariage à une super flic prise dans une crise internationale et qui trouve le temps (l’inspectrice) de sortir au resto, de faire un tour en ambulance, de s’envoyer en l’air... Pour résumer une superbe idée très mal concrétisée et une réelle insulte à l’intelligence de ceux qui la regardent.

Gilles
17/04/2018 à 20:21

Il y a certes qq longueurs et parfois incohérences mais vraiment de la fraîcheur qui donne envie de regarder quitte à avancer sur certains passages. Globalement, les acteurs jouent bien voire très bien leurs rôles. La critique d'écran large est assez peu objective... Et d'autres commentaires aussi si bien écrits qu'on dirait qu'on les a dictés ! On en viendrait à penser que cette série dérange par la morale de son histoire qui est dévoilée à la fin et malheureusement pour nous européenns réaliste. Faire matcher la planche à billets tant que peut faire se peut pour les banques et les riches (entreprises). Ce qu'en dit El professor est court mais argumenté de façon très juste. Pour en revenir aux acteurs, mention spéciale à Berlin, Tokyo et Nairobi (un peu Denver). Bonne prestation de la policière aussi quoi qu'on en dise et qui joue assez juste et avec charme de la latine. Globalement réussi.

Choubaka
16/04/2018 à 23:35

Une super série ! On s'attache beaucoup aux groupe de braqueur, on est admiratif des coups de génies d'El profesor, des rebondissement, le epic "bella ciao".Franchement faudrait voir si il existe mieux dans notre vieux continent...Juste un petit défaut comme ça qui m'irrite un peu c'est que parfois t'as l'impréssion c'est des personnage de Dragon ball, il prennent des balles même des ciseaux dans le dos mais oklm ils vont bien.

LR75
16/04/2018 à 16:38

Votre critique passe à côté du message de fond de la série qui selon moi explique grandement son succès. Un Robin des bois actuel et à l’échelle de l’ignominie du système financier actuel...

Lolo
08/04/2018 à 16:13

Juste exceptionnel cet série

Hellolita
08/04/2018 à 12:00

Je lis tous ces commentaires négatifs sur la série qui mettent en avant incohérences ou maladresse. Les rabats joie !! Il y en a c est vrai mais ce n'est pas ce qui est le plus flagrant. j'ai avalé les épisodes et pourtant je n'ai pas 14 ans. c'est rafraîchissant, pas serieux, du charme, des surprises, et c'est drôle. Evidemment ça change des series françaises affligeantes et américaines qui t'expliquent en long en large et travers ce qu'il faut voir et ressentir ...et qui sont très convenues. C est très bien interprété sinon ca ne tiendrait pas la route 30 secondes !

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