Cobra Kai : bilan de mi-saison de l'incroyable suite de Karate Kid

Christophe Foltzer | 20 mai 2018 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Christophe Foltzer | 20 mai 2018 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Il y a parfois des petits miracles qui nous prennent totalement par surprise. Des oeuvres sur lesquelles on ne miserait pas grand chose et qui pourtant nous explosent au visage. Bienvenue dans le monde de Cobra Kaï.

Diffusée sur Youtube Red depuis quelques semaines, la série Cobra Kaï est sans conteste l'événement du moment. Si nous avons mis le temps à en parler, c'est parce que, dès le premier épisode, nous avons senti qu'il se passait quelque chose. Alors, plutôt que d'écrire dessus à la va-vite, nous avons préféré prendre notre temps pour regarder les différents épisodes, pour bien comprendre en quoi cette série était si particulière. Et nous en sommes actuellement au milieu de la première saison. Et on n'a plus pu résister à l'envie de vous dire pourquoi on adore. Premier bilan.

 

photo cobra kai

William Zabka

 

STRIKE FIRST, STRIKE HARD

Lorsque la série a été annoncée l'été dernier, nous n'y avions franchement pas cru. On s'attendait à une énième capitalisation sur une gloire d'antant, profitant du revival des années 80 actuel pour se faire masse de pognons tout en exploitant le coeur des geeks vieillissants. Et puis, vint le trailer, et là, quelque chose s'est produit. Cobra Kaï ne semblait effectivement en rien une machine à fric creuse, elle avait l'air de vouloir nous dire des trucs et les quelques indices disséminés ça et là nous faisaient drôlement envie. Maintenant que la série est disponible, on peut l'assurer : Cobra Kaï n'est pas une suite opportuniste de Karate Kid, c'est même tout le contraire.

Johnny Lawrence, l'élève emblématique du dojo Cobra Kaï, a vu sa vie détruite en 1984 lorsqu'il a perdu en finale d'un championnat contre Daniel Larusso, élève du sage Miyagi. Depuis, il n'a pas réussi à surmonter la honte, la culpabilité et la dépression qui s'en est suivie. Il vit dans un appart' pourri, naviguant de petits boulots en petits boulots, alcoolique. Il s'est fait plaquer par sa femme, ne voit plus son fils, bref Johnny est une épave. Au contraire de Daniel qui lui, a su profiter de son statut soudain pour monter un business. Concessionnaire à succès, il exploite sa victoire passée dans la communication de sa société, il est un modèle de réussite avec une belle femme, deux enfants et quelques résidences. Bref, la victoire de l'American Way of Life. Mais lorsque Johnny sauve son jeune voisin Miguel d'une bande de loubards, il décide de lui enseigner le karaté, de remonter le dojo de son senseï et de prendre sa revanche sur la vie et sur Daniel en particulier.

 

photo cobra kaiDaniel Larusso (Ralph Macchio) se fout bien de la gueule de Johnny Lawrence

 

AWESOME MIX

Dans les cinq épisodes que nous avons vu pour le moment (et qui constituent la moitié de la première saison), Cobra Kaï ne perd pas de temps pour nous dévoiler son coup de génie. En adoptant le point de vue de Johnny Lawrence nous sommes face à une histoire de rédemption prompte à émouvoir le plus grand nombre de spectateurs. Mais ce simple postulat renverse complètement les enjeux de la saga. En effet, si Lawrence nous en devient sympathique et touchant, ce n'est pas le cas de Larusso, transformé en turbo-connard fier de lui, de sa famille et de sa carrière, totalement reposé sur ses acquis. Le vernis ne tarde évidemment pas à craquer puisque, lorsqu'il se retrouve face à Lawrence et qu'il comprend que ce dernier remonte le dojo, il va mettre un point d'honneur à l'en empêcher par tous les moyens. 

 

photo cobra kai

En entrainant Miguel, Johnny ne comprend même pas qu'il se réalise à la façon de Miyagi

 

Et c'est là que la série devient passionnante, par le trouble philosophique qu'elle installe. En effet, chacun des personnages se croit dans son bon droit... et se plante. Lawrence, animé par la frustration et la colère, veut en montrer à la terre entière, entraine Miguel à la dure, souhaite le transformer en machine de guerre digne de son dojo, mais en réalité, il lui permet de s'accomplir.... exactement de la même manière que le maitre Miyagi avec Daniel il y a plus de 30 ans. Evidemment, tout ça sans s'en rendre compte. De même, l'acharnement de Daniel à empêcher Johnny de se reprendre en main n'est pas aussi lumineux que posé à la base. S'il agit pour le bien commun, pour éviter que ce qu'il a vécu ne se reproduise, dans le fond, ses intentions sont toutes autres : il cherche avant tout à ne pas perdre son statut (de patron riche mais aussi d'homme par rapport à sa famille et à lui-même) et c'est clairement son orgueil qui guide ses pas. Et c'est génial d'avoir fait les choses comme ça, parce que du coup, Cobra Kaï s'affranchit de ses propres codes et nous emmène sur un terrain inattendu.

 

 

LE MOMENT DE VERITE

Chacun des deux personnages est enfermé dans son univers et piégé dans une époque avec laquelle il n'est plus en phase. Il n'y a qu'à voir Johnny coincé dans les années 80, qui regarde des films de l'époque en boucle, n'écoute que du Guns and Roses et applique la ligne de son senseï comme un mantra imbécile qu'il ne comprend même pas.

Mais Cobra Kaï poursuit dans ce choc des générations avec ses adolescents à la ramasse, dans la même situation que Daniel à l'époque, qui essayent de savoir qui ils sont et quelle est leur place tout en subissant la rivalité ancestrale entre les deux héros. Evidemment, les intrigues se mêlent et la situation ne tarde pas à se compliquer. La série utilise beaucoup d'extraits et d'éléments du premier Karate Kid avec beaucoup d'intelligence, bien au-delà du clin d'oeil cynique adressé au fan conquis. Elle en fait un moteur de son histoire et un vecteur idéal aux traumas de ses héros. La série est très drôle, pêchue et extrêmement touchante tout autant qu'intelligente. Du moins dans ses 5 premiers épisodes.

Il y a là un côté pathétique flamboyant, propice à tous les quiproquos, entre deux hommes qui n'ont pas réglé leur passé et qui ne voient la réalité que par le prisme de leur propre vanité. Un rapport paranoïaque vs mélancolique qui fonctionne du tonnerre et qui ne cesse de nous étonner.

Oui, Cobra Kaï est un petit miracle qu'il faut voir absolument. Et on espère que la seconde partie de la saison ne trahira pas ce qui a été installé jusqu'à présent. A suivre...

 

Affiche officielle

Tout savoir sur Cobra Kai

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commentaires
Gold82
04/06/2018 à 12:56

Merci pour cette critique qui m'a poussé à jeter un coup d'oeil à cette série, que je n'aurai sans doute jamais regardé...

Quelle claque !!! Je m'attendais à un navet à la Jean-Claude Van Johnson et c'est tout le contraire. Elle exploite au mieux et au minimum les racines de Karate Kid, et arrive à nous faire passer par toutes les émotions. Une pépite à recommander, même si on n'a jamais vu le film !

Buckaroo Banzai
26/05/2018 à 08:31

Série vraiment sympa qui nous renvoie au premier film.
Drôle, dynamique, pour ma part c'est réussi.
J'attends la suite...
(On peut visionner la totalité sur des sites de streaming en VOSTFR, je crois que c'est légal ?)

Pote
25/05/2018 à 02:39

On peut savoir comment Écran Large a pu visionner cette série LÉGALEMENT ? À moins que l'un des rédacteurs résident aux États-Unis ou dans un autre pays où le service YouTube RED est disponible, ce programme est inédit en France.

Yoda94
21/05/2018 à 20:23

Youtube Red n’est pas disponible en France trop cool

Dutch Schaefer
21/05/2018 à 15:46

Hâte de découvrir cette variation d'une saga qui a bercé ma jeunesse!

Altair
20/05/2018 à 13:52

@Loh

Première ligne de l'article : "Diffusée sur Youtube Red".
De rien

Loh
20/05/2018 à 13:17

Ou peut-on visionner cette série ?
En vf où vost?

REA
20/05/2018 à 11:44

Super série. Elle revisite intelligemment le 1er film tout étant dans sa continuité. Il n'y a pas que les extraits qui sont bien utilisés, mais parfois certaines répliques du 1er.
Y a des ficelles prévisibles sur les rapports entre les persos, les rebondissements, mais c'est acceptable (on regarde pas The Wire ou GOT par exemple).

S01E05 - Réplique déjà culte
"It's not lame ass karate. It's Cobra KaÏ"