Westworld : pourquoi le show de SF robotique de HBO n'est pas encore la grande série espérée

Alexandre Janowiak | 28 juin 2018 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Alexandre Janowiak | 28 juin 2018 - MAJ : 09/03/2021 15:58

La deuxième saison de Westworld s'est terminée il y a quelques jours après un épisode final très efficace. On fait le bilan de la nouvelle série phare de HBO, censée reprendre dignement le flambeau laissé par Game of Thrones dans quelques mois.

ATTENTION SPOILERS.

La saison 1 de Westworld nous avait à la fois épatés, fascinés, troublés, déçus, agacés et frustrés. On espérait donc que cette deuxième saison de la série de Jonathan Nolan et Lisa Joy confirme son immense potentiel tout en réajustant les nombreuses données défaillantes de son système. Malheureusement, force est de constater que la série de HBO n'a pas totalement réglé ses soucis de construction. Bien au contraire, s'il est clair qu'elle a conservé nombre de ses atouts, il est incontestable de dire qu'elle n'a pas balayé ses multiples défauts.

On revient sur quatre points plus ou moins positifs et négatifs de cette deuxième saison.

 

 

LA NARRATION

La construction narrative de Westworld est une des données principales de la série et elle joue, par conséquent, un rôle primordial sur la qualité intrinsèque du show. L'histoire racontée par les scénaristes - qu'il s'agisse des mulitples twists, rebondissements, retournements de situations ou des découvertes et interactions entre les personnages - a été conçue autour d'un puzzle labyrinthique parfaitement pensé et étonamment très bien orchestré.

Cependant, si les scénaristes retrouvent toujours leur chemin, le casse-tête narratif proposé se révèle être plus un geste artistique audacieux que précieux pour la série. En effet, en multipliant les arcs narratifs et en jouant sur plusieurs temporalités, Westworld complexifie inutilement son récit. Dans l'espoir sans doute de lui donner une plus grande valeur ajoutée mais qui finit surtout, au fil des épisodes, plus par déranger qu'impressionner.

Dans ses trois derniers épisodes, la saison 2 a plus ou moins rectifié le tir en alignant l'ensemble des aventures de ses personnages sur une même timeline et dans un même laps de temps. Un choix qui a permis au show de gagner en fluidité et en efficience dans un final riche en informations.

 

PhotoUn labyrinthe narratif pas forcément opportun

 

L'ESTHÉTIQUE

Servi par un parterre de réalisateurs (Vincenzo NataliCraig ZobelTarik Saleh) et réalisatrices (Uta BriesewitzNicole Kassell) de talents, difficile de reprocher quoi que ce soit à Westworld sur le plan technique. La mise en scène de chaque épisode impressionne par son sens du cadrage et son sens du découpage notamment lors des scènes d'action. Les duels de samouraïs dans Shogun World sont particulièrement bien filmés entre autres.

De plus, la série bénéficie d'une photographie magnifique. La mise en lumière des épisodes est sublime et les différents metteurs en scène n'hésitent pas à s'en servir pour magnifier leur séquence ou à en user pour surligner le ressenti des personnages. Une esthétique proche de la perfection notamment grâce à des effets spéciaux optimaux et des décors vertigineux. En effet, si Westworld dispose d'un solide budget (100 millions de dollars pour la première saison), elle sait avant tout en profiter judicieusement, un excellent point.

 

PhotoDes magnifiques paysages et des décors ahurissants 

 

L'IMMORTALITÉ DE L'ESPRIT HUMAIN

Indéniablement, la série de Jonathan Nolan et Lisa Joy aborde des sujets profondément actuels avec l'essor de la puissance des intelligences artificielles... Dans cette nouvelle saison, les showrunners s'attaquent de manière assez logique et dans une continuité somme toute attendue après la fin de la saison 1, au téléchargement de l'esprit. Une technique, encore à un stade hypothétique de nos jours, qui consiste à transférer un esprit humain dans une entité technologique (robot, ordinateur...). Le moyen à terme de rendre l'esprit humain éternel.

Si le sujet est passionnant et que les épisodes de cette saison 2 en usent intelligemment pour jouer sur l'humanité des hommes et des androïdes, la série surfe sur une thématique maintes fois évoquées au cinéma et dans les séries. Ainsi, Westworld ne propose pas grand chose de nouveau aux thèmes abordés. Les légendaires Ghost in the Shell ou Matrix sont déjà passés par là, tout comme Battlestar Galactica ou même Black Mirror dans son sublime épisode San Junipero, dont la poésie marquait bien plus les cerveaux que les mystères robotiques du show d'HBO.

 

Photo Jeffrey WrightJeffrey Wright

 

LES ÉMOTIONS

Enfin, justement, s'il y avait bien un énorme problème au coeur de la saison 1 de Westworld, c'était son incapacité à transmettre de véritables émotions à ses personnages et par conséquent à délivrer une quelconque empathie chez les spectateurs. La saison 2 soigne un peu ce maux en développant plus en profondeur le passé de ses personnages - particulièrement l'Homme en noir (Ed Harris). Elle n'arrive pas pour autant à créer une véritable complicité ou proximité entre les personnages et les spectateurs durant l'ensemble de cette saison.

Finalement, seul l'épisode 8 de cette deuxième saison, parvient à émouvoir et bouleverser par sa délicatesse et sa douceur. Pour la première fois de l’histoire du show, les scénaristes réussissent à instaurer une vraie donnée émotionnelle avec le personnage d'Akecheta (Zahn McClarnon) mais aussi Maeve (Thandie Newton), dont le passé dramatique provoquait plus l'insignifiance que l'intérêt jusque ici.

Un point à régler impérativement lors de la prochaine saison afin d'éviter d'atteindre un point de non-retour entre les téléspectateurs et les protagonistes.

 

Photo Zahn McClarnonLe plus beau personnage de cette saison 2

 

Avec sa deuxième saison, Westworld a sans doute confirmé qu'elle était une des séries les mieux éxecutées du moment grâce à sa mise en scène percutante, sa beauté enivrante et ses partitions ingénieuses signées Rawin Djawadi (officiant déjà sur Game of Thrones). Elle peut en plus s'appuyer sur un casting incroyable, des légendaires Anthony Hopkins et Ed Harris aux étoiles montantes Tessa Thompson et Ben Barnes en passant par les expérimentés Evan Rachel WoodThandie Newton et Jeffrey Wright.

On attendra cependant de la troisième saison qu'elle corrige réellement les problèmes de narrations de la série, cesse de complexifier son récit à mauvais escient tout en proposant une réflexion sur les IA et l'esprit humain plus novatrice. Alors qu'elle est attendue pour 2020, le duo de showrunner Nolan-Joy a donc largement le temps pour rectifier son oeuvre, la rendre plus accessible, plus émouvante et surtout moins casse-tête.

L'intégralité de la saison 2 de Westworld est disponible en replay sur OCS jusqu'au 21 avril.

 

Affiche

Tout savoir sur Westworld

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commentaires
June
06/08/2018 à 11:39

Je suis d'accord avec certains commentaires, le côté "casse-tête" fait partie de ce que j'aime le plus dans cette série ! Je ne remets pas ça sur une volonté de brouiller les pistes, mais sur un jeu complice entre les showrunners et leurs fans. Je ne me suis jamais sentie autant valorisée en tant que spectatrice que devant Westworld.

Roukesh
02/07/2018 à 10:16

Je suis assez d'accord avec l'analyse, surtout pour ce qui est de la complexité des intrigues. Le problème majeur pour la série est sa fanbase. Les fans qui regardent les épisodes image par image pour tout décortiquer, chacune indice sur la suite pour venir le partager sur Reddit.
Les scénaristes se sentent obliger de déjouer les théories, ils l'ont signalé à plusieurs reprises. C'est là qu'est le problème, il complexifie à outrance pour s'assurer un peu de mystère chez leurs leurs fans les plus assidus, mais à force risque de perdre le reste de leur public. Cette saison 2 a réussi à garder tout mon intérêt, et était peut être encore meilleure pour moi, notamment puisque nous disposions de certaines clés de décryptage. Cependant, c'est cette fin de saison qui m'a le plus donné envie, grâce à sa narration simplifiée.

Kaladhel
02/07/2018 à 08:31

Personnellement, de dire que les auteurs parlent de sujet actuel, juste parce que ça parle D'intelligence artificielle, bon, le sujet de la série, c'est genre un thème du top 10 de la SF depuis 30 ans. C'est pas vraiment plus d'actualité que le voyage dans l'espace. Le jeu vidéos Soma a très bien traité cette problématique l'année dernière, et ce n'était déjà qu'une redite de romans plus ancien. Au final, les IA qui vont dans un monde virtuel, ce n'est pas vraiment original. La 2e partie de la série m'a quand même plus intéressée, notamment les moment épiques avec Maeve.

THOMAS
29/06/2018 à 23:10

La complexité de la timeline, je trouve ça interessant. Ca force a reflechir, ce qui est une bonne chose.

Matt
29/06/2018 à 20:51

Le côté casse tête et puzzle me va très très bien.. c était plaisant de remettre tout ça dans l ordre.. pour ma part c est un des atouts de WW..

Abder
29/06/2018 à 20:17

J'ai regarder 4 saisons de GOT et j'ai pas aimé. C'est long et inintéressant. Des histoires d'inceste, de pédophilie, de trahisons et mélangé à de la science fiction et ça blablate pour rien.
Par contre Westworld j'ai aimé, déjà y'a de grand acteurs et la série est belle visuellement et chaque épisode donne à réfléchir.

Peut être que les gens n'aiment pas réfléchir, tout comme presque plus personne lit des bouquins et la télé réalité cartonne ou peut être qu'ils auraient due faire comme GOT qui a une musique de générique qui a était reprise des milliers de fois sur YouTube.