Preacher : la fin de la saison 3 a t-elle trouvé la foi ?

Simon Riaux | 19 septembre 2018 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Simon Riaux | 19 septembre 2018 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Preacher vient d’achever sa troisième et atypique saison. Cette dernière marque-t-elle un nouveau bond qualitatif, ou le démarrage d’un doux ronron.

 

LES DEMONS D'ANGELVILLE

Nous avions quitté la série adaptée de l’œuvre délirante de Garth Ennis à mi-chemin de sa troisième édition, comme toujours coincée entre sa folie douce, son désir d’harnacher le récit à un lieu clairement identifié (Angelville cette année) et les aspirations de chacun de ses héros.

 

photoSacré Satan

 

Le show est toujours aussi attachant, mais semble suivre un parcours inverse à celui des deux années précédentes. On se souvient que jusqu’à présent, Preacher avait plutôt pour habitude de s’ouvrir sur les chapeaux de roues, dans un joyeux bordel, euphorisant mais narrativement vain, avant de retrouver ses petits et de rassembler tout ça en direction d’un final percutant.

Cette année, nous avons assisté au mouvement inverse, tant la conclusion de cette fournée atomise le récit, sépare (thématiquement) nos héros, et aboutit de manière décevante, ou attendue. Un souci qui a peut-être à voir avec une problématique jamais résolue depuis les débuts de l’œuvre, à savoir la distance qu’elle entretient avec le matériau originel.

 

photoAngelville, nouveau décor d'ancrage

 

WALKING COMICS

Car Preacher n'a de cesse de s'appuyer sur les comics quand il faut retomber sur ses pattes (Le Saint des Saints, Satan, Dieu et Tulip) mais s'évertue très fastidieusement à créer ses propres intrigues. Un positionnement qui n'est pas sans rappeler celui de The Walking Dead, et qui fait trop souvent diversion, alors que le spectateur se demande si la narration tourne autour du pot, ou trace son propre sillon. Plus embêtant encore, les transformations apportées à cet univers tendent à affadir le héros joué à la perfection par Dominic Cooper, ce qui est d'autant plus regrettable que son aura de mystère constitue un des principaux intérets de l'oeuvre originelle.  

Ainsi, après un long moment passé à fuir sa grand-mère, une interminable étude vampirico-introspective et une course-poursuite à la recherche d’une valise et d’un ancien dictateur génocidaire revenu sur Terre, à peu près tous les personnages sont arrivés là où nous les attendions. Exception faite d'un ultime choix de Jesse (sur lequel nous reviendrons), les surprises sont infimes, ou teasées depuis trop longtemps pour encore étonner. La faute sans doute, à ce scénario qui ne sait jamais trop jusqu'où aller ni comment se distinguer et s'approprier une série de comics légendaire.

 

photoAllFather, ou le risque du trop plein

 

À la réflexion, on est même à des kilomètres des questions que soulevaient l’épilogue de la saison 2, quand Dominic CooperRuth Negga et Joseph Gilgun gisaient tous trois dans une mare de sang, ahuris et désespérés. Entre l’affrontement annoncé mais guère surprenant avec Herr Starr, dont on sait depuis son apparition qu’il deviendra le grand méchant, les atermoiements identitaires de Cassidy, on peine à distinguer une piste renouvelée, un avenir excitant pour la série.

 

SWEET DEVIL

Et pourtant, Preacher est bien loin d’avoir perdu tout intérêt. D’abord parce que malgré les défauts que la narration se trimballe depuis le pilote, la série demeure un objet télévisuel unique. En mélangeant le southern gothic, cette horreur typique qui s’étend du bayou aux plaines arides du Texas, et le brûlot punk anti-religieux, l’œuvre s’est forgée un caractère à nulle autre pareille.

 

photoRuth Negga, toujours l'atout majeur du casting

 

Plus insolente que provocatrice, la série demeure un tout difficilement comparable à quoi que ce soit, et même dans ses épisodes les moins aboutis, capable d’offrir quelques très grands moments de n’importe quoi. Ainsi la confrontation avec AllFather, qui s’achève dans un feu d’artifice de tripes et un jet de rectum particulièrement cinégénique, est un bonheur régressif bienvenue. De même, Cassidy s’énerve enfin un peu quand il réalise le sort funeste auxquels sont promis ses Enfants du Sang.

D’ailleurs, la seule totale réussite de cette saison tient dans la conclusion de son final, au cours duquel, pour se libérer de l’emprise toxique de sa famille, Jesse Custer voue son âme aux enfers. Un choix intéressant, pas aussi radical ou spectaculaire que son équivalent dans les comics, mais qui augure des intrigues appétissantes. Preacher, malgré sa rageante tendance à ne pas transcender ses faiblesses, est toujours capable de nous balancer d’aussi savoureuses séquences que la confrontation entre Satan et le Saint des Tueurs.

Et ne serait-ce que pour cela, demeure un plaisir, non pas coupable, mais précieux.

 

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commentaires
Fan
22/08/2019 à 18:54

Très bonne critique !

Cuttyflam
20/09/2018 à 22:44

La moins bonne saison je trouve, la première moitié tourne en rond et l'histoire n'avance pas.

captp
20/09/2018 à 07:37

une saison 4 est elle confirmé ?

F4RR4LL
20/09/2018 à 01:39

Aucun mot sur HILTER ? La vraie surprise de la série.

Punisher
19/09/2018 à 19:40

J adore vivement la suite

Jojo
19/09/2018 à 17:09

C'était con mais tellement bon cette saison, vivement la suite !

Stivostine
19/09/2018 à 16:52

Vivement une saison 4 pour la série la plus badass de tous les temps.