Dix Pour Cent : pourquoi la saison 3 est molle et décevante

Alexandre Janowiak | 18 décembre 2018 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Alexandre Janowiak | 18 décembre 2018 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Après sa diffusion sur France 2, la saison 3 de Dix pour cent a débarqué sur Netflix il y a quelques jours. On revient sur les dernières aventures des agents de stars de ASK.

 

 

ON EN ÉTAIT OÙ ?

La deuxième saison de Dix pour cent  ouvrait plusieurs portes pour la nouvelle saison.

Ainsi, Andrea Martel (Camille Cottin) se retrouvait enceinte de son patron Hicham (Assaad Bouab) mais s'apprêtait à rester avec Colette (Ophélia Kolb), sa petite amie. Mais en plus d'un problème personnel conséquent à gérer, elle se voyait proposer un poste à New York. Se posait alors la question de son départ.

De son côté, Mathias Barneville (Thibault de Montalembert) semblait se réconforter avec sa femme Catherine (Philippine Leroy-Beaulieu) au grand dam de son assistante Noémie Leclerc (Laure Calamy). Une page qui se tournait définitivement ? Rien n'était moins sûr...

 

photo, Camille Cottin, Grégory MontelDeux amis en difficulté personnellement et professionnellement

 

Gabriel Sarda (Grégory Montel), lui, se faisait lâcher par sa petite amie Sofia Leprince (Stéfi Celma) à cause de sa crise de jalousie et pour avoir plus ou moins saboté le film de Julien Doré dans lequel elle joue.

Enfin, la jeune Camille Valentini (Fanny Sidney) était en passe de devenir l'assistante personelle de Hicham, le grand patron. A cause de la pression, elle décidait de tout quitter avant d'être appelé par Mathias, son père. Pour finalement rester ? Et si oui, à quel poste ? La saison 3 devait nous donner des réponses.

 

photo, Thibault de MontalembertThibault de Montalembert dans le rôle de Mathias

 

L'AMÉRIQUE, TU VEUX LA VOIR ET BEN TU LA VERRAS PAS

Dès le premier plan du premier épisode, Dix pour cent fait une ingénieuse pirouette sur le destin américain d'Andrea. Ainsi, la Statue de la Liberté apparaît à l'écran, avant que dans un travelling vertical, elle laisse finalement apparaître la ville de Paris et au loin, Andrea et Colette sur le pont de Grenelle.

L'information est simple et concise, l'Amérique aura une large place dans cette troisième saison mais le possible départ d'Andrea vers des horizons lointains n'aura pas lieu. Mieux, cette troisième saison restera avant tout française et parisienne, loin des buildings et taxis jaunes new-yorkais. En moins d'une minute, le cliffhanger final de la saison 2 est expédié et les choses remises aux claires sans plus d'explications.

Un moyen de s'enlever une épine du pied difficilement gérable et de se simplifier la tâche à bien des niveaux. Un tour de passe passe scénaristique très arrangeant (et un peu facile) qui ne sera pas le seul de la saison. Exit, par exemple, les questions sur le destin de Camille au sein de la boîte. La jeune femme est agente et essaiera de faire son trou tout au long de la saison dans un rôle devenu profondément insignifiant alors qu'il était le coeur même (ou presque) de la série dans la saison 1.

 

Photo Nicolas Maury, Thibault de MontalembertLe dernier épisode est le mieux rythmé mais arrive bien tardivement

 

De même, la dépression de Gabriel à cause de sa séparation avec Sofia est rapidement réglée (quasiment dès l'épisode 2), quand seule le dilemme amoureux de Mathias reste au goût du jour tout au long des six épisodes. Un choix scénaristique bien dommageable tant le personnage est plus intéressant dans ses manigances professionnelles (au coeur de la saison) que dans ses retournements de vestes amoureux.

C'est sans doute le problème de Dix pour cent mettre au premier plan ses personnages d'agents aux vies bien peu attrayantes au profit des guests de cette troisième saison. En plus des tourments personnels de l'ensemble de l'équipe, le duo Hervé-Camille est largement mis en avant. Il a beau faire sourire par instant (Nicolas Maury est souvent très drôle), on ne peut qu'être attristé devant le traitement réservé aux grandes stars du cinéma français.

 

Photo Jean DujardinJean Dujardin, terriblement sous utilisé dans un rôle sous-écrit

 

DES ETOILES SANS LUMIÈRE

Avec Gérard Lanvin, Monica Bellucci, Béatrice Dalle, Isabelle Huppert et surtout Jean Dujardin, la série de Fanny Herrero avait de quoi nous offrir quelques grands numéros. Ce n'est malheureusement pas le casGérard Lanvin fait bien pâle figure dans la peau d'un acteur jaloux à l'intrigue bâclée, quand l'acteur oscarisé de The Artist joue un Daniel Day-Lewis du pauvre plus gênant qu'attrayant. Monica Bellucci, elle, amuse agréablement le temps d'un épisode aussitôt vu aussitôt oublié quand Isabelle Huppert excelle (et enchante parfois comme lors de ce passage à France Inter) sans pour autant convaincre véritablement.

Finalement, seule Béatrice Dalle bénéficie d'un rôle aux enjeux réels et actuels. La comédienne joue un personnage attaché à son vrai passé en incarnant une femme traumatisée par les rencontres cinématographiques de sa carrière et les demandes souvent abusives dont elle a fait l'objet. A l'heure (et à l'ère) de MeToo, la série pose la question du harcèlement sexuel et revient sur les excès de producteurs, réalisateurs... envers les femmes, avec délicatesse. A l'instar du personnage de Beatrice Dalle, celui de Sofia Leprince (Stéfi Celma parfaite) doit aussi subir la sexualité agressive d'une partie de son milieu.

 

Photo Béatrice DalleBeatrice Dalle campe sans doute le personnage le plus touchant de la saison

 

Sur ce sujet, Dix pour cent marque de jolis points car la série dépeint la situation simplement et efficacement sans jamais tomber dans un opportunisme malhonnête. C'est le cas lorsqu'elle s'attarde longuement sur l'homoparentalité à travers les personnages lesbiens de Colette et Andrea.

Malheureusement, c'est bien tout ce que l'on pourra retenir de positifs. A l'exception de quelques situations amusantes, d'un final qui dégage les lignes et évite les cliffhangers tape à l'oeil, cette troisième saison de Dix pour cent manque de panache à tous les étages. Les histoires des personnages ennuient profondément, l'absence d'intrigue solide et profonde provoque un manque de rythme flagrant quand la réalisation de Marc Fitoussi ne marque jamais les esprits.

 

Photo Isabelle HuppertIsabelle Huppert excelle mais son rôle ne fonctionne jamais vraiment

 

Avec sa troisième saison, Dix pour cent reste attrayante à qui n'en attend pas grand-chose. Pour les autres, à l'exception d'une jolie dénonciation du harcèlement sexuel à l'ère MeToo et de quelques moments d'autodérision bienvenus (Monica Bellucci ou Joey Starr) difficile de trouver quelque chose à se mettre sous la dent.

On a finalement l'impression que la série ne sait plus quoi dire. Sa showrunneuse, Fanny Herrero, a d'ailleurs décidé de quitter le navire pour la saison 4 et de laisser la main à Vianney Lebasque et Victor Rodenbach, réalisateurs des Grands (série OCS). Le moyen de relancer la série et de lui donner un nouveau souffle ?

La saison 3 est disponible en intégralité sur Netflix en France depuis le 12 décembre. Les saisons 1 et 2 y sont également disponibles.

 

Affiche officielle

Tout savoir sur Dix pour cent

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commentaires
Miles
01/01/2019 à 21:31

Je suis totalement d'un avis opposé a votre article.
Au contraire je trouve que les personnages des agents sont très intéressants et leur développement très réussi, notamment Arlette et Hicham qui brillent dans cette saison.
Les guests sont tous très bien servis, voir mieux que lors des précédentes saisons je trouve (sauf Joeystarr qui avait eu un traitement du tonnerre).

Alyon
18/12/2018 à 15:45

Un épisode en dessous des autres dans cette saison mais globalement plutôt fidèle aux deux premières saisons, avec des personnages principaux quand même attachants. On n'attends pas de cette série un suspens de fou mais rien de désagréable un bon moment de passer.