True Detective : 5 raisons de revoir la saison 2, injustement décriée

Simon Riaux | 16 janvier 2019 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Simon Riaux | 16 janvier 2019 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Descendue en flammes à sa sortie, la saison 2 de True Detective mérite une réévaluation. Voici 5 bonnes raisons de vous pencher dessus.

Alors que la saison 3 entame sa diffusion et bénéficie d’une réception critique largement positive, on se souvient que la série de Nic Pizzolatto revient de loin, tant sa deuxième session fut attaquée, décriée, et perçue comme un point d’arrêt. L’occasion était trop belle de rappeler que si elle n’est pas aussi éclatante ou bien calibrée que la précédente, elle demeure un beau polar noir aux multiples facettes.

ATTENTION MINI-SPOILERS !

 

photo, Colin Farrell Colin Farrell en a gros

 

DES PERSONNAGES VÉNÉNEUX

Après les charismatiques Rust et Marty, le show fait le choix extrêmement ambitieux de se reposer non pas sur deux, mais sur quatre personnages. Une direction qui oblige le récit à une certaine complexité, et à une rigueur narrative renforcée.

Ensemble, ils forment une mosaïque particulièrement sombre. Plutôt que de jouer la complémentarité, Pizzolatto a choisi de les écrire comme des miroirs des uns des autres, autant de gueules cassées qui amplifient les traumas de chacun. Caïd en quête de respectabilité, flic pourri désireux de se racheter, enquêtrice dévorée par la colère, ancien vétéran incapable de sortir du placard et mû par une pulsion de mort envahissante.

Voilà une sacrée galerie de personnages, aussi vénéneux qu’attachants.

 

photo, Rachel McAdamsEt c'est pas non plus la super teuf chez Rachel McAdams

 

UN DÉCOR INÉDIT

Los Angeles a fait les belles heures du film noir et quantité de séries ou longs-métrages ont usé de la Cité des Anges comme décor. Pour autant, il est de vastes espaces rarement immortalisés sur pellicule, à savoir les gigantesques zones industrielles et banlieues qui constituent l’essentiel de ce gigantesque maillage urbain.

Photographié à la perfection, ce décor se déploie à la matière d’une toile d’araignée poisseuse, où le spectateur se retrouve immédiatement englué. Sorte de labyrinthe répétitif et dénué d’issue, ce lieu anonyme et pourtant empreint d’un caractère entêtant est représenté ici avec une force inédite. Et c’est l’écrin parfait d’un récit qui vire progressivement au cauchemar.

 

photo, Vince VaughnChez Vince, ça grince

 

NOIR C’EST NOIR

Si l’investigation de la première saison amenait Matthew McConaughey et Woody Harrelson dans les plus ténébreux recoins de Louisiane, le récit de leur odyssée revêtait une logique plutôt positive et ultimement lumineuse, puisqu’il était question de Rust Cole à une forme d’optimisme et de foi en l’être humain.

Ici, True Detective ose le chemin parfaitement inverse et se risque à un constat désespéré et désespérant. Les fautes et démons des protagonistes les condamnent, ainsi c’est justement la quête du Salut qui perdra la plupart des protagonistes. Le monde de True Detective saison 2 est un cloaque impitoyable, privé de tout espoir d’équilibre. Vouloir s’en affranchir, c’est précipiter sa chute.

Un axiome issu de la tradition du film noir, rarement incarné en série avec autant de foi, de jusqu’au-boutisme et d’honnêteté.

 

photo, Vince VaughnUne tension insidieuse et annonciatrice d'une explosion de violence

 

LE FESTIVAL FARRELL ET VAUGHN

Si Rachel McAdams et Taylor Kitsch ne déméritent jamais dans des rôles assez éloignés de ceux qu’on leur confie le plus souvent. Mais les interprètes qui retiennent le plus l’attention sont Vince Vaughn et Colin Farrell.

Le premier a probablement trouvé là l’épaisseur et la gravité qui lui ont permis d’accéder à des rôles inattendus et marquants, comme dans le récent Section 99 - Quartier de haute sécurité. La destinée de son personnage offre au spectateur le sentiment de redécouvrir le visage du comédien, progressivement ravagé par la tristesse et la haine.

Quant à Colin Farrell, il retrouve la figure du loser intégral qui lui va si bien. Une nouvelle fois, il est fascinant de voir cet artiste, qui paraît si souvent s’affaisser quand Hollywood veut en faire un héros d’action (la panouille Total Recall) et semble touché par la grâce sitôt qu’il incarne un individu pathétique. Son Velcoro est un modèle de tragédie amère.

 

photo, Colin FarrellLe Spleen version Los Angeles

 

LA MUSIQUE AIGUISE LES MŒURS

L’identité sonore de la première saison avait été remarquée, à raison. Cette deuxième saison fait tout aussi bien, en renouvelant totalement l’identité audio de la série. Tout d’abord, on note un mixage sonore et une musique poisseuse qui s’adaptent le plus souvent parfaitement au décor évoqué plus haut. Voilà qui tranche avec le bayou et la Louisiane, avec une certaine réussite.

Mais l’atmosphère si spéciale de cette deuxième saison doit énormément à Lera Lynn. La chanteuse signe plusieurs morceaux présents dans le récit, le plus souvent utilisés dans les séquences de bars, où se retrouvent les personnages de Farrell et Vaughn. De ce jeu intra-diégétique naît une émotion cruellement mélancolique, comme si nous traversions le quatrième mur pour accompagner ces anti-héros au gré d’une nuit sans fin.

 

photo

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commentaires
Sanchez
05/02/2024 à 20:10

Une saison 2 que j’avais eu du mal à finir. Et pourtant elle est assez marquante grâce à certaines scènes et Colin Farell. Mais cette intrigue de mafia immobilière aurait mérité d’être raconté plus clairement sans la noyer dans des dialogues tantôt pompeux tantôt incompréhensible. On nous balance des noms de personnages qu’on a vu 3 secondes comme si on les avait déjà intégré. L’art de complexifier une intrigue pour rien afin de rendre sa série brumeuse et faussement sofistiquée.

Mad_Muse
17/01/2024 à 16:13

On est passé d'un thriller d'enquête sur un sérial killer en plein bayou à un polar néo-noir urbain plus qu'inspiré par les meilleures heures de Friedkin (French Connexion et surtout Live & Die in L.A.).
On est pas du tout sur les mêmes références d'une saison à l'autre ; forcément, le changement n'a pas du plaire à tout le monde (comme d'habitude).
Personnellement, je la trouve aussi bonne que la première saison (au contraire de la troisième qui essaie de singer la première et qui, d'après moi, se vautre).

cool jack
03/12/2023 à 18:10

le casting (hors norme !) survole la qualité usuelle en TV.
la lointaine filiation avec Ellroy est tenue a distance (juste un fil rouge !).
en fait on patauge dans la noirceur avec une L.A subliminale et on adore ça tout simplement.
ces personnages n'ont pas fini de hanter nos mémoires de cinéphiles.
repensez a la scène de correction infligée par Farrell au père du harceleur ou a la scène des dents arrachées a la pince monseigneur.....
cette saison est une pépite car vue l'écho médiatique on est pas prêt d'en voir une autre du même tonneau...
pensez y...........

cool jack
03/12/2023 à 17:56

la saison deux est haut dessus de la saison 1.

X-or
25/01/2023 à 11:55

Le problème est Rachel Mac Adams.
Elle ne colle jamais avec la flic badasse qu'elle est censée incarner.
Pas dans sa manière de jouer, mais physiquement. Elle est beaucoup trop lisse, elle est l'illustration de ce que parfois le personnage s'efface derrière l'actrice.
Vince Vaughn est stupéfiant, Farrel est grand et Kitsch arrive à transpirer la fragilité qui émane de son personnage.

Vento
15/08/2022 à 03:09

Perso, j'ai vraiment apprécié cette deuxième saison, peut-être trop travaillée dans le scénario mais cela arrange bien les profils des quatre personnages principaux très équilibrés dans leur importance et donnent une impression d'ambivalence mais aussi et surtout de forte sensibilité humaine à travers leurs défauts et blessures

Dam29
11/03/2021 à 23:28

C’est vrai que la mise en scène et le sénar sont loupés.
La fusillade de l’épisode 4 est ridicule. Les choix d’action... on se croirait dans les batailles de la saison 7 de Game of thrones.

Je pense que ceux qui aime le réel, l’intrigue romanesque s’y perdront. Ceux qui ne sont pas trop regardant sur la mise en scène seront impressionné par les acteurs qui tirent tout de même leur épingle du jeu.

Phil_Sfo
14/02/2021 à 00:25

Saison 1, the best, saison 2 n'a pas trouvé son public.. et pourtant, très bonne intrigue. La saison 3 comme la saison 1, grands jeux d acteurs avec toutefois une intrigue moins puissante.

Tool eulogy
26/08/2020 à 22:28

J ai adoré et adulé la premiere saison, un nouveau souffle parmi tout ce qui pouvait sortir avant en matière de série.
Une bouffée d oxygène parmi toutes ces séries standards et stéréotypées.
La deuxième fut egalement magnifique et magnifiée, autant par les acteurs, encore une fois la bande son et egalement les images de ce los angeles qui peut rappeler et rappele celui de James ellroy mais a notre époque.
Injustement critiquée et décriée mais il n en reste pas moins une sacrée putain de serie de polar noir, certes a l'histoire convenue et deja vu mais tellement bien sublimée par le réalisateur et les acteurs, une deuxieme saison sombre et salvatrice sur des protagonistes rongés par le mal, et rempli d humanité en quete de rédemption et du bien.

Johnth
04/07/2020 à 02:22

Une vraie merveille. À voir avec le coeur pur, sinon ça n'a aucun intérêt. Vous êtes coupables d'être en défaut, pas la série elle-même.

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