The Good Place : la série satirique offre encore un délire métaphysique drôle et émouvant dans une saison 3 hypra inventive

Alexandre Janowiak | 10 février 2019 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Alexandre Janowiak | 10 février 2019 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Après une saison 1 au rebondissement final inattendu, une saison 2 qui savait se renouveler avec brio, on attendait de pied ferme cette troisième saison de The Good Place. Après quatre mois de diffusion, les douze épisodes qui la composait ont tous été diffusés. On fait donc le bilan des nouvelles aventures de Eleanor, Chidi, Tahani, Jason, Michael et Janet.

ATTENTION QUELQUES SPOILERS !

 

 

ON EN ÉTAIT OÙ ?

 

 

TERRE PROMISE

La saison 1 se terminait avec un superbe twist inattendu qui remettait largement en perspective le déroulement du récit qui avait été proposé jusqu'ici. Et si on pouvait craindre que la saison 2 soit un peu répétitive en rebootant les personnages, il n'en était finalement rien, la série sachant surprendre, relancer son intrigue et surtout ouvrir de nouvelles portes dans son grand final.

En effet, à la fin de la saison 2, la juge Burrito (géniale Maya Rudolph) et Michael (attachant Ted Danson) décidaient de renvoyer Eleanor, Chidi, Jason et Tahani sur Terre. Le moyen de relancer encore une fois le show, de réécrire les personnages, d'essayer de modifier leur destin tragique et d'étudier plus en profondeur la nature humaine.

 

Photo William Jackson Harper"C'est comment The Good Place, Chiidi ?"

 

Et à dire vraie, lors de ses premiers épisodes, cette saison 3 tient toutes ses promesses. Retrouver les personnages sur Terre permet de sortir des sentiers battus, de découvrir de nouvelles facettes du système caché derrière la mort (Jeff, le gardien de la porte vers la Terre fan de grenouille) et d'offrir un certain nombre de gags des plus réjouissants (Jeremy Bearimy).

Dans le même temps, il faut avouer qu'au bout de cinq épisodes, la saison semble en manque d'inspiration. Devant l'avancée mentale des personnages, il y a une vraie baisse du rythme de l'intrigue, un récit bien moins réjouissant et surtout une sensation de surplace. Si cela fait défaut à ce moment de la saison, tout prend finalement sens dans les épisodes suivants.

 

Photo"Bon les amis, il est temps de quitter la Terre pour dynamiter la série, vous me suivez ?"

 

En effet, la série se déroulant sur Terre, elle se calque sur la condition humaine. Contrairement à l'au-delà (Good ou Bad Place), le temps passe terriblement lentement sur Terre, le récit de la vie des personnages est simple et banale. Alors évidemment, face au mur de leur propre condition après avoir appris qu'il ne pourrait plus aller à la "Good Place", nos quatre héros peinent à avancer.

Ces épisodes sur Terre permettent cependant de jolis moments familiaux lorsque chaque personnage retrouve un de ses proches et enterre les affres du passé. En cela, les retrouvailles entre Eleanor (Kristen Bell toujours aussi drôle) et sa mère sont très réussies, mais c'est surtout la réconciliation entre Tahani et sa soeur qui se révèle une des séquences les plus touchantes de cette première partie de saison. Cette première partie offre aussi un super épisode (le septième) consacré au libre arbitre et au déterminisme, dont la réflexion n'a rien à envier à l'éminent Westworld.

 

Photo Kristen Bell, Ted DansonEleanor et Michael, les acteurs majeurs de l'avancée philosophique de la série

 

BACK INTO THE PLACE

Ainsi, cette première partie de saison est loin d'être aussi folle que les deux saisons précédentes. En se déroulant sur Terre, elle s'attache à étudier nombre de sujets dans un monde peu attrayant. Heureusement, la folie caractéristique des deux premières saisons va revenir d'un coup d'un seul pour notre plus grand plaisir, et l'univers totalement perché de l'au-delà va reprendre les rênes tout en continuant ces discussions métaphysiques si riches et solides.

C'est là, encore une fois, la grande force de The Good Place et du scénario pensé par le showrunner Michael Schur. La série n'est jamais là où on pense qu'elle sera et réussit toujours à nous surprendre, intriguer et à se révéler plus riche que jamais.

Qu'elle offre une scène de baston d'anthologie avec Janet en mode Matrix, qu'elle nous embarque dans l'esprit de Janet (D'Arcy Carden est définitivement la meilleure actrice du show) dans l'épisode 9, qu'elle nous transporte dans le fameux Trou Interdimensionnel des Pancakes, que l'on visite le centre de comptabilité, découvre enfin la "Good Place" ou revienne finalement dans la petite ville créée par Michael dans la saison 1, la série est imprévisible, toujours hypra inventive et de ce fait amène à des émotions inattendues.

 

Photo D'Arcy CardenJanet everywhere

 

CHANGE THE WORLD

Une inventivité qui pourrait sembler un peu trop audacieuse à certains moments et qui, parfois, laisse à penser que la série ne sait pas trop où elle va. Pourtant, au fur et à mesure de l'avancée des épisodes où les personnages passent d'univers en univers comme on traverse les pièces d'un musée, The Good Place se montre plus consciente que jamais de son intrigue et de sa direction finale.

Mieux, bien plus qu'une simple série comique un peu perchée, la série conserve un propos d'une grande richesse. Chaque situation présentée par cette troisième saison reflète, en effet, les inquiétudes grandissantes de notre monde actuel. Celui dans lequel vit le spectateur et que la série ne fait finalement que pasticher.

 

PhotoUn système corrompu par son propre fonctionnement

 

Le constat terrible qui démontre que "faire le bien" est devenu très compliqué et que chaque action, en apparence bonne, entraîne nombre de conséquences désastreuses involontaires est une critique d'un système capitaliste auto-destructeur dont les vertus deviennent peu à peu des tares incurables (l'exemple de la tomate, le pauvre Doug Forcett).

L'incompétence, l'ignorance et l'immobilisme des habitants du Bon Endroit à faire bouger les choses rapidement est une critique acerbe des gouvernements actuels et de leur aveuglement (conscient ou non) face à l'effondrement de l'organisme Terre (le réchauffement climatique entre autres). Le service comptabilité, lui, est une représentation évidente de la passivité du peuple, esclave ancré dans le système, persuadé des qualités de ce dernier et incapable de voir les anomalies du processus malade qu'il alimente.

S'il ne faut pas forcément voir dans The Good Place, la description parfaite du monde actuel et le détenteur des véritées absolues, il est impossible de nier sa grande valeur morale et éthique. La série de Michael Schur réussit à proposer un propos affuté, vif et éveillé sur notre organisation actuelle, le tout de manière particulièrement créative et ingénieuse. 

 

PhotoChanger le fonctionnement pour retrouver un bon fonctionnement

 

A l'image de chaque saison précédente, cette troisième saison renouvelle une énième fois une grande partie des acquis de chaque personnage dans son grand final. Les rôles sont modifiés, les relations bouleversées et les nouvelles perspectives relancent encore la série. Toujours aussi comique et imprévisible, émouvante et attachante, The Good Place conserve également sa grande richesse de propos.

Qu'elle parle des relations humaines, de libre arbitre, d'amour ou qu'elle critique avec précision la bureaucratie et le capitalisme, la série de Michael Schur s'avère irrémédiablement, une série percutante et mordante sur la vie et l'état du monde. La saison 4 sera sans doute la dernière, et se place d'ores et déjà en haut de notre liste d'attente.

The Good Place est disponible en intégralité sur Netflix en France.

 

Affiche

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commentaires
Ratatak
10/02/2019 à 23:02

@ Bad Taste : des fois il vaut mieux que ce soit court mais bon plutôt que traîner en longueur pour ne plus rien avoir à dire ( ou délayer l'intrigue éternellement pasqu'on sait que le public va suivre... ex: TWD, qui n'a plus rien à montrer depuis 7 saisons au moins...)

Bad Taste
10/02/2019 à 16:32

Comment ça "La saison 4 sera sans doute la dernière" ???
Mais je ne suis pas du tout d'accord. :-(
Je suis partant pour les suivre encore 4 ou 5 ans, si c'est pour nous proposer des saisons aussi folles et différentes les unes des autres.
C'est triste de se dire que les meilleures séries actuelles sont souvent les plus courtes, ou les plus malmenées.
Là comme ça, je pense à Atlanta (une saison tous les deux ans, c'est une torture), American vandal (annulée après deux saisons parfaites), The Leftovers (3 toutes petites saisons, mais quel voyage !), Halt and Catch Fire (4 saisons, ok, mais The Walking Dead est renouvelée pour une saison 10, le Monde est injuste)...

En tout cas, peu importe si la prochaine saison est la dernière, The Good Place est une série magnifique, qui fait du bien, qui fait cogiter, et qui est immensément drôle.
Bien d'accord avec vous en ce qui concerne D'Arcy Carden, elle est phénoménale dans ce show. :-)