Star Trek : Discovery saison 2 - et si c'était ce qui était arrivé de mieux à la saga depuis longtemps ?

Geoffrey Crété | 22 avril 2019 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Geoffrey Crété | 22 avril 2019 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Bilan de la saison 2 de Star Trek : Discovery, disponible sur Netflix.

Grand retour de la saga de Gene Roddenberry en série, alors que son avenir au cinéma reste flou, Star Trek : Discovery a eu une première saison en demi-teinte, entre un démarrage spectaculaire et une suite globalement bancale, construite avec des ficelles trop familières.

Désormais établie, la série créée par Bryan Fuller et Alex Kurtzman (producteur et scénariste des deux films d'Abrams), menée par Sonequa Martin-Green, avait donc le champ libre pour s'affirmer et se trouver dans sa saison 2, disponible sur Netflix en France.

Y est-elle parvenue ? Oui dans les grandes lignes, avec une conclusion épique et particulièrement intrigante. Notre bilan de la saison 2.

ATTENTION SPOILERS

 

 

VERS L'INFINI ET LE PASSÉ LÀ-BAS

Star Trek III : A la recherche de Spock est le titre du troisième film de la franchise, sorti en 1985. C'est presque le sous-titre de la deuxième saison de Discovery, qui tourne un moment autour de la disparition du célèbre Vulcain, incarné ici par Ethan Peck. Il est a priori la clé de l'intrigue, qui tourne autour de mystérieux signaux apparus à travers la galaxie, tous liés à une mystérieuse entité surnommée l'Ange rouge, dont les apparitions interrogent Starfleet.

La saison 2 a la bonne idée de ne pas s'en contenter, et de rendre cette trajectoire bien plus folle et fantaisiste dans la deuxième moitié. Mais l'omniprésence de Spock illustre parfaitement ce désir, ou cette nécessité, de brosser le Trekkie dans le sens des oreilles pointues. La saison 1 se terminait sur la rencontre avec l'incontournable Enterprise piloté par le capitaine Pike (Anson Mount, impeccable), qui est un personnage central de cette saison 2, où il prend les manettes du Discovery.

 

photo, Sonequa Martin-Green, Ethan PeckUne planète familière...

 

Numéro 1 revient pour quelques apparitions, interprétée par Rebecca Romijn. Et il y a même un épisode entier qui renvoie vers le pilote original et abandonné de Star Trek, La Cage, lui-même recyclé dans un épisode officiel, La Ménagerie. Le "précédemment dans Star Trek" est alors un shoot de nostalgie, avant que Melissa George ne reprenne le rôle de Susan Oliver, et que les aliens à grosse tête de Thalos IV se paient un léger lifting.

Ce serait du pur fan service vide, si toute l'intrigue de cette deuxième saison ne tournait justement pas autour du temps : du passé qui vient hanter les héros, du présent qui est remis en perspective, et du futur à affronter et construire (pour les personnages, et la série elle-même).

 

photo, Anson Mount, Star Trek : DiscoveryPike aux manettes de Discovery

 

LA MACHINE À DÉTRUIRE LE TEMPS

Ce qui commence comme une histoire de pardon et retrouvailles familiales légèrement lourde, devient peu à peu une folle aventure pour sauver la vie sous toutes ses formes, à travers le temps et l'espace, face à une intelligence artificielle extrêmement retors. Terminator et Skynet ne sont pas loin. L'Ange rouge sert justement de fil rouge à toute la saison, comme une solide charpente qui permet à la série d'éviter le plus gros piège : les épisodes indépendants, avec le monstre ou le problème de la semaine, qui se consomment sans passion.

C'était l'un des problèmes de la saison 1, bancale, mais Star Trek : Discovery trouve un cap clair ici. Parce que cet Ange rouge a des motivations qui dépassent pendant un temps la compréhension des héros, il se place tel le grand démiurge et scénariste de l'histoire, dont il tire les ficelles. Michael de retour sur Vulcain, Saru de retour sur sa planète natale (l'un des meilleurs épisodes de la saison 2, qui rappelle encore la richesse de ce personnage), Pike qui recroise Vina, le retour d'abord grossier de Tyler parmi l'équipage du Discovery : tout se retrouve peu à peu connecté à un dessein plus grand.

 

photo, Star Trek : Discovery, Doug JonesSaru reste l'un des personnages les plus réussis

 

Discrètement mais sûrement, les scénaristes parviennent à donner une raison d'être à presque toutes les forces en place. Airiam, cette figure androïde si reconnaissable du Discovery (interprétée par Sara Mitich), prend subitement une dimension humaine et mélancolique dans un épisode héroïque. C'est parfois maladroit et peu fin, comme avec Tilly (Mary Wiseman), ou le couple formé par Stamets (Anthony Rapp) et Culber (Wilson Cruz), mais impossible de ne pas voir l'effort dans cette dynamique de groupe.

En évacuant d'emblée toute lutte de pouvoir entre Pike et les membres du Discovery, en reléguant la romance entre Michael et Tyler au second plan, en réglant vite la tension trop limpide entre Spock et sa sœur, la série se concentre sur le principal : l'aventure, la magie, la lumière de Starfleet et ses membres, prêts à braver tous les dangers pour que l'humanisme rayonne à travers l'obscurité de l'univers.

 

photoUn très beau travail de costume et maquillage sur Airiam

 

FINAL COUNTDOWN

La saison 2 est un gigantesque compte à rebours avant le redémarrage. Le final a alors tout d'un bouquet final, le dernier épisode étant une gigantesque bataille spatiale joliment emballée (d'un hommage à Inception à une scène très belle, où Michael traverse le temps dans un couloir d'étincelles, et qui rappelle un peu le trou noir de Star Trek : Le Film). Elle est d'ailleurs à l'image d'une saison visuellement très réussie, et généreuse.

Le sacrifice de l'amiral (excellente Jayne Brook), l'alliance avec les Klingons, le renfort des Kelpiens, le petit twist sur la véritable place de l'Ange rouge qui boucle la boucle, l'épilogue qui reconnecte à la série originale Star Trek avec Spock aux côtés de Pike : Discovery a de toute évidence tourné une page. Que Michael soit en paix avec son frère Spock, que Saru ait pu renaître en brisant les chaînes illusoires de sa condition de Kelpien, vont dans ce sens. Un vent frais souffle sur le Discovery.

Une décision qui rappelle qu'à l'origine, Bryan Fuller avait en tête une série type anthologie, avec chaque saison centrée sur une nouvelle histoire, un nouvel équipage. La chaîne a préféré lancer une série plus classique, dans la lignée des précédentes, mais ce redémarrage à l'horizon avec la saison 3 rappelle l'intention originale.

 

photo, Ethan PeckSee you on the other side

 

TREK REBORN

La présence de Pike et Spock, et le lien entre ce dernier et Michael Burnham, sont les témoins d'un lien clair entre Star Trek : Discovery et Star Trek la série originale, revendiqué dès le pilote. Et Discovery en souffre depuis le début : l'histoire se déroule environ une décennie avant la série de 1966, ce qui pose des questions de logique interne, au niveau des personnages ou de la technologie. Cette saison 2 alourdit le dossier, avec par exemple un Spock qui expérimente le voyage temporel alors qu'il semble le découvrir dans la série des années 60.

La saison 2 a alors un but : sortir de cette prison, ouvrir une porte de sortie galactique pour que la série prenne son envol et écrive enfin sa propre histoire. La saison se termine ainsi sur les héros qui, pour sauver l'univers et empêcher à jamais Contrôle de récupérer les données tant convoitées, font un bond vers un futur lointain. Direction l'année 3186, celle où la mère de Michael (incarnée par l'excellente Sonja Sohn, bien connue des fans de Sur écoute) était sans cesse ramenée. Soit bien longtemps après Star Trek : Nemesis, ou encore la série sur Jean-Luc Picard, actuellement développée.

 

photo, Star Trek : Discovery, Ethan PeckBye bye Spock

 

C'est une grosse ficelle pour régler les problèmes de cohérence (Spock et les autres restés au 23ème siècle promettent de ne jamais reparler de ce qui s'est passé, histoire d'expliquer pourquoi cette sœur n'a jamais été mentionnée). Et c'est un gigantesque point d'interrogation, quasiment un redémarrage de la série, et un grand pas pour Star Trek qui saute vers le 32ème siècle - véritablement la "final frontier", rapidement évoquée dans l'épisode Calypso de la série dérivée de Discovery, Star Trek : Short Trek.

L'Ange rouge était donc l'outil ultime des scénaristes pour s'émanciper, et avoir le champ libre pour étendre et s'approprier l'univers si aimé et protégé de Gene Roddenberry. Le chemin aura parfois été maladroit (le retour de Culber était dispensable et aura été très peu traité, le joker des crystaux temporels légèrement grossier), mais globalement spectaculaire et palpitant.

 

photo, Sonequa Martin-GreenPrête à bondir vers l'inconnu, le vrai

 

Alors que les récents films Star Trek ont emprunté des chemins très familiers, notamment dans un Star Trek Into Darkness largement inspiré de Star Trek II : La Colère de Khan, Discovery saute donc dans l'inconnu, à ses risques et périls.Alex Kurtzman (qui a également travaillé sur les films de J.J. Abrams) l'a confirmé, l'histoire se déroulera maintenant 950 dans ce futur.

Et c'est certainement la plus belle chose que pouvait faire une énième déclinaison de la franchise, par nature tournée vers l'inconnu. Surtout avec un titre comme Discovery.

 

Star Trek : Discovery saison 2, à retrouver sur Netflix.

 

photo, Star Trek : Discovery saison 2, Star Trek : Discovery saison 2

photo, Star Trek : Discovery

 

Tout savoir sur Star Trek : Discovery

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commentaires
seb47550
15/10/2020 à 15:29

Génial vivement la saison 3 demain

CHFAB
04/05/2019 à 13:13

Comment a-t-on pu confier des personnages principaux (Burham -pourquoi lui donner un prénom masculin?-, Tyler, Saru, Sarek, Spock) à des acteurs aussi nuls...? Peut être aussi parce qu'ils n'ont aucune épaisseur... Que leur arc narratif n'a aucun intérêt... Même Michelle Yeoh jour comme un pied, plus occupée à prononcer l'anglais correctement qu'à jouer quelque chose. Ce qui fonctionnait avant tout, dans Star Trek, c'est son scénario, sa littérature, ses dialogues, ses interrogations, son fond philosophique, anthropologique, son questionnement culturel, sociologique, bref, tout ce qui fait la spécificité et la profondeur d'une oeuvre d'"anticipation et de science-fiction... Là, depuis JJ Abrahms, il n'y a plus rien; personnages creux, direction artistique molle, scénarios vides, tout juste le prétexte de la manipulation du temps histoire de justifier n'importe quoi... La saison 1 était lamentable, la deux tout autant... La trois n'ofrrira rien de plus, tant qu'Alex Kurtzman sera aux commandes. Ce type n'a rien compris à Star Trek, et n'a rien à comprendre tout court, visiblement...

Lecteur depuis l’origine
28/04/2019 à 23:32

Mauvaise série car incohérente déjà avec elle même.
Une intrigue faite d’emprunt à droite et à gauche.
Une saison de retcon. Pourquoi pas mais on n’y gagne en définitive rien.
Le Burnham centré est ridicule et lourd.
En tant que série Trek, c’est très mauvais car changeant des fondements importants et qui était essentiels pour Star Trek. Pour nous fourguer de la fantasy.
Et en définitive, aucun véritable propos.
Quand aux moyens pour tenter de en recoller un canon détruit en mille morceaux, ils sont de beaux ratages car Star Trek n’est pas un univers de fantasy simpliste.

Vu l’incompentence de ces gens, et leur communication, aller au 32ieme siècle n’est pas synonyme d’espoir.

Une saison 2 qui était prévisible, qui le fut durant tout son déroulement.
Ruiner une saga, c’est toujours des moments tristes.

Danny
27/04/2019 à 17:33

Je suis une amatrice de science-fiction et de Star Trek de longue date. Imaginez, j'écoutais Star Trek, la toute première télé série d'où est tout parti avec Leonard Nimoy dans le rôle de Spock !

Je n'avais pas eu autant de plaisir à écouter une série ou un film dérivé de la télésérie initiale depuis longtemps. Et c'est encore mieux depuis l'arrivée de ce Spock. Bien que je sois une femme et une féministe, qui plus est, je ne suis pas fasciné par Michael. Je ne lui trouve rien de bien transcendant.

Mais je vais donner une chance à Star Trek Discovery en écoutant la saison 3.

GalopaWXY
27/04/2019 à 09:41

Perso je suis juste ravie d'être enfin débarrassés de Tyler. C'est un perso bancal, qui n'a plus aucune raison d'être passé la saison 1, qui en plus est très mal interprété (déso l'acteur, c'est pas ton meilleur rôle du tout), et qui est d'une envergure tellement moindre que Michael qu'on se demande d'où il se met avec en dents de scie. WTF. J'aurais carrément trouvé plus cohérent qu'elle finisse avec Saru ou Tilly, ou encore qu'elle fasse partie des héroïnes inaccessibles comme Yoko Tsuno par exemple.

Okerampa
27/04/2019 à 01:04

Assez d'accord à chaud au sortir du final de la saison 2.
Sauf pour la remarque sur le côté soit disant "épisodique" de la saison 1.
Justement, la saison 1 n'est pas du tout épisodique, et c'est peut être ce qui manque aussi : cet effet "problème du jour" est aussi l'essence de Star Trek, c'est à dire des questionnement philosophiques qui sont développés en un épisode.
Là, on a un gros truc sur le voyage temporel, qui est sympa et qui manquait à la saison 1.
Alors non, aucune des deux saisons ne propose de vrai contenu épisodique (à part une ou deux tentatives dans la saison 1 avec Mudd par exemple).

MIKEY LINTHER
24/04/2019 à 03:37

Arrêtez vos délires!!! Moi j'adore et Star Trek et The Orville, à tel point que j'ai sauvegardé tous les épisodes...Jusqu'à présent, je ne suis pas déçu...

Flemmard
24/04/2019 à 00:21

Donc je me suis maté deux saisons pour rien, la série commençant réellement à la saison 3. Mais je crois que ce retard à l'allumage est une malédiction qui a touché pas mal de séries Star Trek (dont l'originale elle même mais pas d' un tel niveau).
C'est bizarre, j'ai l'impression que ce qui a sauvé cette série (et mon intérêt) ce sont ses passerelles avec la série "mère" mais en même temps, et vous l'expliquez dans votre article, ça a été aussi un frein. Alors j'espère que ce nouveau départ corrigera les défauts de ce Discovery parce que là ça a été souvent difficile. J'attends de voir ce qu'ils vont faire en 3400 et quelque chose :)

Difah69
23/04/2019 à 16:14

Decu par discovery très beau visuellement mais niveau cohérence et réalisme a revoir
mais Michael je peut pas j ai vraiment du mal

Difah69
23/04/2019 à 16:08

Nombre 6 pour te rassurer je confirme que la série commence vraiment au milieu de la saison 2 et a partir de la saison 3 ça devient addictifs étant moi-même fan de star trek je mets entreprise en 2ème position après ds9

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