American Gods : notre bilan d'une saison 2 entre rêve et cauchemar

Christophe Foltzer | 11 mai 2019 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Christophe Foltzer | 11 mai 2019 - MAJ : 09/03/2021 15:58

En 2017, la série American Gods est arrivée sur le réseau Starz, et en France sur Amazon, et c'était quelque chose. Adaptée du génial roman de Neil Gaiman, elle avait réussi à en capturer l'essence tout en trouvant son propre ton, son propre univers. Inutile de dire que la saison 2 était attendue avec la plus grande des impatiences par les fans.

ATTENTION SPOILERS !

 

photo American GodsVoyageur a besoin de vous

 

UNE COUILLE DANS LE POTAGE

C'est un petit point historique indispensable avant d'aborder la suite, la saison 2 d'American Gods ne démarrait pas sous les meilleures auspices. Pour tout dire, c'était carrément un gros bordel en coulisses. Alors que la saison 2 est d'ores et déjà annoncée pour 2018, le 29 novembre 2017 les deux showrunners de la série, Bryan Fuller et Michael Green, quittent le navire, laissant tout le monde dans l'embarras.

Seule la moitié des scripts de la saison a été écrite et il n'y a pour ainsi dire personne pour les remplacer. La production décide donc de faire appel à Jesse Alexander, producteur exécutif d'Hannibal, pour reprendre le projet en main dès février 2018. On aurait pu croire que cette arrivée allait arranger la situation, c'est pourtant l'inverse qui se produit. Sept mois plus tard, Alexander est viré alors qu'une partie des épisodes a déjà été tournée, que l'équipe accuse six semaines de retard sur le planning prévu et que cela commence à coûter un peu cher ces histoires.

 

photoUne saison 2 accouchée dans la douleur

 

Le problème s'est cristallisé autour du scénario du season-finale, la production étant particulièrement mécontente du ton adopté par Alexander, jugé trop éloigné de l'esprit de la série. Pour ne rien arranger, les acteurs sont, eux aussi, mécontents de l'histoire et n'hésitent pas à improviser leurs dialogues sur le tournage pour limiter la casse.

Pour sauver les meubles, pas d'autre choix que de fonctionner à l'économie : les épisodes sont réduits et passent de 10 à 8, il faut retourner des scènes en urgence et, alors que la production est en pause, il est décidé de ne pas remplacer Jesse Alexander. Ce seront finalement deux directeurs de production, Chris Byrne et Lisa Kussner, qui assureront le poste de showrunner en catastrophe et, par miracle, la saison parviendra à être bouclée avant sa diffusion.

 

photo, Ricky Whittle, Ian McShaneVoyageur et Shadow Moon, des rapports compliqués

 

VOYAGE, VOYAGE

Avec un tel background problématique, on aurait pu croire que la saison 2 était menacée de s'effondrer sous son propre poids et de ne pas suivre la route royale que lui avait tracée la première saison. Maintenant qu'elle est terminée, c'est un véritable soulagement de constater qu'elle ne semble pas en avoir pâti plus que ça même si, évidemment, tout n'est pas rose dans le monde d'American Gods.

La saison 2 commence là où s'achevait la précédente : Voyageur (ou Mercredi, ou Wotan, ou Grimnir, au choix) rassemble ses troupes pour mener la guerre aux Nouveaux Dieux. Au milieu de tout ça, Shadow Moon n'est toujours pas plus avancé. Chauffeur de Voyageur, il sent que son patron attend quelque chose de lui mais qu'il ne le lui révèle pas.

Il cherche donc toujours sa place dans ce chaos divin et il doit encore gérer les retrouvailles avec sa femme décédée, Laura, ressuscitée par la pièce porte-bonheur de Sweeney, un Leprechaun, qu'elle a en elle. Bref, l'heure est grave, d'autant que les ouailles de son ennemi, Monsieur Monde, commencent à passer à l'offensive.

 

photo, Bruce LangleyLe Réseau en a gros dans cette saison

 

Résumer une série comme American Gods est toujours une épreuve, tant elle se refuse à une narration logique et classique. L'une des grandes forces du show a toujours été de mettre en avant son versant atmosphérique et symbolique tout en se permettant de grosses déviations narratives et c'est encore plus vrai dans le cas de cette saison 2.

Pour ainsi dire, il ne se passe pas grand-chose du point de vue de l'histoire générale durant ces 8 épisodes puisque nos personnages ne font que se croiser avant de se retrouver à Cairo chez le thanatopracteur Ibis, incarnation du dieu Thot. Il y est bien question de la trahison de Bilquis, la Reine de Saba, qui flippe de ne plus avoir de fidèles, ce qui entraine la mort dramatique de Zorya dans l'assaut d'un dinner.

D'un autre côté, nous assistons à l'initiation de Shadow Moon (Ricky Whittle) au monde des dieux, de son importance grandissante dans la guerre à venir et du secret de ses origines enfin révélé. Enfin, il faut aussi parler du périple de Laura Moon (Emily Browning) pour retrouver la vie, accompagnée de Sweeney, avec un petit détour chez le Baron Samedi qui lui fait comprendre qu'elle se trompe peut-être d'objectif. Sans parler des machinations des Nouveaux Dieux pour déclencher une guerre dont la victoire leur est assurée.

 

photo American GodsUn conseil des Dieux qui va vous halluciner

 

PLUS LOIN QUE LA NUIT ET LE JOUR

On le voit, il y a quand même des noeuds dramatiques importants à gérer et capitaux pour la suite de l'intrigue mais pourtant, la saison 2 d'American Gods poursuit un autre but, beaucoup plus intéressant et au coeur-même de son existence.

En effet, le fond du roman de Neil Gaiman, et de la série télé, est de proposer une lecture de notre époque et du rapport entre les croyances et les avancées technologiques et pragmatiques du monde moderne. Ou comment l'humain déplace sa foi dans les outils de communication et le capitalisme, au détriment de concepts spirituels plus archaïques et ésotériques ?

Et c'est tout l'intérêt d'American Gods, de ne parler que de vieux dieux qui flippent parce que les temps ont changé, les paradigmes aussi et que cela met à mal leur existence et leur survie. On y parle du rêve américain, de la course à la performance, du repli sur soi et de la perte de spiritualité dans l'humanité moderne. Ce faisant, les Etats-Unis sont le cadre parfait pour une telle histoire, terre d'immigration et de colonisation multi-culturelle par excellence.

 

photo American GodsMonsieur Monde, insupportable

 

Ce qui nous vaut une saison 2 essentiellement consacrée à l'étude de ses personnages. Ainsi, nous nous retrouvons avec des épisodes entiers sur la jeunesse de Shadow Moon, sur l'histoire tragique de Thor, fils de Voyageur, qui souhaite filer le parfait amour avec Columbia en Californie alors qu'ils travaillent pour le cabaret que dirige le personnage de Ian McShane.

Mais le voilà repéré par les Nazis, qui lui promettent gloire et adoration et sa fierté divine et son besoin de fidèles le mènent à sa perte. Citons encore ce passage, véritable initiation historique de Shadow Moon, consacré au passé de la ville de Cairo, avec son racisme, son lynchage et la malédiction qui en découle.

 

photo American GodsNew Media et son mode kikou-lol bien pervers

 

TONNERRE DE DIEU

De ce strict point de vue, cette saison 2 excelle sur tous les plans. Les métaphores sont subtiles et le propos passionnant et admirablement bien amené. Il y a clairement matière à réflexion sur le fondement même de notre civilisation occidentale. Les Anciens Dieux, reconvertis dans la vie courante pour atteindre davantage de fidèles, nous apparaissent comme des êtres imparfaits, des réfugiés de leur propre gloire qui cherchent par tous les moyens de rester en vie et de gagner de nouveaux fidèles.

C'est bien le personnage de Voyageur (Ian McShane) qui s'octroie la meilleure part de la série et impose son statut de leader plus craint qu'admiré. En gros, il a des dossiers sur tous ses alliés, ils lui doivent tous quelque chose et c'est ainsi qu'il s'assure leur présence à ses côtés. C'est un véritable plaisir de le voir jouer sur tous les tableaux en même temps, de dévoiler un plan machiavélique au possible tout en semant un gros trouble via son rapport avec Shadow Moon.

 

photo, Ricky WhittleShadow Moon en voit de belles dans la saison 2

 

En effet, l'humain ayant trouvé une forme de foi en Voyageur au terme de la saison précédente, il se voit ici constamment questionné sur la validité de cette révélation. Comme le dit si bien un des personnages, son camp n'est pas forcément celui des gentils. Et c'est ce qui fait la force de la série, cette capacité incroyable de présenter l'humain comme un instrument de forces qui le dépassent et qui, par automatisme moral et culturel, s'oblige immédiatement à catégoriser les camps en présence, et à son avantage.

Qu'il s'agisse des Nouveaux Dieux ou des Anciens, rien ne dit qu'il y ait un "bon" ou un "mauvais" camp. American Gods nous pose avec brio la question fondamentale de notre rapport à la croyance, d'une manière très Nietzschéenne au fond, avec ses êtres clairement au-delà du Bien et du Mal, ne roulant que pour leur survie. A l'humain de déterminer si oui ou non, il y a bien deux camps et à quelle idéologie il préfère adhérer, pas forcément par conviction, mais dans l'idée de choisir la moins pire. Passionnant.

 

photo, Orlando JonesDes Dieux qui roulent uniquement pour eux

 

FIBRE OPTIQUE

De tous les arcs proposés, c'est bien celui de Laura Moon et Sweeney qui retient plus l'attention. Parce que c'est celui qui nous offre peut-être un parcours plus classique et plus solide que les autres. Il est moins éparpillé et vaporeux, c'est une certitude. On serait tenté de dire que leurs péripéties sont clairement au-dessus du reste et que ce sont eux les véritables héros de cette saison 2. Surtout Sweeney d'ailleurs, magistralement interprété par Pablo Schreiber, qui, de gros bourrin stupide dans la saison 1, devient ici une figure tragique extrêmement puissante qui risque d'en émouvoir plus d'un.

Les Nouveaux Dieux ne sont pas en reste non plus. Si Crispin Glover risque d'agacer dans le rôle de Monsieur Monde, l'arrivée de New Media (qui remplace Gillian Anderson) apporte un peu de folie et de "légèreté tragique" à cet univers technologique sombre. Dans le même ordre d'idée, Technical Boy (en gros le réseau) connait un développement inattendu qui pose des pistes passionnantes pour la suite. Mais si leur présence n'est que sporadique, leur ombre plane sur la saison entière et constitue une réelle menace pour nos "héros".

 

photoEt toujours, des instants de magie pure

 

Malgré un budget serré et un nombre d'épisodes revu à la baisse, American Gods nous réserve encore des moments de fantasmagorie envoûtants et de haute volée. Qu'il s'agisse du conseil des dieux dans le pilote, grand instant psychédélique que ne renierait pas Jan Kounen, le centre de communication d'Argos et les épreuves pour y parvenir ou encore la présence d'Yggdrasil, l'arbre de vie et les origines de Sweeney, la série nous perd volontairement. Le moyen de mettre à mal notre esprit cartésien et nous faire ressentir son propos plutôt que le comprendre.

Artistiquement, c'est magnifique, péchu, inspiré et innovant et on se retrouve face à quelques tableaux jamais vus auparavant sur un écran de télévision. La saison n'a pas atténué son aspect contemplatif, lancinant, bercée constamment par une nappe sonore envoûtante et c'est bien cet aspect qui en fait son identité, sa valeur et sa place à part dans la production actuelle.

 

photo American GodsLaura Moon et Sweeney, les vrais héros de cette saison 2 ?

 

LE BILAN

Que dire alors de cette saison 2 ? Est-elle meilleure que la précédente ? Non, pas du tout. Pire alors ? Non plus, désolé. Elle est un morceau de télévision à part, symbolique, métaphorique, hypnotisant qui risque de diviser les spectateurs. Ceux qui sont entrés dans le délire dès le départ seront aux anges. Ceux qui y sont restés hermétiques conserveront leur position tant American Gods se révèle exigeante avec son public et ne lui fait aucun cadeau.

 

photo American GodsGrimnir se prépare à la guerre

 

La série fait partie de ces oeuvres qui requièrent que l'on accepte de s'y perdre, de ne pas tout comprendre et de se laisser flotter d'un épisode à l'autre en perdant de vue l'histoire globale. Si, avec un peu de distance, on regrette que le scénario n'ait pas avancé tant que ça, du point de vue de l'expérience nous sommes totalement conquis.

American Gods nous entraine dans un monde étrange aux enjeux qui nous dépassent tout en nous permettant de réfléchir sur nous-même et notre rapport à la croyance et au monde qui nous entoure. Avec toujours ces mêmes questions : qui sommes-nous ? Que voulons-nous ? Avons-nous vraiment le choix de nos actions ? Vaste débat.

Nous aurons largement le temps d'aller plus avant dans ces réflexions puisque, et c'est une excellente nouvelle, la série a été renouvelée pour une saison 3. Vivement quoi !

 

photo, American Gods

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commentaires
Athanason
21/04/2022 à 01:18

Pas encore terminé la saison 2, et je vais la terminer. Mais j'ai violemment ressenti que les épisodes manquent de cohérence entre eux, ou du moins d'homogénéité stylistique et narrative. Clairement, la trame initiale de Neil Gaiman est délaissée à la faveur d'un (sur?)investissement de la psychologie des personnages, ce qui pose question dans un récit qui jusqu'alors était proto-mythique. Disparition quasi totale des "once upon a time", scènes sexuelles qui sortent de nulle part avec à peu près même pas de prétexte, exagération de la mise en valeur des corps (plastique, notamment avec la musculature, certes stupéfiante, de l'acteur jouant Shadow Moon lors des scènes de torture-fouille par Mr. Town (qui disparaît d'ailleurs sans aucune justification))... On ne sait plus trop où va Wednesday ni pourquoi, ni même son adversaire, et ça vire au combat d'egos alors que c'était un brin plus subtile dans le livre (et dans la saison 1), qui revêtait une dimension mythique, au sens quasi-philosophique du terme. J'ai découvert avec votre article les conditions de formation (production et scénario) de la saison 2 et ça m'explique complètement son côté raté, et parfois même médiocre, qui repose essentiellement sur les qualités posées dans le roman et dans la saison 1. Donc j'attends de voir.

djenemsi
12/08/2019 à 21:28

Euh depuis quand des leprechaun ????, des reines, des djinns, ou autre personnage du folklore sont des dieux. C’est american folklors qu’elle devait s'appeler la série et non américan gods. Nan parce que on nous bassine de guerre entre dieu et en fait on nous raconte la vie de ses personnages de diffèrent folklores.
Oui la série nous pose cette question sur quoi ou qui on a foi aujourd’hui. Quel rapport nous avons avec nos dieux ou notre vénération à l’information. Mais au final on n’est pas plus avancé dans l’histoire. Mise à part nous faire des flash-back ou d’introduire des personnages qui ne servent en rien à l’histoire. On veux saluer le génie de la série mais au fait ils ne savent pas trop ou aller. S’ils comptent aller au-delàs de 3 saisons ça sera difficile de tenir la série avec le seul thème de guerre entre ancien et nouveau dieu. Parce que si on doit attendre la saison 5 pour voir la guerre ça sera long, très long.

Zoom
13/05/2019 à 23:04

La série n'a jamais été diffusée sur OCS, mais sur Amazon Prime Vidéo puis sur canal + série, studio canal a édité la saison 1 en blu-ray et DVD en France.

falkito
12/05/2019 à 15:23

Pour un gars de l'image comme moi, c'est une extase. Rarement on a atteint un tel niveau de beauté photographique. L'histoire ? Comme pour un tableau, faut la chercher si on la veut.

Blason
11/05/2019 à 17:01

J'ai vu une série qui ne savait pas ou elle allait et qui tournait en rond, par contre l'histoire entre Laura Moon et Sweeney est ce qui y avait de plus intéressant., et méritait plus de temps que tout le reste.

A
11/05/2019 à 14:36

Personnellement je l'ai trouvé mieux que la première saison. Moins de longueur.pour moi c'est la 2em partie de la saison 1 et non une 2 em saison.vivement la 3em!

Geoffrey Crété - Rédaction
11/05/2019 à 13:28

@Chris11

La question est vaste, intéressante, mais vous devez oublier pas mal de nos critiques pour grandement simplifier notre position (qui, pour rappel, est là aussi une grande question : on a des sensibilités différentes dans la rédaction, et on est presque toujours partagés).

On a très souvent défendu avec enthousiasme des films considérés comme de purs produits de fun. Fast & Furious, Aquaman, Alita : Battle Angel, Thor : Ragnarok, Jurassic World 2, Nicky Larson, Mortal Engines, Simetierre... des films qu'on trouve plein de défauts parfois, mais très cool. Dans les séries, on a crié notre amour pour Ash vs Evil Dead, Future Man, Veep, autrement dit de pures comédies. Rien qu'hier, on a dit qu'on trouvait The Wandering Earth très sympathique, et ça nous a valu plein de réactions énervées. Car on serait trop gentils et bon public...

Par ailleurs, on a souvent descendu des films étiquetés cool et différents, ou qui étaient souvent défendus ailleurs pour leur message, leur valeur symbolique. L'Empereur de Paris, Paris est à nous, Vice, Polar, Les Invisibles, Les Filles du soleil...

Prétendre qu'on descend par principe un type de production mainstream... c'est oublier qu'on aime beaucoup de blockbusters, à peu près tous les mois. Et que le "fun" est plus ou moins pertinent selon ce dont on parle. Selon le sens du vent et l'actu, on nous accuse d'être trop gentils, trop méchants, trop pro-blockbuster, trop pro-film d'auteur... Pour chaque argument, chacun pourra sûrement aligner quelques "preuves". Mais la vision globale du site indique à quel point c'est simpliste.

Que vous vous ennuyiez devant American Gods et qu'on en dise du bien ne signifie pas qu'on défend par principe une série qui serait audacieuse. Cela signifie peut-être simplement qu'on a un rapport différent à l'univers, à la mythologie, qu'on a plus accroché et que donc, les qualités surmontent les défauts. Simple divergence d'opinion, comme vous dîtes en conclusion :)

cobrakaï
11/05/2019 à 13:01

Comme Chris11.

J'ai lâché à l'épisode 6. Ca n'avance vraiment pas.

joelius
11/05/2019 à 11:57

Bon article, je suis du même avis, les acteurs sont impeccables, l'histoire bien barrée et à ce niveau je la trouve plus maitrisée que la première. Curieux de découvrir la suite.

Stivostine
11/05/2019 à 11:53

Un peu du même avis que Chris11, j’espère que la saison 3 va rectifier le tir

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