Watchmen : toutes les références et clins d’œil cachés au comics dans la série HBO

Arnold Petit | 22 octobre 2019 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Arnold Petit | 22 octobre 2019 - MAJ : 09/03/2021 15:58

La série de Damon Lindelof n’est pas une adaptation de l’œuvre d’Alan Moore et de Dave Gibbons, mais elle lui rend hommage à travers différents clins d’œil. Suivez le guide.

Watchmen pourrait plus être considérée comme une suite du roman graphique dont elle tire son nom que d’une adaptation. La série de HBO, créée par Damon Lindelof, se déroule bien dans le même monde uchronique que le comics culte d’Alan Moore et de Dave Gibbons, toujours aux États-Unis, mais 34 ans plus tard. Au revoir New York et bonjour Tulsa, où l’on suit désormais des personnages bien différents du Hibou ou du Spectre Soyeux dans un monde façonné par les actions de personnalités comme Ozymandias ou le Dr Manhattan.

Néanmoins, si Watchmen ne dispose pas de l’univers le plus étendu de l’histoire des super-héros, la série réussit quand même à disséminer tout un tas de références et de clins d’œil à l’œuvre publiée en 1987. Certains sont plus repérables que d’autres, mais vu qu’on est sympa, on va les répertorier épisode par épisode rien que pour vous.

ATTENTION, SPOILERS DU COMICS ET DE LA SÉRIE (et un peu le film) !

 

photo« Bah dis donc… tu ne viens plus aux soirées ? »

 

EPISODE 1 - It's Summer and We're Running Out of Ice

- L'une des références les plus flagrantes au roman graphique d'Alan Moore et Dave Gibbons est sans doute celle faite à Rorschach, l'un des personnages les plus controversés de Watchmen : un misogyne, homophobe et raciste qui cachait son visage derrière un masque aussi noir et blanc que sa vision manichéenne du monde. À la fin du livre, Rorschach envoie son journal à la rédaction du New Frontiersman, un journal conservateur d’extrême-droite qu’il lit tous les jours avant d'être tué par le Dr Manhattan.

S’ils n’ont peut-être jamais été publiés, dans la série de Damon Lindelof, ses écrits servent visiblement de manifeste à la Septième Cavalerie, un groupe de suprémacistes blancs qui portent un masque similaire à celui du justicier lorsqu'ils commettent des attentats. Les membres de ce groupuscule vont même jusqu'à déformer les mots de Rorschach. Dans les premières pages de Watchmen, il note dans son journal que « toutes les putes et les politiciens lèveront la tête » en demandant d’être sauvés et que d'en haut, il regardera et murmurera, « non ». Des mots repris quasiment à l'identique dans la vidéo envoyée à la police de Tulsa.

 

photoGrosse soirée en perspective

 

- Dans la scène qui nous transporte dans ce qui semble être le présent, on peut voir que le conducteur conduit une voiture électrique, avec un indicateur du niveau de batterie sur son tableau de bord. Un moyen de transport devenu monnaie courante dès 1985 dans le comics d'Alan Moore et Dave Gibbons, en partie grâce aux avancées technologiques apportées par le Dr Manhattan et Adrian Veidt. Déjà dans les années 60, lorsqu'Hollis Mason lui raconte qu'il veut prendre sa retraite et ouvrir un garage, le super-héros lui explique que les moteurs à combustion vont disparaître.

 

photoDes espoirs rapidement anéantis

 

- La série nous donne justement des nouvelles du Dr Manhattan à travers une brève apparition dans un journal télévisé de CNN. Le scientifique, qui a obtenu ses pouvoirs après un accident radioactif, se désintéresse de l'humanité à la fin du comics d'Alan Moore et Dave Gibbons et choisit de quitter la Terre pour une galaxie « moins compliquée ».

Lorsque le chef Crawford (Don Johnson) rend visite à la femme de Sutton (Zsané Jhé) pour l'informer de la fusillade, on peut voir le Dr Manhattan en direct de Mars, en train de détruire un château. Un clin d’œil au moment où, dans le livre, Spectre Soyeux détruit la structure en verre du super-héros pendant leur conversation sur la planète rouge lorsqu'elle essaie de le faire revenir sur Terre pour empêcher une guerre nucléaire.

 

photo, Watchmen Saison 1Pas de soirée prévue sur Mars apparemment

 

- Aussi bien dans le roman graphique d'Alan Moore et Dave Gibbons que dans la série de HBO, la temporalité n'est pas la même et les États-Unis ont connu quelques bouleversements politiques. Dans la salle de classe où Angela Abar (Regina King) fait une intervention pour parler de son métier, on peut voir une affiche des « quatre présidents importants » américains : George Washington, Abraham Lincoln, Richard Nixon (qui dans l'univers de Watchmen a évité le scandale du Watergate, a servi durant plusieurs mandats et a même le droit à son visage sur le Mont Rushmore désormais) ainsi que l'actuel président, Robert Redford.

La candidature de l'acteur à la Maison-Blanche était un élément disséminé à la fin de Watchmen, en le présentant comme un éventuel adversaire pour Nixon lors de la prochaine élection. Dans Doomsday Clock, qui démarre en 1992, il est déjà en fonction et l'est toujours dans le 2019 de la série de Damon Lindelof, avec ses détracteurs qui l'appellent « Sundance-in-Chief » en référence au festival Sundance, fondé par l'acteur.

 

photo« Qu’est-ce que je peux bien mettre pour la soirée de ce soir ? »

 

- Quelques secondes plus tard, durant la présentation de son métier de pâtissière qui lui sert en fait de couverture, Angela Abar raconte qu'elle a vécu au Vietnam avant et après qu'il devienne un État américain. Une référence au comics de Moore et Gibbons dans lequel les États-Unis de Richard Nixon ont remporté le conflit, notamment grâce à la puissance du Dr Manhattan. Avant ça, Angela casse des œufs et leur donne la forme d'un smiley. Un symbole récurrent dans l'univers de Watchmen qui aura le droit à un autre hommage à la fin de l'épisode.

 

photoSalade de poulpe au menu

 

- Après ça, quand Angela et son fils (Dylan Schombing) rentrent de l'école, une sirène retentit et des milliers de petits calamars tombent du ciel. Un événement visiblement banal, puisque la mère de famille sort tranquillement de sa voiture pour déblayer son pare-brise et des fonctionnaires entament le nettoyage des rues juste ensuite.

Un peu plus tôt, une affiche de l'anatomie des calamars était également présente dans la salle de classe de Topher. Dans le comics d'Alan Moore et Dave Gibbons, Adrian Veidt (aussi connu sous le nom d'Ozymandias), a créé un immense canular en mettant au point une fausse attaque d'origine extraterrestre contre New York, qui a pour but de faire exploser une espèce de calamar géant au milieu de Times Square. Le justicier retraité devenu un puissant homme d'affaires est convaincu que face à une menace d'un autre monde, les humains mettront fin à leurs petites querelles pour se concentrer sur un seul et même ennemi...

 

photo« Tu savais qu'on reconnaît un poisson frais à la brillance de son œil ? »

 

Et son plan a fonctionné. Peu de temps après l'attentat, les journaux annoncent la fin de la guerre froide et une paix durable entre les nations commence à prendre forme. Une autre image de calamar apparaît dans la série Watchmen, lors de l'interrogatoire pratiqué sur le membre de la Septième Cavalerie par Looking Glass (Tim Blake Nelson), qui lui demande s'il pense que ces événements sont orchestrés par le gouvernement. Ce qui est certainement le cas, puisque l'attaque d’Ozymandias n'était qu'un canular.

Cette averse de calamars venue de nulle part prouve bien que la série de Damon Lindelof est bien une suite aux écrits d'Alan Moore et Dave Gibbons, mais pas au film de Zack Snyder, qui avait modifié toute cette partie pour faire croire à une attaque du Dr Manhattan.

 

photoLa fin d'un monde

 

- Les Minutemen font plusieurs apparitions dans ce premier épisode. Une publicité sur un bus annonce la diffusion imminente de la série American Hero Story, qui semble retracer les aventures du premier groupe de héros masqués à avoir combattu le crime dans les années 40. Cette équipe était notamment composée du Juge Masqué, de Captain Metropolis, des premières versions du Hibou et de Spectre Soyeux ou encore du Comédien et a inspiré la deuxième génération avec Dan Dreiberg ou Adrien Veidt à créer les « Vigilants ».

Plus tard, dans la planque de la Septième Cavalerie, une affiche raciste met en scène le personnage de Dollar Bill, un des Minutemen, en train de frapper un criminel noir. Dans Watchmen, Dollar Bill était un athlète universitaire du Kansas qui avait été recruté par une banque pour être leur super-héros mascotte. Il sera tué par balles en 1946 quand sa cape se prendra dans le tourniquet de la porte dans un braquage de banque qu'il essayait d'empêcher.

 

photoLes premières soirées

 

- Pendant qu'Angela rejoint sa pâtisserie pour y revêtir son costume de Sister Night, elle croise un jeune homme qui tient une pancarte qui dit que « l'avenir est radieux ». Sans aucun doute un clin d’œil au panneau annonçant que « la fin est proche » que le personnage de Rorschach trimballe avec lui partout dans le comics quand il n'a pas son masque et se promène dans la ville en tant que Walter Joseph Kovacs. Un peu plus tard, pour rentrer dans sa Batcave personnelle, Angela compose le code « 1985 ». L’année à laquelle se déroulent les événements du comics d’Alan Moore et Dave Gibbons.

- À la fin de la réunion dans les locaux de la police de Tulsa, après la diffusion de la vidéo de la Septième Cavalerie, le chef Crawford donne les consignes à ses officiers, puis récite ce qu’on imagine être la devise de la police, « Quis Custodiet Ipsos Custodes ». Une locution latine du poète romain Juvénal traduite par « Qui gardera ces gardiens ? » (« Who watches the Watchmen ? » en anglais) qu’on trouve à la dernière page du roman graphique et qui aurait directement inspiré son titre selon Alan Moore.

 

photo, Don Johnson« Je jure solennellement de ne plus participer aux soirées »

 

- Quand Sister Night emmène le suspect dans les toilettes pour lui soutirer des informations en lui faisant goûter la porcelaine, la violence n'est pas montrée à l'écran et on ne voit que du sang couler au milieu de l'eau sous la porte une fois qu’elle en a fini. Cette scène est exactement la même que celle dans le livre Watchmen, quand Dan et Laurie aident Rorschach à s'évader de prison.

Avant de s'en aller, il s'éclipse un moment dans les toilettes pour partager un dernier moment avec le gangster Numéro Un, qui a essayé de le tuer pendant qu'il était sous les verrous. En ressortant, il rejoint ses camarades et tous les trois s'en vont pendant qu'un mélange d'eau et de sang ruisselle sous la porte.

 

photoUne soirée arrosée

 

- Si le titre d'un article dans le journal annonce qu'Adrian Veidt a été « officiellement déclaré mort », tout porte à croire que le mystérieux personnage joué par Jeremy Irons est bel et bien l'homme d'affaires responsable de la mort de millions de personnes. Les couleurs qu'il porte et celle de son gâteau sont les mêmes que celles du costume d'Ozymandias et son âge correspond à celui qu'aurait Adrian Veidt en 2019. Dans Doomsday Clock, le justicier à la retraite quitte l'univers des Watchmen pour rejoindre celui de DC en 1992 afin d'essayer de retrouver le Dr Manhattan.

Il semblerait qu'il ait échoué et soit finalement revenu dans sa réalité pour vivre reclus dans son château (qui ressemble beaucoup à celui détruit sur Mars un peu plus tôt). S'il n'est pas encore clairement identifié, cet homme raconte qu'il est en train d'écrire une pièce de théâtre : Le fils de l'horloger. Un titre qui n'est rien d'autre qu'une référence à Jon Osterman, l'homme qu'était le Dr Manhattan avant qu'il ne devienne l'équivalent d'un dieu. Son père était un horloger et a poussé son fils à devenir un physicien nucléaire plutôt que de suivre ses pas.

 

photoL'histoire du Dr Manhattan

 

- D’autres éléments sont des clins d’œil aux horloges et au temps. À la fin de la vidéo envoyée à la police, les membres de la Septième Cavalerie se mettent tous à imiter le tic-tac d’une montre, un bruit qu’on entend distinctement pendant le dîner chez Judd Crawford. Plusieurs horloges font également leur apparition dans ce premier épisode. La majorité a une heure comprise entre 11h00 et 12h00, en référence à l’horloge de l’Apocalypse, présente dans les pages d’Alan Moore et Dave Gibbons et qui symbolise l’imminence d’un cataclysme planétaire, minuit étant la fin du monde.

- Sachant qu’ils sont repérés par la police, les membres de la Septième de Cavalerie réunis dans la planque reçoivent chacun une pilule de poison. Après s’être battu avec Sister Night, l’un d’eux la prend et se suicide avant d’être capturé et interrogé. Une scène qui fait écho avec le complot mis en place par Adrien Veidt dans le livre. Pour ne pas être soupçonné du meurtre du Comédien, il a monté une attaque sur sa propre personne, en engageant un tueur pour qu’il lui tire dessus. Pour éviter qu’il ne raconte tout, Adrian a placé une capsule de poison dans sa bouche après l’avoir envoyé au tapis, en faisant croire à un suicide.

 

photoL'art de la symétrie, par Dave Gibbons

 

- En plus d'Adrian Veidt ou du Dr Manhattan, plusieurs éléments sont des références directes au personnage du Hibou, l'un des héros de l'univers de Watchmen. Dans le bureau de Judd Crawford, on peut voir Angela boire dans un mug en forme de hibou, ainsi qu'un exemplaire de Sous le Masque, l'autobiographie de Hollis Mason, un policier qui a été le premier à enfiler le costume du Hibou et qui a intégré les Minutemen.

Il a finalement pris sa retraite en 1962, révélé son identité et écrit son autobiographie avant d'ouvrir un garage dans lequel il réparait d'anciens modèles de voiture. Un peu plus tard dans l'épisode, le véhicule utilisé par la police de Tulsa ressemble étrangement à Archie, le vaisseau du Hibou aperçu dans le comics, au point d'avoir lui aussi un bouton lance-flammes (déclenché volontairement cette fois).

 

photoFin de soirée

 

- La première case de Watchmen montre un badge en forme de smiley tâché de sang. Au fur et à mesure, le lecteur découvre en fait une scène de crime : celle du meurtre du Comédien, tué dans une chute mortelle après qu'on l'ait balancé à travers sa propre fenêtre. Le premier épisode de Watchmen, quant à lui, se termine sur l'image du badge de police de Judd Crawford, pendu, tandis qu'une goutte de sang coule dessus. Un effet miroir qui, en plus d’être une autre référence au comics d’Alan Moore et Dave Gibbons, signifie que, comme Rorschach, Angela va devoir mener l'enquête et sans doute en découvrir plus que ce qu'elle n'aurait imaginé.

 

photoLa première page de Watchmen

 

En attendant les autres épisodes, vous pouvez lire notre critique de la série ici et consulter celle du premier épisode de la série juste là ou vous replonger dans le roman graphique auquel on a montré tout notre amour dans ce dossier.

Watchmen : tous les lundis en US+24 sur OCS CITY

 

Affiche

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commentaires
Geoffrey Crété - Rédaction
31/10/2019 à 17:11

@antw1fisher

Malheureusement, ça n'a pas passionné grand monde, donc on a abandonné l'idée. Obligé de trancher et mettre en pause des projets selon l'intérêt des lecteurs...
On essaiera de revenir dessus sous forme de bilan.

antw1fisher
31/10/2019 à 16:52

Ce dossier sera-t-il mis à jour ? Je suis curieux de retrouver le même genre de contenu sur l'épisode 2 qui était lui aussi assez riche

Wintermute
23/10/2019 à 18:13

Bon moi j'ai trouve pas mal ce premier episode truffees de références. Juste une remarque su Archie, a mon avis il s'agit de l'engin d'epoque car il a l'air vieux et finalement tombe en panne en suivant un simple avion de tourisme a helice

Micju
22/10/2019 à 23:20

Wsj
Juste à voir ton spedo je m’attends pas que tu puisse comprendre quoi que ce soit.

WSJ
22/10/2019 à 22:59

@Micj : moi je ne comprend rien à ton pavé.

Micj
22/10/2019 à 21:14

Ceux qui crient aux SWJ ne comprennent rien à la proposition . Dans le comic on nous démontrait ce que le monde aurait pue être si Nixon avait rester au pouvoir plusieurs années . Et là on nous fait voir un monde avec un Président progressif depuis près de trente ans à la tête des Etas- Unis . Contrôles des armes même pour la police , des parents noires qui adoptent des enfants blancs et ainsi de suite .C’est même très intéressant et comme on peut voir à plusieurs moments dans la première émission ce n’est pas sans problèmes. Exemple un policier obliger d’attendre pour ce servir de son arme et l’obligation des forces de l’ordre de ce couvrir le visage. Moi je trouve cette proposition extrêmement intéressante .Je suis sûre en avançant dans la série que l’on verra ce dessiner les bons et les mauvais côtés de ce régime politique.

Pas jojo
22/10/2019 à 18:21

@Jojo : Ces séries dictées par des hipsters et autres bobos ne représentent qu'une infime partie de la population. Selon toi et la série Years and years on devrait donc croire que chaque couple est bicolore ou trans chez les anglais.

Récupérer une œuvre connue pour y implanter sa propagande ou sa politique est indigne oui.

Jojo
22/10/2019 à 15:52

@Wokmen
Notre société change et évolue. Vu que les séries s'inspirent de notre société, elles évoluent aussi. Faut arrêter de s'indigner pour ce genre de chose et grandir un peu !
Des séries dans l'air du temps c'est pas nouveau y en a toujours eu !!!

Wokmen
22/10/2019 à 13:56

Vite vite, trouvons du fanservice pour excuser cette vaste blague qui s'est vendue grâce à un comics reconnu.

HBO avait une série quota SJW/Woke à placer dans son catalogue pour son audience "progressiste", et elle a eu la bonne idée de la déplacer dans l'univers si particulier des Watchmen. J'efface cette bouse et retourne voir le film.

Geoffrey Crété - Rédaction
22/10/2019 à 12:26

@Charlieeee

Certainement oui ! On l'évoquait dans un autre article, mais ici on reste sur les références au comics.

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