Defending Jacob : que vaut ce thriller meurtrier avec un Chris Evans loin des Avengers ?

Alexandre Janowiak | 25 avril 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Alexandre Janowiak | 25 avril 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Alors que l'Avengers Chris Hemsworth joue les durs avec Tyler Rake sur Netflix, son comparse Chris Evans a choisi un chemin glacial et psychologique pour l'après super-héroïsme avec une autre plateforme, Apple TV+, et une série : Defending Jacob. La série a débuté ce 24 avril sur la plateforme à la pomme et on vous donne quelques bonne raisons de s'y attarder, après avoir vu les trois premiers épisodes.

 

 

L'ATMOPSHÈRE PSYCHOLOGIQUE

Adaptation du roman éponyme à succès de William Landay, Defending Jacob raconte l'histoire du procureur Barber dont le fils se retrouve accusé du meurtre de l'un de ses camarades. Evidemment, il va tout faire pour innocenter son fils mais certains secrets, découvertes et ressentis vont le faire douter. Saura-t-il faire la part des choses entre l'amour qu'il porte pour son fils et son devoir de rendre justice ?

Cette nouvelle création originale Apple TV+ n'a rien de très novatrice à première vue et suit les codes classiques du thriller psychologique. Pour autant, on flaire rapidement le potentiel immense de la série grâce à sa capacité à instaurer une ambiance glaciale, perturbante, émouvante et captivante.

 

photoUne famille modèle...

 

Avec ses teintes bleutées et grisâtres, Defending Jacob rappelle énormément les thrillers nordiques et inévitablement The KillingRien de très étonnant quand on sait que c'est Morten Tyldum (Imitation Game), norvégien, qui est derrière la caméra. Sa réalisation méticuleuse et précise s'approche d'ailleurs des dernières réalisations du grand David Fincher (Millenium - Les hommes qui n’aimaient pas les femmes, Gone Girl) notamment par son approche très clinique de la société américaine.

En effet, la série est extrêmement psychologique, explore les tourments profonds de ses personnages (à travers leurs interactions mais aussi leur passé et leur action) et joue énormément des doutes au sein de la famille Barber pour créer un climat de méfiance permanent. Mais au-delà, elle étudie l'influence des médias sur la justice et l'opinion publique à la manière de Gone GirlDe quoi passionner allègrement.

 

Photo Chris Evans, Jaeden Martell, Michelle Dockery... qui va vaciller

 

LE CASTING

Nul doute qu'un certain nombre de spectateurs s'attarderont essentiellement sur Defending Jacob pour admirer le beau Chris Evans loin des blockbusters Marvel. Dans son rôle de procureur décontenancé, bouleversé et hanté par son passé, l'acteur confirme qu'il a autre chose à vendre que son derrière ferme et ses gros muscles de Captain America. Après sa prestation rigolarde dans À couteaux tirésil change de registre avec une partition plus dépressive et sombre qui lui sied à merveille.

Dans la peau de son fils accusé de meurtre, Jaeden Martell (star des Ça, et qui était aussi présent dans le whodunit de Rian Johnson) est également très solide, dans un rôle extrêmement exigeant, jouant énormément sur les postures, regards et réactions. Cependant, c'est bel et bien, Michelle Dockery (vu récemment dans The Gentlemen) qui est la plus convaincante dans son rôle de mère déboussolée, notamment grâce à une prestation plus nuancée.

Enfin dans des rôles secondaires, on croise également dans ces premiers épisodes Cherry JonesPablo SchreiberSakina Jaffrey et Betty Gabriel. Le reste de la mini-série laissera également place à l'apparition de l'oscarisé J.K. Simmons, de quoi encore faire exploser la dose de talent à l'écran.

 

Photo Chris Evans, Michelle Dockery, Jaeden MartellUn trio qui se complète parfaitement

 

LA BANDE-ORIGINALE

Defending Jacob, malgré ses qualités certaines comme son ambiance froide, sa réalisation sobre et méticuleuse, sa narration réfléchie ou son merveilleux casting, pourra sembler trop classique et basique chez certains spectateurs friands des thrillers psychologiques ou des créations scandinaves. Pour autant, ce n'est pas le cas tant la série Apple TV+, au moins dans ses premiers épisodes, jouit d'une richesse thématique précieuse et a surtout une volonté d'instaurer une atmosphère anxiogène, noire et suspicieuse prenante.

Une ambiance captivante qui doit beaucoup à la bande-originale qui accompagne les appréhensions des personnages, les ombres de l'enquête et les vacillements psychologiques. Signée de l'Islandais Atli Örvasson, elle est l'un des atouts majeurs de la série de Mark Bomback apportant à la fois de l'élégance au récit et la sensation qu'une épée de Damoclès menace en permanence la famille Barber.

Certains thèmes rappellent d'ailleurs successivement les partitions de Ramin Djawadi (Game of Thrones évidemment), de Gabriel Yared sur Juste la fin du mondedu regretté Johan Johannsson ou encore de Hans Zimmer. Le thème principal qui accompagne le générique d'ouverture, composé par son compatriote islandais Olafur Arnalds, est particulièrement envoutant et enivrant. 

 

Photo Chris EvansUne musique qui enivre (même Chris Evans sur une scène de crime)

 

L'ATOUT APPLE TV+

Au coeur de la guerre du streaming, tout le monde parle évidemment des incontournables Disney+ et Netflix, accaparant les médias et les abonnés avec leur force marketing respective. A côté de cela, on surveille également un peu plus chaque jour l'arrivée prochaine de HBO Max et les créations de plus en plus exigeantes (et de qualités) de Amazon Prime Video.

En revanche, les yeux se sont rarement braqués sur Apple TV+ depuis son lancement le 1er novembre dernier à l'international. Une grossière erreur tant la plateforme se révèle une des plus qualitatives du marché actuel avec ses créations originales. Ainsi, la plateforme à la pomme nous a offert depuis ses débuts des séries très réussies entre la médiatique et féministe The Morning Show (notre critique), l'excellente uchronie spatiale de Ronald D. Moore For All Mankindl'angoissante Servant (notre critique), l'acclamée Little America ou encore la cynique sitcom au coeur des coulisses des jeux-vidéo Mythic Quest : Le Festin du Corbeau.

Evidemment, il y a eu quelques moins bons comme la post-apocalyptique Seemais une chose est sûre, aucune autre plateforme (exception faite de HBO Now peut-être) peut se vanter d'avoir un line-up aussi éclectique et soigné. Aucune en tout cas, ne s'est lancé avec d'aussi belles surprises et créations. On vous conseille donc de regarder Defending Jacob et à l'occasion de jeter un oeil à toutes les autres (en plus c'est gratuit en ce moment), il y a largement de quoi trouver son bonheur. 

Les trois premiers épisodes de Defending Jacob sont disponibles sur Apple TV+ depuis le 24 avril. Un nouvel épisode chaque vendredi.

 

Affiche US

Tout savoir sur Defendre Jacob

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commentaires
Flo 1
18/03/2024 à 14:21

Pas barbant...

Réalisé par le « glacial » Morten Tyldum, une mini-série (adaptée du roman de William Landay, avocat) à propos d’un meurtre d’enfant. Qui chamboule tout, moins dans la ville (Boston, donc grande ville) que dans la famille qui est principalement impliquée.
Un suspense avec deux coupables idéaux, mais un seul visé en particulier. Et ça va reprendre le principe du lynchage de façon plus insidieuse, ajouté à l’hystérie médiatique qui menace de prendre de l’ampleur à mesure qu’un procès devient inévitable. Avec des rebondissements à chaque épisode, et un rythme faussement lent car s’y agence méthodiquement les éléments menants à une descente aux enfers (annoncée par de fréquentes auditions en flashforwards, dont la révélation de la teneur sera ahurissante).
Et où tout va se retourner contre les intéressés, même quand ceux-ci croient avoir tous les moyens de leurs côtés..
La photo grise de la série créé une ambiance faussement sophistiquée, et très pessimiste. Laquelle va même perdurer jusqu’au Mexique, lors d’une aparté qui va relancer une énième fois la machine.

Mais avant tout cette série est la critique du modèle américain, « propre » et acceptable, alors que bien sûr tout le monde ment, garde des secrets – la vie privée des ados, n’en parlons pas.
Question remise en question, le héros principal est un homme qui arrive à être honnête, d’une grande conviction… normal, c’est Chris Evans qui le joue.
Mais ce père de famille, procureur de son état, fera quand-même des choix qui s’avéreront catastrophiques, même si c’était de bonne foi.
Et dont le grand secret est d’avoir construit une vie très morale en opposition à une ascendance violente et oppressive… L’occasion d’y voir JK Simmons revenir en quelque sorte à « Oz », pour jouer un adversaire fantôme, machiavélique, héraut de la loi du plus fort, celle des protecteurs d’un autre temps.
Tandis qu’une mère, jouée par Michelle Dockery, voit sa délicatesse devenir fragilité, et la pousser vers des abîmes de mal être alors qu’elle perd toute confiance envers son fils chéri, petit monstre d’apathie ordinaire (Jaeden Martell, tête à claque malgré lui).

Tout ça avec une grande subtilité, évitant de sombrer dans les effets trop « chocs » – c’est moins sombre que dans le roman originel, et appuie encore plus l’ambiguïté, l’expectative… Et il n’y a rien de pire que de rester sur une impasse, où le déni (encore une fois, pour des raisons bienveillantes) ne peut empêcher la destruction totale, amère… ce que suggère bien la mise en scène rien qu’avec des paroles creuses, une bouteille d’alcool et un homme écrasé contre (et par) un mur.
Chris Evans dans un de ses meilleurs rôles, si ce n’est Son meilleur.
Captain America est mort… Vive Captain America !

skwale
27/04/2020 à 15:49

Les 3 premiers épisodes sont plutôt pas mal , malheureusement il y a déjà une coquille dans les 3 premiers épisodes .. un peu de rigueur serait un plus .

Pseudo
25/04/2020 à 22:56

Les avengers ne valent rien sans marvel. À quand un article sur leur star power post mcu?

Tim Lepus
25/04/2020 à 12:16

Merci pour cette critique. La BA me donne tout autant envie, je pense donc que j'y jetterai un œil.