Battlestar Galactica : 5 épisodes incontournables de la série culte, à revoir sur Amazon Prime

Geoffrey Crété | 3 mai 2020 - MAJ : 30/10/2023 20:54
Geoffrey Crété | 3 mai 2020 - MAJ : 30/10/2023 20:54

La série de Ronald D. Moore est sur Amazon Prime depuis le 1er mai 2020, et c'est l'occasion de la (re)voir.

Pour tous ceux qui étaient passés à côté de cette pépite de science-fiction, ou ont simplement l'excellente idée de la revoir (pour la deuxième, troisième, ou sixième fois), le moment est venu : Battlestar Galactica est sur Amazon Prime depuis le 1er mai, avec sa mini-série en guise de pilote, ses 4 saisons et 73 épisodes aux côtés de Laura Roslin, Adama père et fils, Starbuck, Boomer, Baltar, Numéro Six, et leurs collègues ennemis.

Et plutôt que de répéter que la série de Ronald D. Moore, remake de la série Galactica diffusée sur Syfy entre 2004 et 2009, est une merveille, on a eu envie de revenir sur 5 épisodes cultes, parmi quatre saisons riches.

Bien sûr, le choix a été difficile, et pas mal d'autres épisodes excellents ont été laissés de côté, comme À la recherche de la Terre, En route pour Kobol, Double affrontement, Téléchargement, Posez votre fardeau, Ouragan, et d'autres.

 

PhotoLa joie de survivre

 

33 (saison 1, épisode 1)

Choisir le premier épisode de la première saison peut sembler facile, mais attention : la saison 1 de BSG n'était pas réellement le début de la série, qui a d'abord été lancée avec un téléfilm en deux parties, diffusé en décembre 2003, 10 mois plus tôt. Impossible de ne pas regarder ce pilote de 180 minutes, qui pose toutes les bases de l'histoire, et a été utilisé comme test avant de valider le projet de série.

La série rouvre donc ses portes avec l'épisode 33, qui (re)pose d'emblée les pierres de cet univers brut et sec. L'humanité en miettes est poursuivie par les Cylons, et utilise un saut FTL pour leur échapper, encore et encore, toutes les 33 minutes. Inlassablement, les Cylons finissent par les retrouver, et les obliger à un nouveau jump... avant le prochain, 33 minutes après. Comme un Sisyphe cosmique.

 

photo, Aaron Douglas, Grace ParkBien avant le drame intime, la fatigue extrême

 

Ce n'est pas une bataille spectaculaire, mais une lutte interminable et infernale. La guerre ne se joue pas avec des tirs et des missiles, mais avec la fatigue, la lassitude, le désespoir. 33 minutes, c'est trop peu pour dormir, mais bien assez pour réfléchir à l'impasse terrible. Ce choix de revenir avec non pas des tonnes de combats dans l'espace et de grands moments héroïques, mais des visages fatigués, des soldats lessivés, et un sentiment de désespoir absolu, est au fond la note d'intention de la série toute entière, plus intéressée par les luttes politiques, intimes, spirituelles et symboliques, que les guerres des étoiles.

De l'erreur humain qui laisse un vaisseau en arrière à la lourde décision de le détruire par sécurité (une scène dont la noirceur a créé de vifs débats entre Moore et la chaîne), en passant par l'utilisation très simple et belle du tableau des survivants tenu par Roslin (une conclusion d'espoir, là encore voulue par la chaîne), à peu près toute l'âme de BSG est là.

L'épisode est d'ailleurs réalisé par Michael Rymer, qui signera 22 épisodes de la série et le téléfilm-pilote, soit bien plus que quiconque.

 

photo, Katee SackhoffUn brief sans fin

 

PEGASUS & OPÉRATION SURVIE (saison 2, épisodes 10, 11, 12)

Ok, c'est de la triche, mais ces trois épisodes forment une seule intrigue absolument palpitante et dramatique, articulée autour du retour inopiné de l'amiral Cain, incarné par l'excellente Michelle Forbes. Une histoire directement reprise de la série originale, de l'épisode Les Cylons attaquent (The Living End). Comme Starbuck et Boomer, le personnage interprété à l'origine par Lloyd Bridges devient ici une femme. Et ce n'est pas anodin, puisque ce changement met beaucoup de choses en jeu, de la rivalité avec Adama, à la relation intime avec Gina.

Bien plus tragique, brutal et extrême que dans la série originale, l'épisode en plusieurs parties met brillamment en scène les difficiles mais nécessaires sacrifices pour la survie en temps de guerre, et les inévitables conséquences sur l'humain, irrémédiablement changé par la violence et la peur. Que William Adama soit prêt à attaquer Cain pour protéger les siens, et que Laura et lui soit ensuite convaincus qu'elle doit être assassinée, est une démonstration passionnante des questionnements noirs que la série ne craint pas de lancer autour de ses héros - même les plus lumineux.

Là encore, c'est toute l'âme de Battlestar Galactica, qui trouve par ailleurs l'une de ses histoires les plus spectaculaires et intenses avec Cain - la fin de l'épisode Pegasus, chair de poule garantie. Elle est un boulet de canon qui arrive pour tout remettre en question, notamment du côté des héros et leurs liens problématiques, provoquant un raz-de-marée qui met en péril tout l'équilibre au sein des survivants.

 

Photo Michelle Forbes"Allo ? Je viens foutre la merde et vous allez adorer. De rien"

 

Au-delà de ces affrontements épiques, les épisodes traitent encore la question de l'humanité perdue dans la guerre, avec la haine aveugle du camp Cain pour les Cylons, avec torture et viol pour le démontrer. A l'époque, le spectre de Guantánamo plane sur le monde et surtout l'Amérique depuis quelques années, et ces images de prisonniers maltraités car considérés comme inhumains, résonnent dans les esprits. L'épisode Pegasus est d'ailleurs écrit par Anne Cofell Saunders, une scénariste passée par 24 heures chrono, une autre série qui aborde cette problématique sans peur.

La richesse de ces trois épisodes est immense, que ce soit dans les thématiques (la pulsion de mort de Lee, qui semble perdre espoir en toute l'humanité face à son père et la présidente), la mise en scène (la caméra virevoltante autour de Cain et Adama à la fin de l'épisode Pegasus, l'image de Lee qui flotte face au spectacle chaotique de la guerre), ou le montage (le simple effet de regard entre Adama et Starbuck lors du discours de fin, pour souligner le poids des mots).

 

Battlestar Galactica : photoLe désespoir

 

Par ailleurs, le téléfilm Razor (sorti en 2007) ajoute plusieurs couches au Pegasus et Cain, puisque celle-ci avait développé des sentiments pour Gina, la copie de 6, dont la survie aura de lourdes conséquences pour la flotte humaine. De quoi en faire pour de bon un pan majeur de l'histoire dans cette saison 2.

C'est encore Michael Rymer qui emballe ces trois épisodes, particulièrement bien filmés et menés. Sans oublier la musique épique de Bear McCreary, dont le Prelude to War donne là encore la chair de poule.

 

Photo Tricia HelferNuméro Six édition revenge

 

TÉLÉCHARGEMENT (saison 2, épisode 18)

La saison 2 est passionnante et riche en épisodes marquants, mais Téléchargement a une valeur particulière : il offre pour la première fois le contrechamp aux humains en dévoilant la réalité du monde cylon. En rouvrant des portes dans le passé, via des flashbacks, sur le destin de la Numéro Six tuée dans le pilote sur Caprica et de la Boomer abattue par Cally, il permet de mieux saisir la dimension vertigineuse de la mythologie, au-delà de la flotte humaine.

Comment un Cylon est-il ramené à la vie dans un autre corps ? Comment vivent-ils ensemble ? Quel ordre règne parmi eux ? Que se passe t-il de leur côté, notamment sur New Caprica ? En racontant la réalité derrère le mystère de ces modèles, l'épisode enrichit toujours plus les thématiques de la série, et ajoute de nouvelles couches de complexité. Caprica Six et Boomer sont des héroïnes pour les leurs, ayant infiltré et piégé les humains, mais elles sont tourmentées par leur passé et leurs émotions, exactement comme les humains. Six est littéralement hantée par Gaius, qui apparaît dans des hallucinations, inversant les rôles jusque là tenus dans ce duo des enfers. Boomer ne peut se résoudre à abandonner son humanité. Et D'Anna, elle, rôde, avec autorité.

 

photo, Grace ParkMauvais cauchemar ou mauvaise réalité ?

 

C'est un épisode fascinant par nature, qui annonce le bascule progressive de la série vers les toasters, lesquels prendront une place de plus en plus importante. C'est ici, avec les choix de Caprica Six et Boomer, que renaissent les grands plans d'une éventuelle paix et collaboration avec les humains, ce qui sera un des grands enjeux de la saison 3. Sans oublier la naissance de Hera et le mensonge autour.

C'est aussi une occasion en or pour Tricia Helfer et Grace Park de briller, face à une Lucy Lawless absolument délicieuse. Le plaisir de voir Caprica Six hantée à son tour par Gaius est énorme, mais c'est surtout l'émotion face à son amour réel et assumé, qui marque.

Ronald D. Moore réfléchissait depuis un moment avec ses scénaristes à un tel épisode centré sur les Cylons. Une précédente version, intitulée The Raid, voyait des humains infiltrer une station spatiale cylon, où une conférence était tenue sur la question de la guerre. Caprica Six était centrale, en laissant les humains s'échapper. Finalement, Téléchargement en reprendra quelques idées, mais bien plus radicales, puisque tout est bien centré sur les Cylons ici. Moore a depuis expliqué que c'était parmi ses épisodes préférés.

 

photo, Tricia HelferDe grands choses à venir suite à ce parking funeste

 

LE GRAND COMBAT (saison 3, épisode 9)

L'épisode qui rouvre les plaies et brise le cœur. Alors que New Caprica est loin derrière la flotte, qui a repris sa place dans l'espace, chacun est hanté par la saveur de cette vie nouvelle à laquelle il a goûté, et qui ne le quitte plus depuis. Les moments de bonheur que Bill et Laura ont partagé sous les étoiles, que Lee et Kara ont touché du bout des doigts, que Cally et Galen pouvaient enfin entrevoir, que Tigh avait avec Helen... et qui leur a à tous permis de rêver, un peu, d'une existence normale, à simplement écouter leurs cœurs et déposer les armes.

Les mois ont passé, la guerre et la survie ont repris le dessus, et c'est logiquement dans la violence que tout ressortira. La violence d'un ring où le jeu des coups de poings est censé calmer et divertir, et la violence des souvenirs qui reviennent secouer les relations, comme si un barrage cédait et inondait l'esprit des personnages. Entre deux batailles, la vraie guerre, intime, reprend. La colère, la culpabilité, la rancœur et surtout la tristesse profonde reprennent leurs droits, et font saigner les combattants, rattrapés par une réalité qui les épuise depuis déjà trop longtemps.

 

photo, Jamie BamberSur le ring de mon cœur qui saigne

 

De l'amour contrarié entre Starbuck et Lee, et ce grand rendez-vous manqué et impossible (rarement l'amour aura paru si triste et désespéré qu'entre leurs mains, avec Dee et Sam emportés avec eux), au déchirant discours d'Adama sur son rôle de leader en conflit avec ses émotions, c'est un grand épisode, majeur pour l'évolution des personnages après le traumatisme New Caprica. Un épisode sous forme de pause, qui rappelle qu'il n'y a pas besoin de Cylon pour mener des batailles, contre soi ou les autres. C'est toute l'intelligence de la série qui se raconte ici, avec un ancrage profond dans les personnages, et un montage très réussi où passé, présent et futur enterré, se font écho.

La musique de Bear McCreary est là encore merveilleuse (Violence and Variations...), et les acteurs trouvent des moments précieux pour exister, particulièrement Edward James Olmos, Jamie Bamber et Katee Sackhoff. A noter que l'épisode existe en version longue, avec 25 minutes supplémentaires.

 

photo, Mary McDonnellLe temps de rêver d'une autre vie

 

RÉVÉLATIONS (saison 4, épisode 10)

Beaucoup de choses peuvent être reprochées à Battlestar Galactica dans sa quatrième saison, et sa tentative de recoller tous les morceaux autour d'une mythologie riche mais bordélique, en partie improvisée par Ronald D. Moore. Mais cette saison 4 aura offert beaucoup, beaucoup de sensations fortes, en mettant à rude épreuves les nerfs et les âmes des héros.

Révélations, c'est l'épisode où Cylons et humains tentent de négocier, où Laura est prise en otage par D'Anna, où Bill est à deux doigts de tout faire exploser (et D'Anna aussi), et surtout où la vérité éclate sur Tigh et Sam, les Final Five. C'est définitivement le début de la fin pour l'équilibre fragile entre le camp des gentils et des méchants, et où la flotte humain implose face au choc de la vérité. En particulier Adama, qui ne se remettra pas de cette révélation sur Tigh.

 

photo, Katee SackhoffThere must be some kind of way out of here...

 

C'est aussi l'épisode glacial qui montre enfin la mythique Terre, tant attendue et espérée par les personnages des deux côtés de la ligne, et qui les a motivés depuis la première saison. En tant que mid-season finale (la diffusion a été faite en deux temps à l'époque), Révélations fait office de cliffhanger particulièrement effroyable, lorsque tout le monde arrive enfin à destination, pour découvrir que leur paradis n'est qu'un enfer abandonné, désolé, vidé depuis longtemps.

Le dernier plan, qui réunit tous les personnages, Cylons et humains (et tous ceux qui errent entre les deux identités, sous le choc), est un des moments les plus incroyables de la série,  et un coup de poker sensationnel et puissant. Et la série assumera ce choc dès l'épisode suivant, avec le suicide d'un personnage de premier plan, incapable de supporter une telle horreur qui anéantit tout espoir.

 

PhotoLe Jugement dernier

 

Bien sûr, on aurait pu revenir sur beaucoup d'autres épisodes : En route pour Kobol qui creuse la mythologie avec pas mal de sensations fortes ; La Dernière séquence qui offre un point de vue amusant sur les héros et présente une Cylon centrale ; Double affrontement où Starbuck montre son visage torturé face à Scar ; Ouragan avec le face-à-face puissant entre elle et Leoben ; Posez votre fardeau où élections, sauvetages et découvertes forment une aventure trépidante ; Exodus avec une opération spectaculaire pour fuir New Caprica ; Croisements avec un procès épique et des révélations incroyables ; ou encore La Mère de l'humanité, conclusion de la série.

Ne reste plus qu'à simplement revoir tout ça, puisque c'est encore le meilleur moyen de constater à quel point Battlestar Galactica est une série fantastique, et l'une des plus belles et intelligentes au rayon science-fiction.

 

photo, Katee SackhoffOffrande d'un accès Amazon Prime pour remater BSG

Tout savoir sur Battlestar Galactica

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commentaires
Poppie
12/06/2020 à 13:44

Intéressant votre TOP.
Je n'aurais pas mis forcément tous ces épisodes dans le TOP 5, cependant le choix devient très vite cornélien sur cette série, étant donné la qualité scénaristique assez constante sur l'ensemble des 4 saisons.
Pour moi, l'un des meilleurs est le téléfilm dans la saison 4 où la guerre est vue du côté des Cylons avec un flash back complet sur les 4 saisons (cf "Battlestar Galactica : The Plan"), c'est impressionnant car des phrases dites par des cylons (et parfois totalement énigmatiques à la première vision) dans les épisodes de la première ou 2ème saison prennent un tout autre sens totalement différent avec cet épisode. Une telle cohérence et une telle maîtrise du scénario sur 4 saisons est totalement bluffant et hallucinant.

Tytom
04/05/2020 à 18:50

Assez d'accord avec ce top, sauf LE GRAND COMBAT, qui pour moi est le pire épisode de la série, long, sans intérêt pour l'intrigue .... Après ce n'est que mon avis ^^

Kyle Reese
04/05/2020 à 10:00

Un chef d œuvre de SF.devenu classique.
J’avais vibré comme jamais devant une série à l époque (bon a égalité avec 24h faut pas abusé)

votre article m’a furieusement donné envie de la revoir, mais il y a tellement d autres séries à découvrir et si peu de temps. Un jour peut être.

Gunner
04/05/2020 à 02:54

Aucune série de space opéra ne l'a égalé depuis. The Expanse nous a donné de grands moments de spectacle ces dernières années mais recycle beaucoup de thématiques de Battlestar ou SG1 sans arriver à ce niveau. BSG c'était du spectacle mais aussi une ambiance unique de combativité désespérée, ce qui n'empêchait pas des thématiques très intéressantes. On était loin du show stupide, sans réflexion. Peu de séries arrivent à ce niveau, encore moins en SF.

Birdy
03/05/2020 à 19:16

@Geoffrey : hésitez pas, relire vos descriptifs de vos ép préférés m'a excité les papilles, j'ai depuis une furieuse envie de me les refaire tous. D'autant que je n'ai pas encore vu les versions longues.

Goreman
03/05/2020 à 15:26

So say we all ;)

mmarvinbear
03/05/2020 à 14:15

Une très grande série qui aura du mal à être égalée.

Notons toutefois que sur Caprica les humains avaient de l'avance car parmi les véhicules garés se trouvait une magnifique Citroën DS. :)

Geoffrey Crété - Rédaction
03/05/2020 à 14:12

@Gugus

Le téléfilm-pilote (mini-série en deux épisodes de 90 minutes) est sur Amazon. Il faut donc le lancer en premier, puis enchaîner avec les saisons.
Les téléfilms, comme Razor, n'y sont pas en revanche.

Gugus
03/05/2020 à 14:09

Où trouve-t-on le téléfilm et la minis serie? Pour pouvoir regarder dans l’ordre.

Geoffrey Crété - Rédaction
03/05/2020 à 11:15

@Birdy

C'est un sujet à part entière, qui mériterait d'être traité entièrement et pas balancé au détour d'une phrase :)

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