Nip / Tuck : retour sur la saison 4

Zorg | 2 janvier 2007
Zorg | 2 janvier 2007

La quatrième saison de Nip/Tuck est dans une position extrêmement délicate. Arrivant derrière les démêlés de nos plasticiens préférés avec le Carver (dont la conclusion fut particulièrement décriée) et un cliffhanger concernant la grossesse de Julia, la saison qui s'ouvre devant nous pose le double problème du renouvellement et du retour aux sources. Ryan Murphy choisit donc de recentrer son histoire autour de ses trois personnages principaux (Christian, Sean et Julia) pour relancer la machine Nip/Tuck, mais le risque de redite est d'autant plus élevé qu'après trois saisons, ceux-ci en ont déjà vu de toutes les couleurs.

 

 

Et c'est bien là le problème : « l'effet latex » appliqué aux personnages. Comme dans n'importe quel soap de bas étage, les protagonistes apparaissent indéformables malgré le temps qui passe et les péripéties. Sean et Christian ont beau multiplier les aventures plus ou moins excentriques, ils finissent immanquablement par retomber dans leur train-train quotidien, comme si de rien n'était. On garde ainsi en mémoire le délire de la saison passée durant lequel Sean rejoint le programme de protection des témoins du FBI pour mieux en partir avec sa première patiente. Sympathique sur le coup, mais frustrant à la longue.

La saison est ainsi divisée en trois grands « faisceaux d'histoires ». Tout d'abord figure la succession de guest stars plus ou moins prestigieux (dont notre Catherine Deneuve nationale), indépendants les uns des autres comme c'est la norme depuis les débuts du show. Viennent ensuite les deux principaux arcs narratifs, le premier tournant autour de la grossesse de Julia et de sa relation tumultueuse avec Sean, le second concernant le cabinet McNamara/Troy et plus particulièrement Christian, et dans lequel Sanaa Lathan et Jacqueline Bisset ont un rôle prépondérant.

 

Les auteurs alternent donc l'heureux, avec le retour de vieilles connaissances qu'on ne pensait pas forcément revoir ou un guest réussi de temps en temps (hilarante Rosie O'Donnell), et le moins heureux, notamment avec l'histoire impliquant Jacqueline Bisset, qui franchit allègrement les limites du ridicule. On déplore dans l'ensemble une certaine frilosité des auteurs, un manque de mordant dans l'analyse de certains thèmes, particulièrement en ce qui concerne l'homosexualité plus ou moins refoulée de Christian et sa relation avec Sean, ainsi que les positions vis-à-vis de la scientologie à la limite de la complaisance.

 

 

Les ultimes épisodes de la saison donnent de surcroît l'impression d'assister progressivement à la fin d'une époque, à la clôture d'un cycle, qui trouve une conclusion particulière lors du « season finale ». À partir d'un épisode en flash-forward controversé (qui a, soit dit en passant, reçu l'un des pires accueils public de l'histoire du show), aménagé par Murphy pour faire face au départ d'un personnage majeur, qui en profite pour boucler tout un pan d'histoires, le sentiment d'avoir atteint la fin du voyage est plus que palpable, il est omniprésent.

 

La quatrième saison de Nip/Tuck est donc un objet un peu difforme, tiraillé entre d'une part un passé que l'on pourrait qualifier de glorieux, avec deux premières saisons exceptionnelles et une troisième fascinante malgré ses défauts, et d'autre part une certaine érosion dans l'écriture, un essoufflement généralisé du show qui obscurcit les perspectives d'avenir. Le final boucle brillamment la boucle et ouvre un nouveau champ de possibilités tout en offrant une conclusion particulière à cette merveilleuse aventure si d'aventure la série devait ne pas être prolongée (FX n'a toujours pas officiellement renouvelé le show pour une cinquième saison à l'heure où cet article est publié).

 

Nip/Tuck, sur Paris Première à partir du 1er janvier, 22h40

 

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