Better Call Saul : après un début enthousiasmant, que vaut finalement la saison 3 ?

Benjamin Malka | 22 juin 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Benjamin Malka | 22 juin 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Après deux premières saisons réussies malgré un rythme quelque peu déséquilibré, les aventures de Jimmy McGill, où la genèse de son avatar Saul Goodman, étaient de retour pour une troisième saison de Better Call Saul sur Netflix (et AMC). Une troisième saison toujours sous la houlette de Vince Gilligan et Peter Gould, déjà auteurs de la série originale Breaking Bad, s'il est besoin de le rappeler. Alors, ces derniers ont-il réussi à insufler assez d'ampleur à l'entreprise pour la rendre toujours aussi digne d’intérêt, voire plus ? On fait le bilan de cette nouvelle saison. Attention spoilers !

 

Photo Bob Odenkirk, Jonathan Banks, Giancarlo Esposito

 

JIMMY GOT SAUL

Autant vous le dire tout de suite, cette troisième partie est plus riche et haletante qu'esperée. Les deux précédentes saisons ont su imposer ce ton si singulier et propre aux œuvres de Gilligan, avec une profondeur visuelle et une narration minutieuse. Mais elles ont un peu pêché à maintenir un rythme soutenu. La joie est de mise, donc, car ces dix nouveaux épisodes corrigent le tir haut la main. Centrée notamment sur la rivalité entre Jimmy et son grand frère Chuck, puis en parallèle sur Mike et son fameux rapprochement avec Gustavo Fring dans leur lutte contre Don Hector Salamanca, cette nouvelle saison tient toutes ses promesses. 

Commençons par cette affaire familiale, qui s'avère totalement fascinante et plutôt inédite en son genre. A savoir, une histoire d'amour fraternelle contrariée et empreinte de jalousie. Très proche de son frère ainé depuis son jeune âge (comme on peut le voir dans les quelques judicieux flash backs) Jimmy, parfaite figure tragicomique, s'est fait ici pièger par ce dernier en rapport avec l'affaire Mesa Verde pour laquelle il avait si judicieusement trafiqué les papiers dans la saison précédente. Chuck, qui a  fondé le fameux cabinet d'avocats HHM et toujours atteint d'une démente électrophobie, a en effet enregistré les aveux de son petit frère sur une cassette audio alors qu'il venait pour l'aider. Tout cela se termine dans un procés à la résolution jubilatoire (que nous nous garderons de vous révéler).

 

Photo Bob Odenkirk, Michael McKean

 

Voilà qui souligne donc un conflit fraternel viscéral, tragique et extrêmement touchant. Le vrai tour de force étant que nous sommes ici bien évidemment en empathie totale avec Jimmy, qui est pourtant le plus fautif dans l'histoire. A savoir, un escroc formidablement attachant, qui sème le mal en voulant faire le bien et vice versa. Il opère (enfin) sa mue en fameux Saul Goodman au détour d'une séquence filmée en VHS absolument jouissive. Même si pour l'instant, cet alias reste confiné à de la production vidéo pour des pubs télévisès. 

Le dernier épisode nous laisse néanmoins sur une note très sombre, qui ne fait que rendre plus complexe le personnage de Chuck, semblant succomber à la folie. Jimmy et Kim perdent eux leur cabinet d'avocats mais conservent l'envie de suivre tant bien que mal leurs passions communes.

 

Photo

 

BAILA CON POLLOS

Mike, de son côté, se rapproche malgré lui de Gustavo Fring, dans sa tentative avortée d'assassiner Hector Salamanca aprés que ce dernier ait menacé sa famille. Pour ceux qui auraient oublié, voici les prémices des événements de la sensationnelle saison 4 de Breaking Bad. Une connexion avec la série originale aussi judicieuse que jubilatoire.

Gus, campé par le toujours impeccable Giancarlo Esposito, reste ce gangster classieux, impassible, calculateur et impitoyable qui tente de faire tomber le brutal et odieux Salamanca. Il est toujours aidé de Nacho (Michael Mando), présent depuis le début de l'aventure et qui prend ici une ampleur bienvenue. Le tout, afin de faire de Los Pollos Hermanos les seuls passeurs de drogue du coin. La résolution est tendue, habile et cruelle à l'image de son personnage si charismatique.

 

Photo Jonathan Banks

 

JOUE-LA COMME GILLIGAN

Comme nous l'avions souligné dans notre bilan des premiers épisodes de cette saison, la mise en scène est l'autre gros point fort de ce spin off. Vince Gilligan rappelle ainsi Michael Mann dans son impeccable sens du cadre et des plans fixes qui frôlent parfois l'abstraction. Notamment lorsqu'il filme les personnages dans leurs réflexions et leurs errances.

Il fait ainsi preuve d'une minutie assez exceptionnelle pour mettre en image ce western moderne, situé en plein milieu de la ville d'Albuquerque aux décors désertiques et industrielles. La maestria de l'ancien auteur de X-Files est donc intacte. Mieux elle se perfectionne puisqu'elle nous a offert dix épisodes sans temps morts de grandes qualités

 

Photo

 

Parfaitement maîtrisée, haletante et singulière, cette troisième saison de Better Call Saul est un pur plaisir pour tous ceux qui ont aimé Breaking Bad. Son auteur affiche une nouvelle fois toute sa maîtrise de la mise en scène et du storytelling. Il parvient ainsi à développer brillamment le personnage de Jimmy McGill. Son univers est bien l'un des plus fascinants vu sur le petit écran depuis longtemps. 

 

Affiche

Tout savoir sur Better Call Saul

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commentaires
StarLord
22/06/2017 à 17:11

@postman 1 ou 2 saisons max je pense. Je ne la vois pas durer plus que sa grande soeur. Comme pour cette dernière, Gilligan saura s'arrêter à temps (j'espère!)

postman
22/06/2017 à 16:35

Chronologiquement parlant, nous sommes en 2003
ça pourrait donc durer encore 5 ans au moins...

Zanta
22/06/2017 à 16:33

Il est évident que la série a encore deux saisons grand max dans le ventre...
Espérons que le rythme se densifiera encore davantage.

StarLord
22/06/2017 à 16:19

Une excellente saison 3, après une S02 vraiment mou du genou. Là on sent que tout s'accélère et nous rapproche de BB.
Gros coup de coeur sur l'épisode 3 centré sur Frings dans lequel on se croirait dans un épisode de BB!
La mise en scène est absolument magnifique.
Bravo Vince Gilligan!
Vivement la suite...

postman
22/06/2017 à 15:35

Excellente saison 3 (à l'exception de quelques scènes redondantes, genre la revente des pubs...
Saison 4 pas encore commandée....