Critique : Appleseed

Stéphane Argentin | 22 juillet 2005
Stéphane Argentin | 22 juillet 2005

Depuis l'avènement du numérique et la course à la surenchère visuelle qu'une telle (r)évolution a entraîné, le cinéma d'animation a suivi le même chemin que son alter ego fait de chair et de sang, ponctué de hauts (les films Pixar, encore et toujours au top) et de bas (les Pinocchio, Pollux et autres Gaya, beaucoup plus paresseux). Entre ces deux extrêmes, certains tentent de concilier réussite artistique (l'histoire) et technique (l'animation) pour des résultats plus ou moins protéiformes. Dernier exemple en date : Appleseed. Adapté du manga papier imaginé par Shirow Masamume, également à l'origine de Ghost in the shell, Appleseed souffre hélas du même syndrome qu'Innocence, le second Ghost in the shell réalisé par Mamoru Oshii, ou encore Wonderful days du coréen Kim Moon-Saeng : une claque visuelle associée à un déluge de termes technico-scientifiques (et surtout philosophiques dans le cas d'Innocence), ne servant au final qu'à masquer une fausse complexité narrative.

Dans les trois cas, le contexte socio-économique est identique : un monde post-apocalyptique où la survie de l'espèce humaine au sein d'une ville refuge stratosphérique passe par une cohabitation plus ou moins fusionnelle entre l'homme et la machine. Mais épurées de toutes leurs considérations théologiques et verbeuses, les trois intrigues se résument assez vite à des quêtes de vérité finalement assez simples. Et si Innocence s'en sortait bien grâce à un traitement dense (à condition de ne pas décrocher devant la déferlante de citations philosophiques), Wonderful days était déjà moins bien servi avec sa narration multipistes beaucoup trop confuse.

Course contre la montre à la recherche d'une vérité enfouie dans les limbes d'un douloureux passé sur fond de dernières avancées en matière de cybertechnologie (des « bioroïdes » mus par des sentiments et dotés de la faculté de procréer), Appleseed se situe à mi-chemin entre ses deux prédécesseurs avec un début faussement confus et élaboré qui se dirige peu à peu vers une résolution finale aussi embryonnaire que la clé du problème.

En dépit d'un habillage aussi époustouflant qu'irréprochable (la scène d'introduction, à l'image des 90 minutes suivantes, est une véritable claque visuelle) et de développements thématiques appréciables et déjà éprouvées (Blade runner, I, robot) sur fond de musiques techno-rock, Appleseed n'est hélas pas encore cette nouvelle grande référence de l'ère de l'animation numérique venue d'Asie que l'on attend depuis déjà bien longtemps.

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