Critique : Graffiti bridge

Julien Foussereau | 9 mai 2008
Julien Foussereau | 9 mai 2008

On imagine bien les réunions parents-professeurs durant l'enfance de Prince : « Roger a créé des choses intéressantes avec la pâte à modeler... bon, c'est évident qu' il n'a pas encore dépassé le stade anal, il s'accroche à ses idées néanmoins ! Soyez fière, Mme Nelson : votre fils a beaucoup de goût ! Très mauvais, certes, mais beaucoup ! » Finalement, les choses n'ont pas beaucoup changé. Prince a persisté dans sa conception artistique surannée (ou autiste, faites votre choix !), qu'elle soit musicale ou cinématographique. La preuve avec Graffiti Bridge, suite officieuse de Purple Rain.

 

A l'exception des fans hardcore de Prince, le commun des mortels avait supplié ce dernier de ne plus jamais toucher à une caméra après Under the Cherry Moon. Mais « Prinssou » n'a que faire de ces pisses-froids qui n'y connaissent rien car l'heure est grave. Plus question ici d'amours contrariées sur la French Riviera. Graffiti Bridge, c'est du lourd, du politique. Comme il était écrit sur l'affiche au moment de sa sortie :

 

La MUSIQUE est le POUVOIR
 
L'AMOUR est le MESSAGE

  La VERITE est la REPONSE

  Une histoire comme seul Prince pouvait la raconter...

 

 

...c'est à dire en la noyant sous trois tonnes de spiritualité de bazar, d'esthétique à la Batman affreusement digérée et de soupe musicale pseudo hip hop / funk à vomir par les oreilles. Under the Cherry Moon atteignait déjà des sommets dans le registre de la souffrance audiovisuelle. Pourtant, la simple présence de Michael Ballhaus, chef opérateur de renom, le rapprochait d'un nanar de facture correcte. Par son maniérisme pompeux, Graffiti Bridge n'est qu'un long clip insupportable dans lequel Prince nous les casse avec ses anges, ses combats musicaux chorégraphiés et sa morale finale christique grotesque, annonçant sa chiantissime époque Love Symbol.

 

18 ans après, Graffiti Bridge démontre par sa ringardise qu'un laps de temps est souvent nécessaire pour percer à jour les plus grandes supercheries. Prince en Jésus à talonnettes de 12cm en est une bien belle, au point que même ses fans les plus fervents dissimuleront mal leur gène devant ce spectacle mégalo et putride.

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