Critique : Louise-Michel

Sandy Gillet | 23 décembre 2008
Sandy Gillet | 23 décembre 2008

« Pour noël offrez-vous un patron ». Rarement un sous-titre sur une affiche n'a été aussi bien trouvé. Rarement affiche d'ailleurs cette année n'a été aussi évocatrice ou ne tente de nous vendre plus que ce qu'elle a dans le buffet : ici un film qui raconte le destin de deux personnages atypiques (le mot est faible) qui se sont donnés pour mission de dézinguer un patron. Pas un patron issus de Modes et Travaux hein ! Un vrai patron. Celui qui juste avant noël offre de nouvelles blouses de travail à ses couturières (v'là le cadeau déjà) et qui le 26 décembre a déguerpi avec l'ensemble des machines pour ne laisser derrière lui qu'ouvrières frappées de plein fouet par l'injustice sociale.

 

Mais attention elles ont décidé de réagir les ouvrières et avec les indemnités perçues (2 000 euros par personne pour 20 ans de bons et loyaux services - Sic !) et sous l'impulsion de Louise (Yolande Moreau au top de sa forme) elles engagernt un tueur professionnel. Ce sera Michel (extraordinaire Bouli Lanners que l'on n'arrête plus de voir entre autre cette année dans J'ai toujours rêve d'être un gangster et surtout dans Eldorado qu'il a réalisé). En fait, un marginal un peu paumé dans notre monde et le sien qui s'improvise depuis un temps incertain flingueur de chiens et autres bêtes récalcitrantes, odorantes et nuisibles d'un point de vue sonore.

 

Ensemble ils vont remonter la filière des holdings, sociétés off-shore et autre paradis fiscal aussi improbable que réel. Ils vont aussi se découvrir, s'aimer, se haïr, à nouveau s'aimer et aller jusqu'au bout de leur « rêve ». Et nous de nous laisser avec un sourire au coin des lèvres conscient d'avoir visionné le meilleur du couple Delépine / Kervern (si ce n'est certains sketches du Groland dont la mini série Don Quichotte de la révolution, par ailleurs matériau initial de Louise-Michel). Conscient aussi qu'il s'agit là d'un petit brûlot qui assène ses vérités sociales et politiques sous couvert d'un humour noir, potache et toujours décalé. Ce qui fait la différence avec Aaltra et Avida, leurs deux premiers films, c'est le rythme enfin maîtrisé de l'écriture qui ne part plus dans tous les sens. Cela donne certes quelque chose de moins « anarchique », de plus « assagi » mais cela permet d'aller enfin au bout de ses intentions et donner au film sa respiration profonde.

 

Louise-Michel n'est pas parfait (il s'agit tout de même d'une fable sociale) mais restera sans  aucun doute le seul film contestataire de cette année. Et le fait de le voir débarquer un 24 décembre devrait nous inciter à croire à nouveau au Père noël !

Résumé

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commentaires
TROP DE PUB
19/05/2021 à 17:57

ELLE EST OU VOTRE BANDE ANNONCE....

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