Critique : 3 Coeurs
Du côté de la mise en scène, on est là dans quelque chose de classique et efficace, mettant en valeur les émotions dans des gros plans de visages privilégiant les mouvements fluides de la caméra au lieu d'un montage qui les désunirait. Mais rien d'original ni d'inventif ne ressort ici, juste une impression forte de déjà-vu. C'est aussi le cas du scénario, triangle amoureux banal, qui cumule certaines invraisemblances, laisse des éléments de côté, amuse parfois involontairement, ou se complait en métaphores filées inutiles (à quoi servent les passages sur le redressement fiscal du maire, sinon à signifier que le seul moment où Poelvoorde n'est pas un lâche c'est dans son travail, là où il est coupé de toute relation affective, ce dont on se doute depuis le début ?).
On a l'impression que le moment qui reflète le mieux le film se situe lors du déménagement où l'acteur demande à sa compagne, en lui montrant une chaise, « Qu'est ce que je fais de ça ? » et elle de lui répondre : « Tu t'assois dessus ». C'est terre-à-terre, faussement logique, dénué de toute poésie, plat et vain. Mais certains spectateurs ont besoin de leur quota de réalité et d'un peu de romance triste, c'est sûrement à eux que Benoît Jacquot s'adresse.
En bref : un excellent casting pour pas grand chose.
Lecteurs
(2.3)