Barry saison 3 : critique qui ne rigole plus vraiment sur OCS

Alexandre Janowiak | 14 juin 2022 - MAJ : 14/06/2022 14:57
Alexandre Janowiak | 14 juin 2022 - MAJ : 14/06/2022 14:57

Bill Hader et Alec Berg nous auront fait languir pour connaître le sort des personnages après le final extrêmement tendu de la saison 2 de Barry, puisqu'il aura fallu attendre plus de trois ans pour que la saison 3 débarque sur HBO (ou OCS en France). Heureusement, l'attente valait le coup puisque Barry plonge encore un peu plus ses personnages dans un enfer sans retour durant huit épisodes merveilleux.

sur le chemin de la rédemption

"Le pardon, ça se mérite". Dès la fin du premier épisode, Barry enfonce son anti-héros éponyme dans un dilemme moral toujours plus complexe. Alors qu'il s'apprête à tuer Gene Cousineau (Henry Winkler), le monsieur ayant essayé de le piéger dès la reprise de cette saison 3 pour venger Janice Moss, Barry a-t-il une échappatoire ? Est-il possible qu'il trouve finalement sa rédemption personnelle dans le pardon de ses victimes, de leurs familles ou des deux seules personnes qu'il aime véritablement (Gene Cousineau donc et Sally, Sarah Goldberg à son meilleur) ? Comment peut-il les convaincre qu'il est vraiment une bonne personne ? Et surtout, comment peut-il se convaincre qu'il en est une ?

C'est en partie la ligne conductrice qui va diriger le personnage de Bill Hader durant cette saison 3. Une quête de pardon qui va nous plonger dans une histoire aussi jubilatoire que tragique, les situations violentes, tendres, gênantes ou drôles se succédant comme si de rien n’était, dans un déluge de cynisme aussi cruel qu'hilarant.

 

Barry : Photo Bill Hader, Henry WinklerUn duel se transformant en duo ?

 

Il est d'ailleurs difficile dans le paysage télévisuel actuel de trouver une série aussi habile dans la bascule des tonalités. Difficile même de classer véritablement Barry dans une catégorie prédéfinie, tant cette saison 3 amplifie les grands écarts émotionnels, bousculant à chaque séquence ses personnages au coeur de conflits intérieurs aussi sombres qu'éblouissants. Parce qu'en effet, d'un côté, Barry conserve sa patte humoristique légendaire dans cette nouvelle salve d'épisodes.

À travers quelques trouvailles jouissives (notamment autour du personnage de Hank, toujours, ou du système hollywoodien, algorithmes à la Netflix...), on rit à gorge déployée devant de nombreuses séquences. Dans cette saison 3, l'humour noir et le burlesque se côtoient avec une aisance déconcertante et un en train rarement vu sur le grand écran. Et pourtant, de l'autre, Barry devient de plus en plus sombre, autrement plus pessimiste que les saisons précédentes, enlisant son anti-héros jusqu'à un enfer qu'il craint ne plus pouvoir éviter.

 

Barry : Photo Bill HaderUne vision de l'enfer

 

le non-sens de la vie

Barry offre ainsi des arcs doublement tragiques à ses personnages. Car au-delà de Barry lui-même, tous les personnages sont plus ou moins impactés par le sort de Barry, et c'est ce qui fait tout le paradoxe du personnage. Finalement, en côtoyant l'affreux tueur à gages se rêvant acteur, ses proches Sally, Gene, Fuches ou même Hank ont pu développer leur meilleur : Sally a percé à Hollywood, Gene a repris contact avec son fils, Fuches a trouvé refuge loin de tout et Hank vit une histoire d'amour avec son ennemi. Si la saison 1 suivait Barry au moment où sa vie prenait un véritable tournant, dans cette saison 3, la série suit bel et bien, le tournant existentiel de multiples personnages dorénavant.

Et si étrangement, Barry a donc eu un effet positif sur son entourage, ouvrant des réflexions passionnantes sur la masculinité toxique, la virilité maladive, la dépression ou le manque de confiance en soi, permettant aux personnages d'avancer enfin en étant eux-mêmes, il les a menés aussi au bord du gouffre. Car s'il a eu son bon côté, Barry a aussi (et surtout ?) exacerbé tous les sentiments de ses proches, désormais conscients d'une noirceur qui les rapproche toujours plus de l'implosion. Et ils sont déterminés à se venger/se battre pour éviter leur propre condition, quitte à trahir ou abandonner celui qui les a éclairés.

 

Barry : Photo Sasha GolbergSally, personnage aussi passionnant que méprisant

 

La mise en scène chirurgicale de la série (signée de Bill Hader sur cinq épisodes) est d'ailleurs l'un de ses points forts, offrant la possibilité à chaque séquence de déployer toute l'envergure des émois des protagonistes. Elle sait à la fois capter leur enfermement intérieur en les cloisonnant peu à peu dans des cadres resserrés, où ils semblent manquer d'air, étouffer, pris d'une peur panique. Puis, dans un autre temps, elle sait surtout capter l'absurdité de leur vie, voire le grotesque général de la réalité.

En résulte une de moments les plus dingues de la télévision récente, où Barry est poursuivi en moto dans les rues de Los Angeles. Dans la lignée du paradoxe existentiel animant la série, la séquence est filmée avec une sobriété hallucinante, quasiment sans dialogue, dans un style symétrique proche de Wes Anderson tout en suivant pourtant les traces d'un GTA, où la violence est à tous les feux rouges et derrière chaque virage. Et encore une fois, Barry parvient à être profondément drôle et tendu, fantaisiste et grave, surréel et crédible.

 

Barry : photoLa scène d'action parfaite ?

 

monsters

Mais plus encore que les personnages, Barry vient également bousculer les spectateurs eux-mêmes dans sa manière de suivre son anti-héros, de filmer ses déboires ou affronter ceux de ses proches. Car le spectateur a un rôle à part entière au visionnage de Barry. D'autant plus dans cette saison 3 qui questionne en permanence (encore plus que dans les saisons précédentes) le public sur le mensonge, la fine ligne entre le Bien et le Mal, leur lien inéluctable et paradoxal.

Et lors de l'épisode 7, lorsqu'un personnage ne cesse de demander à l'autre : "Aimez-vous Barry Berkman ?", dans une scène de plus en plus intense, où l'interrogé est de plus en plus écrasé par le cadre, son interlocuteur... c'est finalement la question que pose sérieusement la série aux spectateurs lui-même : aimez-vous Barry Berkman ?

Alors, aimons-nous Barry Berkman ? Avons-nous le droit de l'aimer ? Évidemment, nous l'avons aimé dès la première saison, même s'il y a tué des personnages, mais aurions-nous dû ? Et même, rire d'une telle violence, accepter ses actes aussi atroces, sa toxicité, ses mensonges... tout ça fait-il de nous des monstres ? Probablement oui, et c'est sûrement ce qui rend Barry encore plus passionnante : parviendrons-nous à trouver le pardon à notre tour ? Rien n'est moins sûr.

La saison 3 de Barry est disponible en intégralité sur OCS en France depuis le 13 juin 2022

 

Barry : Affiche française

Résumé

Barry continue à jongler entre un cynisme délirant et une noirceur cruelle pour mieux nous interroger sur l'absurdité de l'existence et notre rôle dans l'idolâtrie de nos anti-héros de fiction. Du grand art.

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.

Lecteurs

(3.5)

Votre note ?

commentaires
greg67
15/09/2022 à 22:16

La saison 3 m'a passionné du début à la fin. Encore meilleure que la 2 selon moi. En plus c'est drôle.

ttopaloff
25/07/2022 à 15:56

La série du moment, tout simplement. Qu'est ce que ça fait du bien !

Crat
15/06/2022 à 15:27

Toujours aussi bon Barry même si cette saison est carrément plus sombre que les deux premières ... Curieux de voir comment les personnages évolueront dans la saison 4 .

Saine22
15/06/2022 à 13:45

Très fan des 2 premières saison,..moins convaincu par cette dernière. ..des lacunes narratives, des longueurs excessives, un personnage féminin qui tourne en rond et moins de folie..à suivre néanmoins.

Fughes
14/06/2022 à 23:12

En effet, une série en constante métamorphose qui n'a pas peur de bouleverser son équilibre avec une cohérence et une justesse méticuleuse.
L'attente est plus que récompensée.

Pat Rick
14/06/2022 à 21:21

Un peu surcotée comme série mais c'est plutôt sympa à regarder.

Magnitude
14/06/2022 à 20:53

A mes yeux, la série est morte depuis que son double jeu a été découvert.

Les saisons 2 et 3 sont nulles. J'ai trouvé les arcs ennuyeux (son histoire d'amour, sa rédemption, son détachement avec Fuches et la vengeance de ce dernier, la BROmance des gangters), l'humour naze, et comme l'intrigue principal a été révélé, Bill Hader nous enfume comme il peut. Visiblement ça fonctionne, vu qu'il y aura une 4.

Après elles offrent quelques rare bons moments (le combat contre la jeune fille, dans le supermarket, la scène à moto).

Pour moi c'est devenu une série tampon qui me fait patienter entre d'autres séries.

Yalcon
14/06/2022 à 15:59

J'ai adoré cette saison 3.
C'est vraiment un pur plaisir, la fin de saison 3 va rendre l'attente de la S4 très dure !

Jojo
14/06/2022 à 15:43

Très bonne saison et complètement sur le cul du saison final !!!

votre commentaire