Star Trek : Picard saison 3 - critique d'un grand final qui répare les fautes sur Amazon

Manu | 7 mai 2023 - MAJ : 07/05/2023 16:48
Manu | 7 mai 2023 - MAJ : 07/05/2023 16:48
 

Après deux saisons plutôt rejetées par les fans et la critique, Star Trek : Picard, menée par Patrick Stewart, s’est terminée en avril 2023 avec sa troisième saison sur Amazon Prime Video. Une saison 3 de dix épisodes qui renoue avec l’époque de Star Trek : La Nouvelle Génération... au risque de perdre quelques néophytes au passage.

 

Dernier Contact

Pendant des décennies, et probablement encore aujourd’hui malgré le dépoussiérage initié par J.J. Abrams en 2009 avec les nouveaux films Star Trek, l’image de Star Trek pour le grand public a été biaisée et transmise à travers la pop culture. Une sorte de consommation par procuration, particulièrement en France où la série originale n’est pleinement arrivée qu’à la fin des années 80, plus de vingt ans après sa création par Gene Roddenberry. Et pourtant, ce sont probablement les fans eux-mêmes qui ont le plus de mal à s’accorder sur ce qu’est l’esprit de la franchise.

Série utopiste, progressiste (un progressisme des années 60, encore très blanc et masculin, marqué par un historique de traitement des femmes peu glorieux en coulisses) et jalon important de la science-fiction, la série originale de Roddenberry n’est pourtant pas la plus représentative de la franchise dans l’importance qu’elle porte à ses personnages et leurs relations. Une chose plutôt venue avec les films de la série originale dès la fin des années 70, mais qui ne trouve son maître étalon qu’une dizaine d’années plus tard avec La Nouvelle Génération et l’équipage de Picard. Cette famille de circonstance a progressé pendant sept saisons et quatre films sous l’ère Rick Berman, sélectionné par Roddenberry pour l’aider à créer la série, et qui reprendra les rênes de la franchise pour une vingtaine d’années. C'était l’Âge d’Or de Star Trek, jusqu’à ce que tout se termine par une série et deux films médiocres.

 

Star Trek : La Nouvelle Génération : photo, Patrick StewartLe futur dans les années 80

 

Post-Abrams, la franchise est revenue sur le petit écran via Alex Kurtzman, droit sorti de l’écurie Bad Robot (la boîte de production de J.J. Abrams), et qui était producteur et scénariste sur les films Star Trek et Star Trek Into Darkness. Il est venu donner un coup de polish à la franchise pour une nouvelle génération de spectateurs avec Star Trek : Discovery, en adoptant les transformations télévisuelles des vingt dernières années. On obtient des saisons plus courtes, feuilletonnantes plutôt qu’épisodiques, avec les curseurs poussés à fond sur les personnages et des fils rouges tournant constamment autour de mystery boxes – un procédé très usité dans l’écurie Abrams.

C’est dans ce contexte qu’est arrivée la première saison de Picard, excitante au début pour le fait de retrouver Patrick Stewart (mais aussi Jeri Ryan en tant que Seven of Nine, l’ex-Borg recueillie par le vaisseau Voyager dans la série éponyme), et contenant quelques bons moments d’émotion (la mort de Data, les retrouvailles avec Troi et Riker, ou la déclaration d’amitié de Q). Mais c'était noyé dans des saisons laborieuses de dix épisodes créant une frustration débordante ; voire de l’énervement quand des personnages Legacy sont tués pour le principe de choquer. Autant dire que la saison finale était attendue au tournant, pour voir si elle pouvait corriger ces erreurs.

 

Star Trek : Picard : photo, Gates McFaddenJean-Luc Picard  retrouve son amour perdu, Beverly Crusher

 

Nos étoiles changeantes

Pour cette troisième saison, la série change de direction. Officiellement arrivé en saison 2, le nouveau showrunner Terry Matalas était venu travailler sur cette troisième saison en parallèle de la production de la précédente. Vétéran de la franchise, puisqu’il a écrit sur Enterprise au début des années 2000, Matalas est surtout connu pour avoir été le showrunner de la série 12 Monkeys (adaptation de L’Armée des 12 Singes). Mais ce n’est pas le seul changement, puisque Patrick Stewart lâche le lest qu’il avait imposé au showrunner précédent, à savoir s’éloigner de La Nouvelle Génération.

En forme de soft reboot, la saison 3 oublie une bonne partie des personnages utilisés dans les deux premières, conservant Picard, Seven of Nine, et Raffi (Michelle Hurd), seule rescapée du casting récent. On retrouve enfin Picard sur un vaisseau de Starfleet, et son équipage historique se rejoint progressivement.

 

Star Trek : Picard : photo, Patrick StewartRéunion de famille galactique

 

Ce n’est cependant pas vraiment sur la formule que réussit cette saison, mais sur une nostalgie sentimentale bien trouvée. Ceux qui étaient frustrés d’avoir abandonné l’équipage avec le film Nemesis retrouveront ici vraiment la famille qu’ils ont quittée, et dont l’évolution et les sentiments sont palpables à l’écran, au risque parfois de désarçonner les fans qui n’aiment pas le changement (l’effet Star Wars 8, dira-t-on).

En dehors de l’équipage d’origine, Terry Matalas rend hommage à l’ère de Rick Berman, ramenant divers personnages et menaces venus des trois séries ancrées dans le 24e siècle (La Nouvelle Génération, Deep Space Nine et Voyager). L’intrigue ici nous confronte à un complot visant Starfleet et nous ramène les Changeants, ennemis métamorphes de la Fédération pendant la Guerre du Dominion qui dura plusieurs années (voir DS9).

Certes, certains personnages sont parfois toujours là pour mourir, comme l’Amiral Shelby (rappel subtil à l’assimilation Borg de Picard qui revient pour mourir dans l’épisode 8) ou la favorite des fans Ro Laren (dont on découvre la survie hors écran dans des interviews de Matalas). Mais les fans de longue date y trouveront une cohérence d’univers qui dépasse la simple utilisation d’easter eggs, en voyant que les éléments et les personnages disparus des écrans depuis des décennies ont continué à vivre et progresser dans cette vaste galaxie.

 

Star Trek : Picard : photoLes anciens Work et Riker, avec Raffi la seule survivante des premières saisons

 

Borg again

La série reste pourtant nommée Picard, et à juste titre. Si le ressenti d’un soft reboot est indéniable, le cheminement personnel de Picard maintient une cohérence sur les trois saisons. Le nouveau showrunner Terry Matalas parvient à faire résonner mieux que jamais cet arc avec de nombreux éléments venus de l’époque TNG, en revenant sur sa maladie (référence au final de TNG) ou encore son rejet de la famille devant sa carrière.

Malheureusement, il marche sur le fil du rasoir en invoquant un fils caché avec son ancien flirt, le Dr Beverly Crusher (Gates McFadden). Un trope déjà vu dans Star Trek (le fils caché de Kirk dans La Colère de Khan, le demi-frère de Spock en antagoniste dans L’Ultime Frontière, une sœur adoptive de Spock en héroïne de Discovery), et encore bien souvent ailleurs, mais qui vient appuyer sur les regrets d’un Picard qui a passé l’âge de la retraite.

 

Star Trek : Picard : photo, Ed SpeleersPicard et petit Picard

 

C’est peut-être dans ce passage de relais que tiendra l’intérêt pour les spectateurs néophytes, pour qui tous ces rappels au passé tomberont à plat. En plus de l’arrivée de Jack Crusher (Ed Speleers), cette saison 3 nous présente une nouvelle Nouvelle Génération de personnages, des filles de La Forge (LeVar Burton) à Seven of Nine et Raffi, dont les histoires sont loin d’être terminées.

Matalas capte ici une partie de l’esprit de Star Trek : le renouvellement permanent des générations de Starfleet, qu’on finisse par les voir à l’écran ou non. Ici, on aura vu la fin d’un équipage parmi beaucoup d’autres.

 

Star Trek : Picard : photoL'ancienne nouvelle génération

 

Bien sûr, tout n’est pas parfait, même pour les fans. Si le syndrome est bien moins présent que sur les saisons précédentes, l’intrigue se tire un peu en longueur pour tenir en dix épisodes, allongeant inutilement le mystère autour de Jack pour finir sur les Borg. Un vilain ultime logique connaissant Picard, mais vu et revu au point de lasser, et gâcher le début de saison et son utilisation des Changeants (qui perd en cohérence et en puissance narrative).

Heureusement, cette intrigue ne s’effondre pas dans un épisode final qui aura probablement demandé une partie conséquente du budget de la saison. Picard a le droit à une fin grand spectacle et émotionnelle, qui fait lâcher plus d’une larme en ne laissant aucun personnage de côté. De quoi terminer le cœur léger, à espérer voir la nouvelle génération prendre le relai. Une chose qui dépendra probablement de l’accueil des fans.

La saison 3 de Star Trek : Picard est disponible en intégralité sur Amazon Prime Video en France

 

Star Trek : Picard : Affiche

 

Résumé

 

S’il est toujours impossible d’établir les règles d’un esprit Star Trek unique, Terry Matalas est au moins parvenu à capturer en partie celui de la transmission inhérente à la franchise. Avec cette saison 3, il a ramené la famille de La Nouvelle Génération pour lui donner une conclusion bien plus satisfaisante que Star Trek Nemesis.

 
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Lecteurs

(3.3)

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commentaires
MagiX
15/07/2023 à 13:17

Perso dans cette série "Picard" je ne retrouve en rien ce qui fait que star trek est star trek
C est 3 saisons d un jean luc picard cenile qui veut toujours être le chef de clamp
La pire de toute les série star trek

Quand a dire que n'est génération est la meilleure, c'est très difficile
Deep Space nine était tout aussi quali si ce n' est plus par une approche plus sombre
Next génération ça faisait plus "la croisière s amuse" comparé à ds9
En récent j ai adoré la fraîcheur de lower deck, et "strange New World" un bon reboot qui dépoussière la toute première série devenue trop kitch

Entreprise avec Scott bakula était également excellente
Voyager mi figue mi raisin qui a vraiment décollé avec l arrivée de seven

Quand à l espèce de machin "Prodigy" c est un ovni

Au lieu de regarder la série "Picard" regardé plutot "the orville" ça l explose sans probleme

Bela Lugosi
29/05/2023 à 03:04

Beaucoup de plaisir à regarder cette nouvelle/ultime saison avec Picard. Scénario qui tient la route, protagonistes/acteurs/actrices qui font bien le show, avec des dialogues et des personnages biens ancrés. Notamment cette actrice, que je trouve magnifique, dans le rôle de la "méchante", enfin une saison, à la hauteur de cette franchise !


18/05/2023 à 12:03

J'ai assez rapidement arrêté en début de 2è saison. Je trouvais que montrer un Picard vieillissant pouvait être une chance d'écorner cette utopie peut-être blanche et masculine, mais surtout très militarisée, autoritaire, verticale.. c'est bon, je crois de rappeler ce qu'il y a derrière l'étiquette "utopie blanche masculine". Le fait qu'on se retrouve encore avec l'évocation d'une possible transmission d'héritage à un fils aîné n'est pas anodin... si on prend au pied de la lettre les discours que les personnages tiennent dans les séries Star Trek, le recours au thème de la famille (le travail et la patrie) n'aurait aucun sens, mais si on regarde les attitudes et les comportements des personnages montrés comme des parangons de vertu (y a des fans de l'univers qui parlent de finesse des dilemmes moraux ; j'ai vu ailleurs des lourdeurs plus fines), l'utopie Star Trek pue le brun. Alors c'est relativement humain hein, mais en fait les atrocités peuvent être commises par des gens très sensibles et très aimables avec leurs proches, c'est un peu le côté terrible de l'humanité d'ailleurs.

Bentud
17/05/2023 à 23:56

Et Laris dans tout ça ?

Star trek surgelé
07/05/2023 à 20:41

Excellente saison 3 qui a seulement quelques années de retard. J'ai beaucoup aimé la saison 1 de strange New World malgré deux épisodes creux. Discovrery est pour moi la verrue des nouvelles séries star trek.

Smeagol
07/05/2023 à 20:38

Je ne suis pas d'accord avec vous. Surtout la phrase qui parle de famine de mort et de guerre.
Depuis ds9 et un peux avant on savait très bien que seul la fédération était en paix et cela en interne uniquement.
Le reste de la galaxie est loins d'être en paix. La bajoran les Cardacien, le bring... J aurais pas aimer m'en approcher . Rien que les ferengui ou tous a un prix. Même la famille. Et pourtant a l'époque on ne criait pas au scandale. Franchement même si loin d'être parfait ( javoue même si c'est data ++ qui pilote, se déplacer ainsi c'est nimp lol) Y a plein de valeur tjs présente dans cette série. Rien que saison 1 la sauvegarde de nouvelle vie artificiel et ceci alors même qu'elle risque d'appeler a un genocide de toute vie organique. La mort de Q tjs cohérente, il le dit lui même arrêter d'être si linéaire ... Des saison qui parle de valeur de sacrifice et de confiance.
Et d'héritage. Du fans service plutôt bien doser qui ne prend pas le pas sur l'histoire. Vous voulez parler de connerie scénaristique on reparle de certain épisode de voyageur... vraiment ? Franchement pas parfait mais très nostalgique sans en être pompeux et des histoire plutôt bien raconter. Et surtout nettement mieux que les films de jj abrams...

Altaïr Demantia
07/05/2023 à 14:30

Picard est, pour moi, le pire de Star trek. Les autres dérivés récents ont quelques points qui jouent en leur faveur, mais Picard ? Rien. Rien de rien.

Si les fx sont d'un niveau correct, ils ne sont au service de rien d'autre qu'un fan service outrancier qui se fout complètement de l'univers Star trek. En fait, on est dans de la Starwarxploitation bas de gamme et chiante. Star trek n'est pas Star wars. Il y a un fond scientifique et politique dans Star trek qui en fait une oeuvre de SF et pas de Science Fantasy.

Dans Picard on est dans le WTF permanent. Et ce n'est même pas divertissant, juste rasoir.

Alors que Star trek Next Generation était une des meilleures itérations, Picard ruine tout avec ses personnages débiles, ses intrigues sans queue ni tête, son "tous les chemins mènent au Borgs", le fils caché, et "il faut absolument reformer la vieille équipe dans son vieil Enterprise avec son pont couvert de moquette d'un autre temps. Bref, c'est moche, nul et ça ne fait que ressasser bêtement le meilleur de Star trek sans jamais parvenir à se mettre au niveau des anciennes séries.

Si on peut se réjouir, si on aime cet univers, que Star trek trouve un nouveau souffle dans des séries dérivées, on peut aussi se désoler de voir ce que les showrunners en font. Comme pour la plupart des choses produites depuis que JJ Abrams a mis ses gros doigts plein de Lucas dans la franchise, c'est du contenu qui croit que plus de fx numériques et de batailles spatiales peuvent remplacer une bonne intrigue.

J'attends une bonne série nous décrivant, enfin, cette société fondée sur l'abondance, la fin des maux de l'Humanité et tournée vers l'exploration spatiale et la paix.

Arnaud (le vrai)
07/05/2023 à 13:51

Je ne partage clairement pas les mots du ou des auteurs de cet article
Alors certes on est loin de la catastrophique saison 2 qui, même au delà de l’esprit Trekkien, était même une série de science fiction complètement stupide

Point de cela ici puisque l’affront se limitera globalement à l’esprit Star Trek (un néophyte de cette franchise pourrait regarder cette saison 3 sans trop s’ennuyer)

Lister tout ce qui ne va pas vis-à-vis de Start Trek serait extrêmement long et a déjà été fait avec talent par d’autres ailleurs, notamment sur le site Unification
Tout ce viol est résumé finalement en une phrase de Jack Crusher qui déplore la misère, les guerres, les famines … il aurait fallu expliquer au showrunner que Star Trek parle justement d’une société utopique où toutes ces horreurs ont disparu …

Au delà de l’histoire, on a du mal à croire en l’évolution de certains personnages comme Worf qui se transforme en Jedi plein de sagesse ou Bervely Crusher qui n’hésite pas à vouloir anéantir les derniers représentants d’une espèce pour sauver son fils (Wesley Crusher appréciera puisqu’elle n’a pas eu ces pensées pour lui quand le danger était réel a l’époque)

On rajoute les conneries scenaristiques (des vaisseaux liés entre eux, une passerelle qui s’ouvre dans le vide, des Borgs présent autour de Jupiter depuis des décennies sans que personne ne le sache, un big-D qui se pilote dans un cube Borg comme on pilote un X-Wing dans l’étoile se la mort, ou encore le retour de Q qui visiblement s’est bien remis de sa mort dans la saison précédente), et on arrive a une série certes très dynamique, mais au scénario stupide et à l’esprit trekkien inexistant. Soit conforme à tout ce qui porte le nom de Star Trek depuis 2009
Finalement une série dans l’ère du temps … plus pour les anciens fans de cette franchise qui s’est donc clairement terminée à Star Trek Némésis

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