Titans saison 4 : critique à feu et à sang sur Netflix

NEW TEEN TITANS

Étrange histoire que celle de Titans. À ses débuts en 2018 comme la première création originale de la plateforme de streaming DC Universe, qui n'existe plus aujourd'hui, la série proposait une adaptation de super-héros différente de l'Arrowverse et de ses intrigues de soap opera. Un ton plus sombre, plus nerveux et plus violent qui essayait de retrouver la noirceur des films réalisés par Zack Snyder et qui se rapprochait des séries Marvel sur Netflix comme Daredevil ou The Punisher, sa seule concurrence à l'époque.

Mais en cinq ans, les histoires de super-héros à la télévision et sur les plateformes de streaming se sont multipliées. Les séries Marvel sur Netflix ont laissé place à celles du MCU sur Disney+, encore plus nombreuses, et tous les espoirs qu'avaient placé les fans de DC dans Titans ont disparu à force de flashbacks insipides et d'intrigues secondaires qui n'ont aucun sens. Même après avoir migré sur HBO Max, la série de Greg Berlanti, Akiva Goldsman et Geoff Johns n'a jamais essayé d'évoluer, ou seulement de corriger ses défauts.

Teen Titans, go !

Cette quatrième saison ne fait pas exception : après un premier épisode qui emmène les Titans à Métropolis, où la série fait miroiter l'apparition de Superman avant de se rabattre sur une version de Lex Luthor tristement inutile (mais incarnée par un Titus Welliver toujours aussi charismatique), le scénario retombe aussitôt dans ses travers. Et il enchaîne tout de suite les histoires de pertes de pouvoirs, de chuchotements étranges et de visions magiques.

Et ce qui avait débuté comme une adaptation prometteuse ne ressemble plus qu'à un étrange mélange entre Arrow et Legends of Tomorrow, mais avec de meilleurs costumes, une photographie plus sombre et des scènes d'action moins atroces que les autres productions du genre (quoique).

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DCEASED

Pour cette dernière saison, Titans revient aux origines en confrontant l'équipe de jeune héros à la magie noire et à l'occulte à travers deux vieux ennemis tirés des comics de Marv Wolfman et George Perez : Brother Blood (Joseph Morgan) et sa mère, Mother Mayhem (Franka Potente). Tous les deux sont adeptes d'un culte appelé l'Église du Sang, qui tente de réveiller le démon Trigon (oui, le père de Raven que les Titans ont vaincu au début de la saison 2).

Alors que la troisième saison à Gotham s'articulait principalement autour de Bruce Wayne, du retour de Jason Todd sous le masque de Red Hood et de l'Épouvantail dans une ambiance de thriller plus ridicule que tendue, la série bascule cette fois dans une atmosphère horrifique et surnaturelle qui lui correspond étrangement mieux. Les premiers épisodes versent immédiatement dans l'horreur, que ce soit à travers des meurtres brutaux, des pluies diluviennes de sang qui s'abattent sur la ville ou des rituels sacrificiels qui font apparaître des serpents à l'intérieur de certaines personnes, et ce changement de ton, plus graphique que d'habitude, est plutôt encourageant.

Le diable dans la peau

L'incursion de la magie dans l'univers super-héroïque des Titans fonctionne mieux que dans la première saison et le scénario lance plusieurs idées qui ont toutes du potentiel : un mystérieux tueur masqué, des zombies, une scène de combat dans un club de magie noire qui rappelle Blade et Constantine, un passage inspiré d'Alien où le xénomorphe est remplacé par un monstrueux reptile, ou encore un huitième épisode où Nightwing et Starfire sont lobotomisés pour rester prisonniers d'une ville entre Wayward Pines et Le Prince des Ténèbres.

La réalisation n'a donc rien à envier aux autres productions du genre et le casting continue de porter la série, notamment Brenton Thwaites qui est parfait en Dick Grayson, aussi bien pendant les scènes de combat que dans les moments plus calmes. Malheureusement, l'écriture, elle, est toujours désastreuse.

Oui, Brenton, tu es beau, tu es fort, mais ça ne suffit pas

IDENTITY CRISIS

Alors que cette quatrième saison démarre sur une partie de bowling dans laquelle l'équipe de héros apparaît pour la première fois comme la famille qu'ils prétendent être, Titans continue de les séparer et de les embarquer dans des sous-intrigues absurdes. Elles cassent alors le rythme et n'apportent rien d'autre que des rebondissements sans intérêt (y compris dans l'épisode huit).

Plutôt que de s'intéresser à Superboy et sa quête d'une figure paternelle, la bisexualité de Robin ou l'histoire de Jinx, la pétillante anti-héroïne qui aide Nightwing et la bande, le scénario passe d'une intrigue à l'autre trop rapidement pour pouvoir s'impliquer un tant soit peu dans ce que vivent les personnages. Leurs personnalités changent de façon tellement drastique que leurs agissements, et le scénario en général, n'ont plus aucun sens : Brother Blood alterne entre le peureux qui n'a pas confiance en soi et le gourou sanguinaire qui veut libérer le mal sur Terre ; Superboy passe du gentil héros au psychopathe calculateur sans que ses motivations soient justifiées, et Tim Drake gagne son costume de Robin sans rien faire à part rester derrière des écrans.

Starfire, tristement éteinte malgré le talent d'Anna Diop

Les dialogues sont au mieux génériques, au pire affligeants, et la gestion des super-pouvoirs est tout aussi aberrante. Pour preuves, le personnage de Starfire développe un étrange pouvoir cosmique uniquement pour les besoins du récit quand la puissance de Mother Mayhem varie selon les épisodes et les mouvements de son bâton magique.

Beast Boy, à lui seul, illustre tous les problèmes de la série : après quatre saisons, le personnage continue de se battre en faisant du kung-fu au lieu de se changer en animal quand il veut, mais gagne un pouvoir de transformation totalement absurde dans l'épisode 5. Le pire étant l'entièreté de l'épisode 9 écrit par Geoff Johns, dans lequel le jeune héros voyage dans un monde magique et observe le multivers de DC dans une scène visuellement immonde qui résonne étrangement avec la fin de The Flash.

Quand tu veux te changer en gorille, mais que la production a dit non

Tout est bon pour rallonger le récit et faire du remplissage. Si bien que la conclusion, comme le reste, est totalement bâclée. Jusqu'au bout, Titans n'aura été qu'une déception, un immense gâchis qui n'aura jamais su quoi faire ou raconter avec ses personnages alors qu'elle aurait pu être une des meilleures séries de super-héros de DC. C'était il y a longtemps.

La saison 4 de Titans est disponible en intégralité à partir du 25 juin sur Netflix.