Hijack : critique d'un vol contre la montre sur Apple TV+

air force idris

C'est avec une joie immense que l'on retrouve Idris Elba dans le premier rôle de la dernière née d'Apple TV+, jamais avare en bonne série. Il y interprète Sam Nelson, un négociateur en affaires qui décide d’embarquer dans un avion pour Londres pour rejoindre son ex-femme avec pour ambition de la reconquérir. Mais le vol ne va pas se passer exactement comme prévu lorsqu’un groupe armé prend l’appareil en otage, il va alors tenter de mettre à contribution ses talents pour que tout le monde s’en sorte indemne dans un voyage à haut risque où tout peut basculer à chaque instant.

Avec sa carrure, et un sujet en or, on aurait pu penser qu’Idris Elba s’en sortirait à la force de ses poings et de son courage. Il livre finalement une performance beaucoup plus nuancée, permettant l’essor d’un personnage faillible qui n’hésite pas à assumer son égoïsme dans un élan naturel de survie, reposant sur sa capacité à formuler logiquement ses intérêts. Mais en fin de compte, l'idée même de la négociation, qui aurait dû être au centre des mécanismes de la série, n'est que très peu exploitée, tout comme le charisme de son acteur principal.

Idris part en vacances

Le reste de la distribution pâtit également d’une écriture paresseuse, où aucun personnage ne sort du lot pour imposer le moindre moment de bravoure. C’est d’autant plus fragrant et frustrant concernant Neil Maskell, l’inoubliable Arby d’Utopia dans le rôle du grand antagoniste, qui n’offre jamais rien d’autre qu’un regard hagard et semble à mille lieues de la furie silencieuse dont il est capable. Et c'est ce même manque d'éclats malheureux qui vient contaminer tout le récit et le potentiel dément de son concept.

Un voyage utopique

7 heures chrono

En effet, à l'instar de l'illustre 24 heures chrono, Hijack a l'ambition de raconter son histoire en temps réel au cours de ses sept épisodes, soit les sept heures de vol entre Dubaï et Londres. Mais cet argument se retourne bien vite contre la série qui n'atteint jamais la maestria du suspense hitchcockien qu'on est en droit d'attendre devant les promesses de telles prémices. Et c'est d'autant plus dommage que le format sériel aurait pu donner un spectacle véritablement inédit, s'il avait su tirer profit des enjeux de son concept.

La série devient vite prisonnière d'une léthargie qui découle du naturalisme auquel elle prétend. Elle étire sa tension et n'évite pas les répétitions, qui nuisent alors à la crédibilité d'une menace qui met trop de temps à se définir véritablement. Ce n'est qu'après cinq épisodes que l'on comprend enfin les motivations des terroristes par exemple, permettant enfin au récit de s'emballer. La mise en scène, au cours d'une séquence tendue de messages à faire passer d'une classe à l'autre, tire enfin profit de l'horizontalité anxiogène de son décor. Et alors, on se met à rêver de ce que la série aurait pu véritablement offrir si elle s'était donné les moyens de faire décoller le spectateur.

La première classe de l'avion s'appelle Idris Elba

Mais le plus frustrant reste probablement le fait que la série est loin d'être totalement ratée ou honteuse. Elle ne parvient juste pas à se hisser à la hauteur des promesses de son idée d'origine, tout en enfilant les poncifs attendus par l'exercice du huis clos et du microcosme offert par le cadre de son récit.

Les deux derniers épisodes, de loin les meilleurs, parviennent malgré tout à enfin dynamiser l'action et relancer les enjeux. Ce faisant, ils nous rappellent malgré tout aux souvenirs assommants du crescendo laborieux qui nous a menés jusqu'au bout de ce voyage qui, au final, se sera déroulé sans trop d'encombres. C'est donc un vrai rendez-vous manqué pour une série qui avait pourtant toutes les cartes en mains pour offrir un spectacle sensationnel.

Hijack est disponible en intégralité sur Apple TV+ depuis le 4 août 2023 en France