The Walking Dead : Dead City - critique d'une presque très bonne surprise

Negagne

Bien qu’un peu racoleur, le concept annoncé par le premier épisode intriguait beaucoup. Les ennemis jurés de la série originale, Maggie et Negan (le second ayant massacré le mari de la première sous ses yeux lorsqu’elle était enceinte), se retrouvent obligés de collaborer pour sauver le fils de Maggie des mains d’un nouveau grand méchant. Ces deux personnages étant parmi les plus charismatiques et les mieux interprétés de l’univers Walking Dead, ainsi que les acteurs principaux de la séquence la plus traumatisante de la série, leur consacrer un spin-off était la bonne idée à avoir. Et le premier épisode était à la hauteur de cette promesse.

Thérapie de couple

Dommage que le postulat de départ s’essouffle très rapidement, car si cette nouvelle branche de l’univers a des qualités qui seront citées ici, l’esthétique marquée et la tension de l’épisode liminaire disparaissent dès le deuxième. En effet, la confrontation Maggie vs Negan laisse très vite la place à une dynamique molle au sein de laquelle Maggie est systématiquement contredite par Negan, force tranquille qui semble avoir constamment raison.

D’ailleurs, la séquence la plus gore de ces six épisodes montre deux facettes d’une même pièce : Negan opère un show cruel pour se faire respecter auprès de leurs ennemis, puis se retourne vers Maggie, l’air désolé, tandis que ses yeux disent “tu vois, quand j’ai explosé la tête de ton chéri gratuitement, c’était pour le bien de tous, comme aujourd’hui j’éventre un gars pour que ses potes ne nous emmerdent pas et ainsi sauver ton fils”. Le propos n'est pas inintéressant, mais facilement nauséabond, sans que la série le prenne suffisamment à bras-le-corps pour mener une réelle réflexion sur une potentielle légitimité de la cruauté.

"Oups, je l'ai tué et ensuite il est mort :(" 

walking Ventre mou

Soit on considère que la thématique a déjà été suffisamment épuisée par la série originale, soit on estime qu’il reste des choses à dire, mais se contenter de réhabiliter Negan par petites touches en montrant que parfois il sourit et parfois il a raison, c’est trop faiblard pour le choc des titans qu’annonçait le premier épisode. Le spectateur reste donc sur sa faim face à ce Negan trop lisse et cette Maggie quasi-muette et inutile, bien loin de ce qu’il était permis d’espérer.

La ligne 13 le lundi matin

À partir de là, les épisodes centraux de la série sont relativement vides et génériques. Le décor de Manhattan n’est plus du tout utilisé au profit d'égouts et de ruelles anecdotiques, et le côté bis et coloré du premier épisode disparaît. L’exception pourrait être l’apparition soudaine d’un super-zombie au design impressionnant et plein de potentiel, qui donne l’impression d’avoir voulu rivaliser avec l’infecté géant de The Last of Us II. Malheureusement, la créature est mise hors d’état de nuire aussi vite qu’elle arrive, et n’est pas du tout utilisée autant qu’elle le mérite.

En termes d’antagonistes, Negan étant devenu “gentil”, la série tente d’instaurer un nouveau grand méchant qui doit faire peur sans pour autant menacer le charisme de son modèle. Cet entre-deux du fameux “Croate” qui détient Hershel est donc un peu tiède, surtout qu’on finit par comprendre qu’il y a encore plus méchant que lui, mais que ce sera gardé pour la prochaine saison.

Maggique !

finir en beauté

En somme, les épisodes centraux font peu avancer l’histoire et rétropédalent beaucoup sur la psychologie des personnages, en plus d’abandonner presque totalement les partis pris esthétiques enthousiasmants du premier épisode. Rien de vraiment navrant, mais rien d’intéressant non plus. Heureusement que l’épisode final est là pour relever le niveau.

Difficile d’expliquer pourquoi, mais la série attend son épisode de conclusion pour enfin revenir à ses promesses de départ. Enfin, les séquences de nuit turquoise réapparaissent, Manhattan est réutilisée comme un décor à part entière, et les conflits internes de Maggie et de Negan reviennent sur le devant de la scène. Voilà ce qui était promis, au lieu des épisodes centraux plus ou moins interchangeables avec beaucoup d’autres de l’univers Walking Dead. Dommage que les réalisateurs n’aient pas su tenir ce cap sur six pauvres petits épisodes.

Couleur menthe à l'eau

Néanmoins, le premier et le dernier segment restent si encourageants et plaisants que l’impression globale de Dead City reste positive. Si ce spin-off méritait presque d’être fait sous la forme de film plutôt que d’être étiré sur des épisodes inutiles, le cliffhanger de fin de saison suffit à donner envie de voir la suite et de retrouver encore et toujours le terrible duo. En espérant que, cette fois, Maggie aura l’importance qu’elle mérite, que le discours autour de Negan sera plus fin et plus abouti, et que la série parviendra à réellement assumer sa propre esthétique.

The Walking Dead : Dead City est disponible en intégralité depuis le 24 juillet 2023 sur OCS en France