Episodes Saison Andor saison 1 épisode 6 : GoldenEye dans les étoiles

Après avoir fait monter la sauce chaque semaine, la série Star Wars Andor lance enfin à mi-parcours sa grande mission d’infiltration. Et c’est réussi.

ATTENTIONS : spoilers mineurs

Il a un mauvais pressentiment

Oeil de Solo

On l’a déjà évoqué avec les épisodes précédents et notamment notre critique de l'épisode 4 de Andor, mais la mise en scène de la série cherche depuis ses débuts à instiguer un sentiment d’immensité. Là où le fameux StageCraft utilisé par les autres séries Star Wars a vite engendré des scénographies étriquées, le choix d’un maximum de décors naturels crée ici une crainte teintée d’une certaine beauté. Nos personnages semblent plus que jamais engloutis dans les rouages tentaculaires de l’Empire, mais ils s’inscrivent également dans la grandeur d’une galaxie qui ne cesse de développer ses espèces, ses planètes, et ses coutumes.

Des coutumes dont il est justement question alors qu’Andor atteint sa moitié de saison. Tandis que la petite troupe de rebelles lance son offensive contre une base impériale sur la planète Aldhani, elle profite d’un événement céleste particulier comme d’une diversion : l’Oeil. Cette pluie colorée de météores apparaît non seulement une fois tous les trois ans, mais elle est un objet de culte pour les autochtones. Ainsi, tout l’épisode 6 est construit sur un montage alterné habile entre le déroulé de sa mission d’infiltration et la peinture des traditions culturelles des locaux.

Starbucks dans le futur

Le décalage peut laisser songeur, mais en plus d’imposer du suspense par le contraste, Tony Gilroy et la réalisatrice Susanna White remettent au centre de l’équation la raison d’être de la Rébellion : son combat contre le normativisme imposé par l’Empire. Le haut gradé caricatural de cet épisode explicite même cet état de fait. La dictature amoindrit les spécificités de chaque planète, et annihile les folklores alors qu’y réside la sève de l’univers de Star Wars.

Dès lors, Andor parvient à exploiter à merveille l’héritage visuel de la trilogie originale, et l'esthétique grisâtre d’une armée impériale qui a toujours rappelé les heures les plus sombres de notre histoire. Avec ce barrage aux airs de bunker de la Seconde Guerre mondiale, la série s’ancre toujours plus dans un dialogue entre la science-fiction et son rapport au réel.

On ne fait pas d'omelette sans Cassian des oeufs

Un casse, et ça repart

On pourrait reprocher depuis son démarrage son rythme en dents de scie et la stagnation de ses enjeux, mais il convient de voir dans cet épisode axé sur l’action l’envie de s’éloigner des canons du film d’espionnage. Certes, certains des protagonistes sautent du haut d’une structure à la manière de James Bond dans GoldenEye, mais l’on reste face à une poignée d’hommes et de femmes embarqués malgré leur manque d’expérience dans une guerre qui les dépasse. Ils ont eu besoin de cette préparation, et que les chapitres précédents explorent leurs doutes.

Et c’est même là qu’Andor tisse son lien avec Rogue One, où Cassian était introduit en rebelle sans foi ni loi, capable de sacrifier tout et n’importe qui pour la cause (et sa survie). Si l’épisode 6 martèle le besoin de pérenniser la culture, et de se remémorer d’où l’on vient, l’immensité de l’univers de George Lucas peut se montrer cruelle. Depuis le début de la série, on assiste à la disparition pure et simple de personnages, évincés malgré eux du récit, comme s’ils n’étaient qu’une poussière (d’étoiles) dans l’ampleur de cet imaginaire.

Aurore belle réal

Le final de Rogue One a su exploiter cette idée de la meilleure des manières, et Andor la retrouve au terme d’une fusillade qui fait disparaître certains protagonistes importants d’un simple coup de blaster. La séquence pourrait sembler manquer d’impact, mais elle est en réalité parfaitement dans le ton d’une création où ses héros sont contraints de laisser les autres derrière eux. Comme le reflète l’effet de style principal de ce chapitre (des plans sur des bottes), il faut continuer d’avancer, quitte à imposer un hors-champ qui condamne d’autres membres courageux de la Rébellion à l’oubli.

C’est en soi le parcours qui attend Cassian, et Tony Gilroy en tire une sorte d’ironie dramatique assez passionnante. Néanmoins, Andor souffrait jusque-là de son aspect plutôt morne, peu enclin à adapter sa dimension politique à l’inventivité rêveuse de Star Wars. Avec l’Oeil, la série a enfin l’opportunité de lâcher la bride et d’émerveiller dans une séquence d’évasion aussi magnifique qu’inédite, portée par la bande originale très à-propos de Nicholas Britell. Les rebelles s’éclipsent dans les couleurs flamboyantes de la pluie de météores, comme une autre forme de résistance face à la froideur de l’Empire. On ne pourra pas reprocher à la série d’être exigeante sur le plan thématique.

Un nouvel épisode d’Andor est disponible tous les mercredis sur Disney+ depuis le 21 septembre 2022.