Esprits Criminels - Saison 1

Zorg | 5 juillet 2006
Zorg | 5 juillet 2006

Nouveau drame policier issu des usines CBS, Esprits criminels occupe un créneau bien spécifique dans l'éventail de la lutte télévisée contre le crime : le tueur en série, ou serial-killer (Un quoi ? Un serial-killer. Un quoi !? Un serial-killer ! Ah, ok, un serial-killer…). Dans le coin gauche, nous avons donc le tueur psychopathe qui a des petits problèmes dans sa tête et qui ne demande qu'une chose, qu'on le laisse à ses fantasmes afin de tuer ses semblables en toute tranquillité, tandis que dans le coin droit, nous avons le profiler du FBI, armé et suréquipé pour traquer le dingo de la semaine.


N'en déplaisent à tous les détectives de la télévision et du cinéma qui traquent qui le délinquant de quartier qui le baron de la drogue, le tueur en série est certainement l'espèce criminelle la plus photogénique qui soit, avec le génie du crime à la Moriarty (qui à bien y réfléchir doit pouvoir en partie rentrer dans la catégorie précédemment citée). Sorte d'aristocrate du meurtre, le tueur en série concentre sur son humble personne tous les fantasmes possibles en matière de psychopathologie criminelle, tout en offrant un panel quasi illimité en matière de névroses, déviances et autres troubles émotionnels violents. Le pouvoir d'attraction et de fascination exercé par ce prédateur ultime n'a d'ailleurs d'égal que la brutalité et la sauvagerie des crimes commis, et il suffit de se pencher pour ramasser un Hannibal Lecter, un Son of Sam ou un Francis Heaulme, produits stars d'une génération de tueurs, réels comme fictifs, dont la notoriété dépasse le simple cadre des annales judiciaires.


Si le serial-killer a donc mangé son pain blanc (à défaut du foie d'un préposé au recensement) au début des années 90 dans des films que tout le monde connaît désormais, le régime est définitivement moins riche en ce qui concerne la télévision. On pourrait aisément supposer que le format d'une série télévisée se prête à la perfection aux aventures d'un tueur à épisodes, mais il faut bien reconnaître que l'on dénombre plus d'échecs que de succès en la matière. Le dernier ratage en date s'intitulait The Inside, qui a débarqué mardi dernier sur M6 à 22h45, mais on pourrait aussi mentionner Touching evil, une série au concept similaire sur les crimes violents, qui fit elle aussi un run très court en 2004 sur le câble, ou encore Killer instinct, qui n'a pas fait plus de trois épisodes sur la Fox à la rentrée 2005. Pire, même des shows analogues ayant eu une certaine longévité comme Profiler et, dans une moindre mesure le Millennium de Chris Carter, ont eu des carrières pour le moins houleuses (respectivement quatre et trois saisons).


Cependant, à la différence de ces dernières, Esprits criminels ne repose pas sur les aptitudes extrasensorielles ou parapsychologiques d'un personnage phare autour duquel gravitent des satellites plus ou moins utiles. Même s'il y a tout de même un agent leader, le show s'appuie au contraire sur une dynamique de groupe relativement bien huilée qui lui donne tout son intérêt.

Le show suit donc les enquêtes d'un groupe de profilers du FBI, le Département des Sciences du Comportement. (BAU, Behavorial Analysis Unit en anglais), spécialisé dans l'analyse comportementale et la traque de toute une ribambelle de psychopathes, tueurs en série, et autres criminels aux psychologies torturées. On compte bien un petit extra de temps en temps, avec une prise d'otage ou un enlèvement histoire de varier l'ordinaire, mais le fond de commerce reste bel et bien le serial-killer, plus ou moins complexe, plus ou moins raffiné selon les jours, et plus ou moins intéressant.


Comme dans tout bon procédural qui se respecte, la structure d'un épisode est immuable. L'unité est appelée à la rescousse par une autorité locale confrontée à une affaire dont la complexité dépasse ses compétences. Le jeu de piste commence quand l'équipe se disperse et procède aux premières analyses afin d'établir le profil psychologique du suspect, ou du moins de ce que les spécialistes appellent « l'unsub » (contraction d' « unkown subjet » en anglais, sujet inconnu). Le profil est alors présenté de manière très didactique aux laborantins des forces de police, chacun de nos spécialistes y allant de son petit commentaire pour détailler les processus mentaux du suspect. Cette scène marque la charnière de chaque épisode dans la mesure où le suspect est dès lors dans la ligne de mire directe des forces de l'ordre. Le filet se resserre alors progressivement autour de ce dernier, pour aboutir à sa capture ou à sa neutralisation.


C'est bien là que réside la principale difficulté pour un show focalisé sur les tueurs en série : présenter à chaque nouvel épisode un cas intéressant, suffisamment complexe pour maintenir le spectateur averti dans l'ombre le plus longtemps possible, sans pour autant perdre le spectateur néophyte ou dilettante dans les méandres d'une explication trop tirée par les cheveux. Le plus dur constitue donc à rendre crédible sur quarante-deux minutes, d'un côté un tueur avec une psychologie complexe, de l'autre le profilage effectué par l'équipe de spécialistes. Fort heureusement, les scénaristes s'acquittent de cette tâche avec les honneurs, et les intrigues ne sont pas excessivement schématiques. Le profilage à proprement parlé étant quant à lui des plus limpide grâce à des effets de morphings des plus réussis pour basculer d'un lieu à un autre.


L'autre gros écueil auquel est confronté Esprits criminels est bien évidemment celui de la censure. Avec un sujet aussi délicat, il faut bien reconnaître que certaines histoires s'avèrent particulièrement graphiques pour une heure de grande écoute. On peut citer tout particulièrement le onzième épisode de la saison, Blood hungry, qui raconte une histoire particulièrement crue mêlant anthropophagie et imagerie religieuse, et qui est le cocktail parfait pour faire bondir les censeurs. Si l'épisode a été diffusé normalement sur CBS à 21h, on peut parier sans trop se mouiller que TF1 devrait le censurer, si ce n'est en entier, du moins dans ses passages les plus graphiques.


Conformément à la politique maison de la première chaîne télé de France et de Navarre en ce qui concerne les shows policier, la première saison sera diffusée en dépit du bon sens et au rythme de trois épisodes par semaine. Si ce modus operandi n'est pas à proprement parler préjudiciable compte tenu de la faible sérialisation du show, nous pouvons juste espérer qu'elle gardera le cliffhanger de fin de saison pour la fin. La série a par ailleurs effectué de jolis scores sur CBS lors de sa première année. La moyenne annuelle est arrivée à un solide 12,8 millions de téléspectateurs, ce qui place la en deuxième position au sein du pack de nouveautés de septembre 2005. Le coffret DVD devrait être logiquement disponible en zone1 le 19 septembre 2006.


Esprits criminels est donc un de ces drames policiers solides qui, s'il ne révolutionnera pas le genre et encore moins la télévision, apporte son quota de divertissement. Malgré l'architecture procédurière, la psychologie des tueurs comme des enquêteurs joue fort heureusement un rôle primordial. Le casting est bien équilibré grâce à un design des personnages efficace (même s'ils ont tous une furieuse tendance à n'avoir aucune vie privée et à dédier tout leur temps à leur job), l'écriture est sobre et solide, sans fioritures excessives, et les histoires sont relativement intéressantes et suffisamment variées pour voir l'avenir avec sérénité.

Esprits criminels, le mercredi soir, sur TF1, à partir de 22h45, trois épisodes d'affilée.

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Les profils

NB : Afin de simplifier le trombinoscope, nous précisons ici le fait que tous les enquêteurs de la BAU sont des Agents Spéciaux du FBI, à l'exception de Garcia, dont le statut officiel est entouré d'un grand flou artistique.

Jason Gideon (Mandy Patinkin)
Même s'il n'en occupe pas officiellement la position, Gideon est de facto le leader du groupe de profilers d'Esprits criminels. Véritable légende dans son domaine de compétence, il revient au début du show d'une longue dépression nerveuse survenue après une mission où plusieurs policiers trouvèrent la mort. Incapable de faire face et rongé par la culpabilité, il prit un poste à l'Académie du FBI de Quantico avant d'être rappelé en service actif pour une affaire qu'il connaît mieux que quiconque. Cet agent ombrageux et taciturne, bible ambulante des psychopathologies criminelles les plus variées, veille sur son équipe de manière très paternaliste.

Mandy Patinkin a été vu récemment dans l'excellente (bien qu'à faible espérance de vie) Dead like me, mais il est surtout connu dans nos vertes vallées pour son interprétation passionnée et vengeresse d'Inigo Montoya dans Princess Bride (« Yé m'appelle Inigo Montoya ! Tou a toué mon pèle ! Plépale toi à moulil ! »).

Aaron Hotchner (Thomas Gibson)
Même s'il est le chef officiel de la BAU, l'agent Hotchner n'est pas son membre le plus proéminent. On sait peu de choses sur lui hormis le fait qu'il vient d'être papa et que cette nouvelle responsabilité n'est pas sans lui causer des inquiétudes supplémentaires vis-à-vis de son travail. C'est cependant un meneur d'hommes hors pairs et si Gideon est l'âme du chef, il est les bras et les jambes.

Même si son nom n'est pas très connu du grand public, Thomas Gibson a un visage relativement familier dans la mesure où il a partagé le haut de l'affiche avec Jenna Elfman dans la sitcom Dharma & Greg.

Elle Greenaway (Lola Glaudini)
Nouvelle recrue au sein de l'unité, Elle Greenaway est encore une jeune pousse dans la jungle des profilers malgré plusieurs années au sein du FBI. Passé une certaine réticence initiale, c'est Gideon qui l'a faite venir dans la BAU après qu'elle ait démontré un talent certain pour le profilage. Son caractère très déterminé trouve parfaitement sa place dans l'équipe de profilers, et sa touche féminine s'avère régulièrement cruciale.

La pulpeuse italo-américaine Lola Glaudini a tenu des rôles récurrents dans les séries NYPD Blue et Les Sopranos où elle a à chaque fois interprété… une policière.

Derek Morgan (Shemar Moore)
Pour faire simple et réducteur, l'agent Morgan est le beau gosse de la bande, et il joint occasionnellement l'utile à l'agréable en se servant de ses aptitudes de profiler pour faire tomber les minettes. Ses origines sont très floues, mais on sait qu'il a lui aussi été recruté par Gideon il y a déjà quelques années. Il n'est plus un néophyte, mais il reste cependant toujours dans l'ombre de son maître à penser.

Près de dix ans de soaps, ça laisse des traces. Shemar Moore a en effet joué dans The Young and the Restless, aka Les feux de l'amour, de 1994 à 2005 avec une coupure entre 2002 et 2004. Pour lire notre interview de Shemar Moore, rendez-vous à cette adresse.

Spencer Reid (Matthew Gray Gubler)
Benjamin de la bande, Spencer Reid est ce que l'on appelle communément un petit génie (même si sa grande taille aurait tendance à suggérer le contraire). Malgré son jeune âge et une tête de premier de la classe un peu autiste (qu'il n'est pas pour autant), ce surdoué qui absorbe les statistiques comme une éponge, est docteur en psychologie tout en étant un membre à part entière de la BAU. Cela lui confère le titre ronflant et un brin compliqué « d'Agent Spécial Dr Reid ». Il fait un peu office de mascotte de l'équipe et est le protégé de Gideon, qui lui voue une grande confiance malgré son inexpérience pratique.

Après avoir été top model, Matthew Gray Gubler s'est tourné vers la scène et la comédie. Esprits criminels est son premier rôle d'importance.

Jennifer Jareau (A.J. Cook)
« J.J. », comme l'appellent tous ses collègues, est un agent du FBI à part entière, mais elle n'est pas un profiler pour autant. Elle occupe en substance le poste d'attaché de presse pour la BAU et est la figure publique qui donne les conférences de presse. Elle est souvent celle par qui le malheur arrive car c'est vers elle que remontent les affaires à traiter en urgence, de même qu'elle distribue les gros dossiers remplis de photos de scènes de crimes et de rapports d'autopsie.

La jeune canadienne A.J. Cook a pas mal roulé sa bosse et a tâté du cinéma, notamment dans Virgin suicides où elle jouait une des sœurs de Kirsten Dunst, ou encore dans Destination finale 2. Mais elle a aussi fait pas mal de télé, dans la première saison de Tru calling aux côtés d'Eliza Duskhu.

Penelope Garcia (Kirsten Vangsness)
Appelée presque systématiquement par son seul nom de famille par ses collègues, Garcia est le geek de service. Technicienne informatique surdouée au service de la BAU, elle ne voit jamais le jour et n'a qu'une hantise, qu'on envahisse son espace vital pour lui poser des questions autrement qu'au téléphone. Chargée de faire des recherches de toutes natures dans les fichiers du FBI, sa contribution aux enquêtes s'avère souvent cruciale. Sa relation avec Derek Morgan dégage par ailleurs une complicité tout à fait unique au sein du groupe, mais les origines n'en sont pas connues à l'heure actuelle.

Kirsten Vangsness a plusieurs cordes à son arc, dont notamment des talents d'écrivain mais Esprits criminels est son premier vrai rôle. Son personnage n'est pas un « regular » stricto sensu, mais elle est cependant un guest récurrent d'importance car elle apparaît dans 16 épisodes sur les 22 que compte la première saison.

Tout savoir sur Esprits criminels

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