L’Amant de Lady Chatterley : critique d'une découverte érotique sur Netflix
Après une tentative ratée avec le film Persuasion, adapté du roman de Jane Austen, Netflix retente le coup du long-métrage d'époque et en costume avec L’Amant de Lady Chatterley. Adaptation du roman éponyme écrit par D. H. Lawrence en 1928, mais publié des années plus tard au Royaume-Uni car jugé obscène, le film met en scène Emma Corrin et Jack O'Connell dans les rôles de Lady Chatterley et de son amant, Oliver. Est-ce que cette nouvelle adaptation du roman signée Laure de Clermont-Tonnerre (Nevada) était nécessaire ? Pas sûr.
UN MARIAGE ET UNE DÉCEPTION
À bout de force après s'être occupée de son mari handicapé suite à des blessures de guerre, Lady Chatterley se retrouve encore une fois à devoir pousser le fauteuil roulant de Clifford (Matthew Duckett) à travers les champs, épuisée. Cette séquence résume parfaitement la position du personnage campé par Emma Corrin, contrainte à devoir assumer, aussi bien mentalement que physiquement, le poids d'un mariage compromis.
Si les premières minutes du film plongent le spectateur dans une ambiance vaporeuse et pastel comme pour signifier le bonheur et probablement l'insouciance d'un début de mariage, les espoirs naïfs de Clifford et Constance vont changer de teinte après la guerre qui a rendu infirme celui qui se devait de revenir sain et sauf.
Désenchantement et filtre bleu
En plus d'avoir mis fin à sa vie londonienne, cet accident de guerre a affecté un mariage qui devait se consolider par la venue d'un enfant. Mais ses blessures n'ont pas seulement laissé Clifford sans l'usage de ses jambes, il est également devenu impuissant. Les attentes de la société étant plus importantes que la fidélité de sa femme, l'homme demande à Constance de lui faire un enfant dans son dos et lui jure que jamais cet écart ne lui sera reproché.
Lady Chatterley accepte sans réelle conviction cette requête sans se rendre compte qu'elle vient d'accepter une vie de servitude et de soumission à son mari, mais aussi à la société et ses prérequis. Assignée à domicile, la jeune femme veut tout faire pour satisfaire son mari et devient son infirmière personnelle jusqu'au moment où elle ne pourra plus supporter cet enfermement.
Elle écoute probablement Lana Del Rey en boucle
ÉROTICO-CHAMPÊTRE
Au fil de ses rencontres avec Oliver, le garde-chasse embauché par son mari, les joues de Lady Chatterley semblent reprendre un peu de couleur, tout comme l'image. Renfermé et peu bavard, Oliver s'ouvre petit à petit à la jeune femme qui trouve chez lui le parfait contraire de son mari et tout ce qu'il ne lui procurait plus : de l'attention, de la tendresse et du sexe.
Si le récit de la découverte de la sexualité et de l'épanouissement qui en découle est assez commun au sein des romances cinématographiques, la relation extra-conjugale de Lady Chatterley change peut-être sur un point. Il lui permet de découvrir la passion puis l'amour, un élément qui manquait certes à son mariage, mais d'une manière plus générale, manquait à sa vie.
Comme on aime parler d'elevated horror pour désigner les films horrifiques à l'esthétique appliquée, on pourrait peut-être définir L'Amant de Lady Chatterley non pas en film porno travaillé, mais en œuvre érotique "elevated" dans le sens où les scènes de sexe ne sont jamais là pour les mauvaises raisons ou par sensationnalisme.
Étonnamment, Netflix n’a pas aseptisé les scènes érotiques décrites dans le roman de D. H. Lawrence qui, pour rappel, a fait scandale lors de sa publication justement pour ces scènes précises. Il est également important de souligner que le long métrage n'est en rien un produit du male gaze. La réalisatrice Laure de Clermont-Tonnerre semble s'être appliquée à montrer ses deux personnages sur un pied d’égalité lors des nombreuses scènes érotiques.
La relation deux amants est montrée ainsi à travers une mise en scène intimiste. La caméra mouvante épouse les mouvements des corps et de nombreux plans sont très rapprochés, au plus près d'eux. Le rapport au corps, le sien ou celui de l'autre, est au cœur du récit. Et si l'intrigue est assez universelle et qu'elle ne révolutionne pas le film romantique/érotique, il faut tout de même souligner l’alchimie entre les deux acteurs en plus de leur talent individuel.
Ode à la joie
Si le plaisir sexuel constitue une partie de l’épanouissement du personnage, il n’en est pas la seule et unique raison et heureusement d'ailleurs. La passion amoureuse est montrée comme un moteur. C'est grâce à elle que Lady Chatterley reprend confiance en elle et retrouve son goût à la vie. Et alors même que le film adopte son point de vue, il faut noter que Constance n'est pas la seule à retrouver le bonheur. Oliver est lui aussi acteur de cet amour naissant auquel il ne croyait plus depuis longtemps.
La guerre a beau avoir laissé des traces indélébiles sur tous les personnages, affectés d'une manière ou d'une autre, Constance et Oliver ne sont pas les seuls à retrouver une certaine joie de vivre après des événements aussi tragiques. Clifford va également finir par s'épanouir grâce au personnage de l'infirmière qui lui apporte l'affection espérée et la stimulation intellectuelle attendue, chose que Constance ne semblait plus en mesure de faire.
Les grands espaces de la campagne anglaise, mais aussi la verdure, la pluie et les bains de soleil, sont des éléments visuels, de décor et d’ambiance qui, sublimés par des plans souvent larges, participent à donner une impression de liberté. Lady Chatterley puise aussi son bonheur dans ces espaces champêtres qui lui permettent de fuir la claustrophobie de son mariage.
En parallèle des scènes de sexe explicites, on a le droit à des séquences de pur bonheur où Oliver et Lady Chatterley batifolent dans la forêt, se donnent du plaisir allongés dans l'herbe humide et dansent nus sous la pluie. Malgré son récit plutôt basique, c'est grâce à ces séquences que L'Amant de Lady Chatterley arrive vraiment à séduire.
L'Amant de Lady Chatterley est disponible sur Netflix depuis le 2 décembre 2022
Lecteurs
(3.3)14/12/2022 à 00:41
Dans ce film la lady et le garde chasse ne démontre aucune véritable passions ni alchimie. L’actrice qui joue la lady est clairement squelettique pâlichonne et ne dégagé aucune sensualité.
04/12/2022 à 15:08
je préfère le film de pascal Ferrari plus réaliste, plus proche du propos de DH Lawrence mais celui ci est plus joli plus mièvre aussi.
03/12/2022 à 23:36
Bien supérieur au film de Pascale Ferran grâce au couple d’acteurs en parfaite osmose très bien dirigés
03/12/2022 à 17:27
Bien en dessous du film de Pascale Ferran! 9
02/12/2022 à 21:00
Je préférée la version de Pascale ferran. Un vieux avec une jeune