Miraculous : le Film - critique du presque Pixar français

le Pixar français ?

Depuis 2015, Miraculous, les aventures de Ladybug et Chat Noir est devenu un phénomène mondial avec une diffusion dans plus d'une centaine de pays, des records d'audience en France et une popularité qui ne s'essouffle pas, bien au contraire. Forcément, après cinq saisons couronnées de succès, deux téléfilms et un spectacle musical, la suite logique pour Marinette et Adrien était de vivre leur première aventure au cinéma.

L'univers créé par Thomas Astruc est donc passé entre les mains de Jeremy Zag (également producteur de la série), avec l'ambition d'ouvrir la licence à un nouveau public, en plus de porter le plus gros projet d'animation français, voire le plus gros blockbuster français tout court. 

En effet, un budget record de 80 millions d'euros (!) a été alloué à cette production tricolore (même si large partie de l'animation aurait été traitée au Canada), la série étant quant à elle une coproduction franco-coréo-japonaise. De quoi facilement imaginer que la France tient l'équivalent de son premier Pixar. Et effectivement, d'un point de vue purement technique, ce film en 3D est une belle réussite. Le design des personnages est affiné, notamment leur texture (cheveux, peau et vêtements), tout comme leur expressivité plus soignée.

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Plus globalement, Miraculous a parfaitement réussi sa transition plastique sur grand écran, l'animation étant bien plus fluide et légère, tout particulièrement lors des séquences d'action. Une grande attention a également été portée sur la lumière, qui donne une chaleur supplémentaire à la narration, notamment lors de la rencontre des deux héros à la bibliothèque.

Les décors parisiens sont eux aussi plus fournis et détaillés. Miraculous prend toujours place dans un Paris idéalisé de carte postale, mais le scénario exploite de façon inventive et en un temps record plusieurs monuments et endroits incontournables de la capitale, de la Tour Eiffel à Notre-Dame, en passant par le Louvre, l'Opéra Garnier, plusieurs ponts de la Seine et le jardin des Tuileries.

C'est donc un sans faute pour les yeux, moins pour les oreilles. 

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ET TU CHANTES, CHANTES, chantes...

Au-delà de rejouer l'origin story de Ladybug et Chat Noir, et par la même occasion la rencontre entre Marinette et Adrien, le film dénote du reste de la licence par ses parties chantées. L'idée n'est pas mauvaise en soi, mais l'histoire perd en efficacité et en linéarité par le trop-plein de chansons aux paroles vides et rythme plat (malgré la volonté de dynamiser ça dans des mises en scène plus oniriques et fantasmées).

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Si les personnages secondaires perdent en importance et que les antagonistes secondaires ne sont pas des plus charismatiques, la romance entre les deux protagonistes reste la plus grande force du scénario. Celui-ci assume sa candeur et la sensibilité exacerbée de ses personnages avec une sincérité et un refus de tout cynisme plutôt touchants, même pour prôner le message ronflant habituel sur la confiance en soi et le pouvoir de l'amour.

Sans chercher à sortir des carcans du genre, Miraculous : le Film présente donc une double origin story tout ce qu'il y a de plus classique et attendu, mais toujours en s'appuyant sur des références culturelles plaisantes ; à commencer par le chassé-croisé amoureux qui rappelle évidemment celui de Batman/Bruce Wayne et Catwoman/Selina Kyle.

L'amour brille sous les étoiles

Quant au mélange des codes super-héroïques et du magical girl, l'adaptation cinématographique tient là encore sa promesse avec des séquences de voltige plutôt impressionnantes (notamment une qui fait de Marinette une sorte de Spider-Woman qui traverse Paris à toute allure), tandis que sa transformation en Ladybug est étirée et magnifiée pour un peu iconiser le personnage.

En revanche, les fans n'auront pas le droit de découvrir la nouvelle transformation d'Adrien en Chat Noir, qui se contente d'un relooking hors champ assez incompréhensible étant donné sa place dans la série. 

Miraculous n'est donc pas notre "Pixar français" (une attente probablement vaine), ni un chef-d'oeuvre qui fera date dans l'histoire du cinéma français, mais qu'importe. Le plus important à retenir, c'est qu'il s'agit d'un film généreux, sincère et techniquement abouti qui n'a pour l'instant pas d'équivalent commercial en France. Alors, autant en être fiers.