Simple comme Sylvain : critique qui croit en l'amour

Adrien Roche | 9 novembre 2023
Adrien Roche | 9 novembre 2023

Notamment connue pour ses rôles dans Laurence Anyways et Les Amours imaginaires de Xavier Dolan, l'actrice Monia Chokri est passée derrière la caméra en 2019 avec son premier long-métrage La Femme de mon frère, présenté à Cannes dans la sélection Un certain regard. En 2022, l'inventivité de Babysitter nous avait marqués. La cinéaste était de retour à Cannes en 2023, toujours pour Un certain regard, avec Simple comme Sylvain. Cette comédie romantique hilarante dresse le portrait de deux personnes éperdument amoureuses que (presque) tout oppose, incarnées par Magalie Lépine-Blondeau et Pierre-Yves Cardinal.

Revisiter le déjà vu

L'histoire de Simple comme Sylvain ne semble pas déborder d'inventivité. Une femme bourgeoise inlassablement attirée par un homme d'une caste sociale plus modeste, le tout dans une société qui n'autorise quasiment pas la mixité sociale... Monia Chokri nous présente un scénario vu et revu, mais la cinéaste ne s’en cache pas. Parce que malgré cela, Simple comme Sylvain reste en tête et ne s'oublie pas. Mieux encore, le long-métrage s'impose comme l'une des comédies romantiques les plus drôles et inspirées des dernières années.

À chaque dialogue, la cinéaste fait mouche, en (grande) partie grâce à un merveilleux duo d'acteurs à l'alchimie fusionnelle. Magalie Lépine-Blondeau et Pierre-Yves Cardinal nous entraînent dans une relation farfelue qu'on veut voir durer pour l'éternité. Elle est touchante, naïve et triste, il est bon vivant, parfois vulgaire et se pose peu de questions. Mais dès qu'ils occupent le même espace, tout s'efface pour laisser place à un amour infini. Et capable de traverser toutes les épreuves ?

 

Simple comme Sylvain : photoGive me eeeeeverything tonight

 

Même si elle part d'un postulat assez classique, la relation de Sylvain et Sophia est rapidement d'une authenticité débordante. La précision millimétrée du portrait de chaque personnage donne vie à ce duo qui se laisse entraîner dans un désir plus fort que tout. Un désir qui bouscule le couple et l'équilibre familial de Sophia. Malgré son ton hautain et sa volonté de rééduquer Sylvain, elle est profondément touchante. Sa mélancolie communicative envahit l'écran grâce à la prestation étincelante de Magalie Lépine-Blondeau, qui semble mettre un petit bout de sa vie à chaque interaction.

Le cliché n'est pas loin, mais jamais atteint. Ces personnages caricaturaux s'ancrent à merveille dans un décor boisé et rétro pour nous offrir le portrait d'un couple, de deux familles et de toute une société empreinte de codes moraux et sociaux qui l'emportent sur le bien-être. Et au-delà du duo principal, l'excellent Francis-William Rhéaume (qui joue Xavier, l'ex-compagnon de Sophia) permet de rendre cette histoire bien plus vivante, lui qui voit également sa vie changer du tout au tout lors de l'arrivée de Sylvain. Steve Laplante (On Dirait la planète Mars) et Monia Chokri complètent ce casting génial dans les rôles de Philippe et Françoise, meilleurs amis et éternels soutiens de Sophia.

 

Simple comme Sylvain : photoDrive my car

 

WHAT IS LOVE ?

Dans Simple comme Sylvain, Monia Chokri explore toutes les facettes de l'amour, en commençant par les cours de philosophie de Sophia à l'école du troisième âge. La protagoniste expose la vision du couple et du désir des plus grands penseurs de l'histoire et semble en désaccord avec ce qu'elle instruit. Puis les parents de Xavier permettent à la réalisatrice de se plonger dans le regard d'une femme qui voit son mari dépérir peu à peu. Elle nous propose ensuite une vision bien différente de l'amour via le personnage qu'elle incarne, Françoise, qui fanfaronne devant Sophia d'avoir couché avec son coach sportif alors qu'elle est dans un couple qui semble fonctionner.

De Platon à Françoise, il y a des millénaires. Et pourtant, tous deux ont une certaine vision de l'amour. Monia Chokri semble considérer les deux sur un pied d'égalité. Cette étude du couple passe par le point de vue de nombreux personnages, avec leur lot d'envies, de besoins et de déceptions. L'opposition entre la théorie et la pratique donne lieu à un bon nombre de scènes hilarantes, des conversations gênantes autour du sexe aux relations sexuelles en elles-mêmes, filmées avec intimité, passion et humour.

 

Simple comme Sylvain : photoÉpatante Magalie Lépine-Blondeau

 

Monia Chokri désacralise le désir pour en faire quelque chose d'assumé et de décomplexé. Ses personnages laissent leur passion l'emporter sur la raison, pour le meilleur et pour le pire. Elle ne juge ni ne dénonce aucun fantasme de Sophia, Françoise ou Sylvain, mais préfère simplement décortiquer les relations amoureuses et sexuelles pour nous rappeler que tout cela est difficilement contrôlable (et un peu absurde).

Dans cette comédie romantique sur fond de critique acerbe de la notion de couple, tout le monde en prend pour son grade : Sophia frôle régulièrement le ridicule à cause de son attachement aux moeurs et au langage, tandis que Sylvain et son amour de Michel Sardou se font eux aussi un peu tacler. Les familles des deux côtés cumulent des dizaines de clichés à pleurer de rire. Mais le tout est fait sans aucun jugement. Monia Chokri expose les différences de ses personnages et nous apprend à les aimer comme ils sont. La cinéaste filme son histoire avec une justesse et une tendresse encore jamais vue dans son œuvre, nous offrant son meilleur film et l'un des plus drôles de l'année.

 

Simple comme Sylvain : affiche officielle

Résumé

Avec Simple comme Sylvain, Monia Chokri signe l’un des films les plus drôles de l’année à travers le touchant portrait d’une femme en manque d’amour et de désir, dont la relation naissante est mise à mal par une société attachée aux apparences.

Autre avis Alexandre Janowiak
Doté d'une énergie communicative, d'un savant sens du tempo et de dialogues savoureux, Simple comme Sylvain est une énorme bouffée d'oxygène. Une exploration généreuse du territoire amoureux où Monia Chokri s'adonne à étudier les rapports sociaux, les différends de classes, dans une passion brûlante de désir et une bande originale entraînante.
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Lecteurs

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commentaires
ml
13/11/2023 à 19:15

@wooster le fait qu'ecranlarge censure mes réponses est un bon indice.. Sinon tout est dans la b.a. ..

Wooster
12/11/2023 à 17:02

@sd et Sanchez : En quoi le film est il w.oke où metoo?

sd
12/11/2023 à 12:17

tiens tiens.. w.oke

Sanchez
11/11/2023 à 20:41

C'est plus écran large mais metoo large.

Wooster
11/11/2023 à 13:54

+1 avec Morcar : je ne comprends absolument rien aux dialogues.

Morcar
10/11/2023 à 15:58

Le souci que j'aurais encore avec ce film, c'est la compréhension des dialogues. Je ne comprends pas la moitié de ce que disent les personnages dans la bande-annonce. Alors à moins de le voir avec des sous-titres...

Sanchez
09/11/2023 à 20:04

Au niveau de la mise en scène c’est aussi catastrophique et insupportable que Babysitter où il y a eu une évolution ?

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