Martyrs : pourquoi c'est un des plus grands films d'horreur contemporains

Mathieu Jaborska | 1 novembre 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Mathieu Jaborska | 1 novembre 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Certes, on apprécie les titres forts chez Ecran Large. Mais ici, rien n'est exagéré.

Plus de 10 ans après une sortie qui a logiquement divisé sans néanmoins faire le bruit qu'elle méritait, Martyrs ne caracole pas seulement en tête des meilleurs films de genre français (catégorie - n'en déplaise à certains - de grande qualité) mais s'impose comme une des expériences horrifique les plus radicales, audacieuses et profondes de ces vingt dernières années. Le genre de film qui hante ses spectateurs pendant des lustres, et pas seulement à cause de sa violence repoussant les limites de l'extrême.

Attention, spoilers.

 

photoÂmes sensibles, fuyez

 

Torture prom

Bien sûr, si Martyrs a autant fait parler de lui à sa sortie, c’est grâce à son ancrage assumé dans un cinéma de genre volontairement hardcore. On a pour habitude dans nos dossiers de contextualiser la sortie des œuvres évoquées, et ici, ce choix devient vital, tant le film peine à se faire complètement comprendre sans une replongée dans l’industrie du cinéma d’horreur en 2008.

En 2004, le Saw de James Wan sort et explose des records de rentabilité. Une suite est produite dans la foulée. Elle évacue la simplicité de son modèle et s’appuie sur ses relents de thriller pour faire des scènes de piège, des tortures alambiquées particulièrement gratinées, son principal intérêt. C’est le début d’un renouvellement du shocker, cette mouvance d’exploitation régnant sur les salles de quartier des années 1970, et dont le mot d'ordre est simple : faites-les souffrir.

 

photo, Saw ILa salle de bain, antichambre du torture porn

 

Aux États-Unis, un critique réac' invente un terme pour ce nouveau sous-genre, terme qui restera malheureusement pour le caractériser : le torture porn. S’ensuivent de nouvelles suites de la franchise de Twisted Pictures, mais aussi le Hostel d’Eli Roth, rapidement érigé en modèle de mauvais goût extrême. En parallèle, le cinéma de genre français se réveille, et il ne le fait pas à moitié. Haute tension débarque en 2003, À l'intérieur en 2007. Ça tache sévère.

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commentaires
prof west
03/11/2020 à 06:48

Je dois etre un malade mental mdr meme c'est le seul film que j'ai plus ou moins apprécié du gars ^^

Dario 2 Palma
02/11/2020 à 10:24

@ Alexandre Bahloul:

"C'est nécessaire pour justement comprendre cette souffrance et cette douleur, voir l'évolution du personnage. Scénaristiquement, on est censés être dans leurs peaux ("

Alors Laugier aurait dû faire durer la partie torture 30 minutes ou 1 heure de plus pour que je finisse peut-être par ressentir quelque chose face à ces sévices répétitifs!
En l'état la description répétitive des sévices endurés par le personnage m'a laissé de marbre ce qui n'était pas l'intention de Laugier je pense, pour finir hélas par me consterner...contrairement à toi le personnage ne m'a pas touché je ne le trouve pas spécialement caractérisé incarné donc hélas oui son tabassage sa torture ont eu autant de poids émotionnel chez moi qu'un paquet de viande qu'on maltraite chez le boucher.
Et j'ai le même embarras devant le semi remake de "Martyrs" qu'est "Ghostland"...même propension au dolorisme, même impression de violence un peu crapoteuse et gratuite.

Question de ressenti qui diffère selon le spectateur donc, pour ma part donc je préfère le Laugier de "Saint" certes encore une fois un film inabouti au niveau scénaristique mais qui propose au moins des images assez léchées et moins de complaisance graphique.

Alexandre Bahloul
01/11/2020 à 21:36

" toute la partie torture, elle aurait duré trente minutes de plus ou dix minutes de moins que ça n'aurait pas changé grand-chose à la structure, au scénario... "

C'est nécessaire pour justement comprendre cette souffrance et cette douleur, voir l'évolution du personnage. Scénaristiquement, on est censés être dans leurs peaux ( Lucie dans la première partie, Anna dans la seconde ), le scénario ne traite pas plus de la secte, la vie après la mort etc que de ce que vont ressentir et vivre viscéralement ces deux femmes.

Akitrash
01/11/2020 à 19:49

Je me rappelle qu'à la fin de la vision du film au ciné, j'ai marché une heure hébété...
Une claque pour moi autant qu'à pu l'être "Salo" de Pasolini.
Un film qui dérange très très longtemps!
Ce qui ne m'a pas empêché de le revoir une vingtaine de fois!

Moijedis
01/11/2020 à 19:42

Un film abject et sans intérêt .
Aucune morale . De la bêtise crasse . La scène de torture interminable et insoutenable .

Faut être un malade mental pour apprécier ce cinéma stupide et grossier .

Dario 2 Palma
01/11/2020 à 18:48

"C'est un film qui montre des choses horribles avec une vraie gravité"

une gravité qui vire au sérieux papal une solennité qui finit par rendre le "propos" de Laugier risible, déjà avec cette secte dont le leader fait penser à Jackie Sardou, la scène explicative notamment où elle parle photos à l'appui des martyrs....

"sans jamais la moindre complaisance."

toute la partie torture, elle aurait duré trente minutes de plus ou dix minutes de moins que ça n'aurait pas changé grand-chose à la structure, au scénario...

"Les victimes ne sont pas des morceaux de viandes on ne prend jamais plaisir à les voir souffrir, mais des personnages humains, réels, avec un passé, un futur, un présent, "

vraiment une question de ressenti car pur ma part j'étais indifférent à la torture subie par ces personnages, les actrices (comme dans "Ghostland") font ce qu'elles peuvent avec ce que Laugier leur donne à jouer mais comme ça se réduit bien souvent à une hystérie générale vite lassante dans leur jeu, difficile de s'attacher, d'être touchés...le film ne s'incarne pas si on se moque du sort des pauvres martyrs.
Et puis simplement je n'accroche pas au côté doloriste catho de ces deux films, la transcendance par la torture, ce n'est pas ma tasse de thé..

Alexandre Bahloul
01/11/2020 à 17:06

C'est l'un des seuls films de « tortures » modernes qui montre justement les victimes comme elles sont : des victimes. C'est un film qui montre des choses horribles avec une vraie gravité, sans jamais la moindre complaisance. Les victimes ne sont pas des morceaux de viandes agités de façon ridicule pour nous faire glousser ( comme dans, citons en deux, la saga Saw ou Hostel ), on ne prend jamais plaisir à les voir souffrir, mais des personnages humains, réels, avec un passé, un futur, un présent, que la souffrance va justement bouleverser. C'est cette douleur qui font d'eux, justement, des personnages qui vont évoluer, murir et grandir par elle ( Ghostland ) ou au contraire périr et les faire transporter jusqu'au plus profond d'eux même ( Martyrs ).
Bref c'est pas du tout un "torturne porn" comme les autres, forcément c'est un film d'horreur donc la première partie prend un peu plaisir à nous faire peur ou nous effrayer, mais la seconde est beaucoup plus psychologique et émotionnelle dans sa violence, on voit rarement ça.

Xbad
01/11/2020 à 14:34

On a subi la fin du film avec ma compagne à l'époque, complètement dispensable cette séance de torture gratos, autant j'adore l'épouvante autant là je ne peux pas

Dario 2 Palma
01/11/2020 à 14:27

Si "Martyrs" est un des plus grands films d'horreur contemporains, je n'ose imaginer quels sont les pires ha ha

J'avais plutôt apprécié le premier film de Pascal Laugier "Saint Ange", un peu brouillon mais assez élégant et sympathique mais la suite de sa carrière m'a déçu avec notamment ce sentencieux "Martyrs" et "Ghostland"...des films bourrins, sans grâce;, monotones, visuellement assez moches et étriqués, dont l'hystérie et le côté doloriste systématiques font long feu. Dommage pour ce réalisateur probablement sincère mais certainement qu'à l'avenir Laugier devra s'entourer de scénaristes dignes de ce nom pour canaliser et renouveler ses obsessions, et aussi esquiver les dérives occasionnelles de son cinéma vers la série Z (les méchants de "Ghostland" et "Martyrs", la définition didactique des "martyrs"...)

Nico1
01/11/2020 à 13:50

Un vrai choc , qui m a longuement secoué , le titre de l article n est pas du tout exagéré effectivement!

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