Volte/Face : comment John Woo a cassé le cinéma d'action hollywoodien pour toujours

Simon Riaux | 13 mars 2021
Simon Riaux | 13 mars 2021

Réalisateur devenu instantanément légendaire après la découverte de The KillerJohn Woo est invité à Hollywood pour tout casser avec Volte/Face. Embarquant deux comédiens incandescents dans une aventure folle, le metteur en scène sublime un récit turbodébile, caricature ses propres tics, et livre une choucroute d'action arrosée de kérosène parfaitement inoubliable.

Au commencement était le fantasme de réunir Sylvester Stallone et Arnold Schwarzenegger dans une orgie de SF qui tâche, où l'inversion de visage au centre du récit que nous connaissons n'était plus qu'un élément délirant parmi tant d'autres, la confrontation entre nos deux personnages ayant pour décor un San Francisco post-guerre nucléaire. Mais quand on confie à John Woo le scénario de Mike Werb et Michael Colleary, il va en bouleverser les fondations.

Ici, un Très-Haut-gradé du FBI accepte une opération chirurgicale à haut risque : se faire greffer le visage de son ennemi juré, alors dans le coma, afin de pouvoir infiltrer la prison de haute sécurité où réside son petit frère et lui soutirer de précieuses informations. Le méchant se réveille, et tout ce beau monde commence à se flinguer à tire-larigot. Plutôt que de jouer pleinement la carte de la science-fiction, le réalisateur va se livrer à un délire formel et symbolique ahurissant, une sorte d'auto-analyse de son cinéma et des mouvements qui le traversent. Avec des flingues. Et des colombes.

 

photo, Nicolas CageEt des étincelles

 

IL ÉTAIT UNE FOIS UN NANAR 

Au début des années 90, le cinéma d'action américain ne sait plus vraiment où donner de la tête, jusqu'à ce que la découverte de The Killer sur la Croisette provoque un violent électrochoc, aussi bien chez les cinéphiles que les professionnels. C'est bientôt le cinéma d'action Hongkongais que découvre un large public, qui en prend plein les mirettes. Le désir d'en dupliquer les trouvailles, voire d'en cloner les concepts et importer les auteurs grandit rapidement à Hollywood, qui a toujours fonctionné en ponctionnant aux cinématographies étrangères leurs cinéastes. La greffe aura bien lieu, mais va donner des bourgeons plutôt désastreux.

Il faut noter combien Jean-Claude Van Damme, alors au firmament, fut décisif dans l'invitation de certains réalisateurs sur le sol américain, à commencer par Tsui Hark et Ringo Lam, avec des résultats... pour le moins inégaux, y compris en admettant la régalade déviante que constitue encore aujourd'hui Double Team (cas unique dans l'histoire du cinéma où on se bastonne contre des tigres et Mickey Rourke au milieu du Colisée).

Les metteurs en scène hongkongais se cassent les dents sur Hollywood et ni leur style ni leur virtuosité technique ne semblent survivre aux méthodes des studios. John Woo ne fait pas exception à la règle, tant il semble acquis qu'on se rappellera plus de son Chasse à l'homme comme une source de GIF improbables que comme une inspiration filmique.

 

PhotoIl était deux fois dans l'ouest

 

Si Broken Arrow, qu'il réalise peu après, verse un peu moins dans la flatulence Z, le métrage n'en demeure pas moins un échec artistique patent. Comment donc expliquer que Volte/Face ait permis à Woo d'exprimer si vigoureusement son style, après deux calamités ?

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commentaires
sylvinception
15/03/2021 à 11:47

"Sur le style de John Woo c'est juste bon même très bon
MI2 mon préféré"

A ce niveau-là Ethan, c'est plus du trolling, c'est un nombre incalculable de neurones en moins.
Continue à nous faire marrer, on s'en lasse pas!! (quoique...)

Kolby
15/03/2021 à 02:16

@Mx
L'ombre et la proie a été victime de railleries . C'est un film très sous-estimer . C'est pourquoi je te soutiens pour que EL en face un article.

@kyle Reese
Tu as dû attendre canal+ pour visionner a toute épreuve ? Qu'est ce qui n'a pas marcher ?

Guigui2000
14/03/2021 à 18:42

@kyle reese
Trop d'accord, par contre pour moi le meilleur hk de john woo, c'est une balle dans la tête :))

Dario 2 Palma
14/03/2021 à 11:15

Super souvenir de cinéma, en 1997, et revu avec plaisir en LD et dvd...et puis ensuite Woo a déçu, avec l'auto-parodie cruisesque risible de MI:2, l'indigent PAYCHECK , l'inégal bancal WINDTALKERS...pas osé voir MANHUNT...

Mx
13/03/2021 à 20:53

Kolby, merci, c'est cool, de me soutenir, et le film, surtout!!

Si tu aimes le film, je ne peux que te conseiller d'envoyer un petit courriel au patrons d'ESC FILMS, afin qu'ils étudient cette proposition, mais c'est clair que ce film méconnu mérite ENFIN une édition à la hauteur, ia tellement de daubes qui sortent, alors un film excellent et injustement méconnu mérite une deuxième chance!!

Kyle Reese
13/03/2021 à 20:50

Son meilleure film US, du too much en état de grace fascinant et unique.
Son meilleur HK restant pour moi A toutes épreuves. La très grosse claque quand je l’ai découvert sur C+.

Kolby
13/03/2021 à 20:46

@MX
D'accord avec toi pour l'ombre et la proie. Nous signerons une pétition pour ça et il faudra que cela réussisse comme la snydercut.

@El
Vous avez vos premières signature. On veut une article sur l'ombre et la proie

Mx
13/03/2021 à 16:10

Perso, je ne considère pas chasse à l'homme comme un nanar!!

Au fait, ecran large, c'est quand que nous retrouverons tous les articles payants dans une rubrique dédié?

Et quid d'un article sur l'ombre et la proie ou l'île du docteur moreau?

Ethan
13/03/2021 à 14:08

Le problème de ce film c'est que Cage et Travolta n'ont pas du tout le même visage
Sur le style de John Woo c'est juste bon même très bon
MI2 mon préféré

Pas d'accord avec l'article car si il est quand même allé loin à Hollywood

Kolby
13/03/2021 à 11:37

Volte-face du pure divertissement, c'est ce qu'on demande lors d'un visionnage de film d'action. Nombreux sont les réalisateurs occidentaux qui se sont inspirés de ses œuvres. Même mission impossible a fait appel à lui, pour dire combien ces films sont plaisants à suivre.

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