Rio Bravo : le western classique à l'état pur selon Howard Hawks

Arnold Petit | 23 septembre 2021 - MAJ : 25/11/2022 00:47
Arnold Petit | 23 septembre 2021 - MAJ : 25/11/2022 00:47

Rien que son nom, connu même de ceux qui ne l'ont jamais vu, suffit à convoquer tout un héritage. Érigé au rang de monument par les amateurs du genre et des cinéastes de renom comme François Truffaut, Jean-Luc Godard, Martin Scorsese, John Carpenter ou Quentin Tarantino, Rio Bravo incarne le western classique dans toute sa splendeur, mais représente aussi la quintessence du cinéma d'Howard Hawks, simple, humain.

John Wayne en shérif fatigué, Dean Martin en alcoolique implorant, Ricky Nelson en jeune pistolero arrogant de beauté, Walter Brennan en vieux grincheux adorable et Angie Dickinson en arnaqueuse troublante de sensualité, tous unis contre une bande de bandits véreux. On retourne à Rio Bravo pour une virée dans l'un des plus grands westerns de l'histoire du cinéma.

 

photoBouge pas, j'm'en allume une et tu me racontes

 

L'AMÉRIQUE, LA VRAIE

À l'aube des années 60, ce que certains considèrent comme l'âge d'or touche à sa fin. Après les Delmer Daves, Raoul Walsh et Anthony Mann, auteurs d'oeuvres majeures comme La Flèche Brisée, La Charge Fantastique ou L'Appât, le western (et le cinéma en général), a muté, de sorte à pouvoir rivaliser avec la télévision, qui menace le système hollywoodien grâce à sa popularité.

Incarnation du mythe de l'Ouest américain, qu'il a défini et redéfini avec La Chevauchée Fantastique, La Poursuite Infernale, Le Massacre de Fort Apache ou encore La Prisonnière du Désert, John Ford enterrera symboliquement le western classique dans L'homme qui tua Liberty Valance en 1962, mais avant, Howard Hawks compte bien lui offrir un baroud d'honneur.

Après La Terre des Pharaons en 1955, son péplum pharaonique et premier échec commercial, le cinéaste se retire et voyage en Europe. Trois ans plus tard, il se lance dans la réalisation de Rio Bravo, son troisième western après La Rivière Rouge en 1948 et La Captive aux yeux clairs en 1952, qu'il conçoit comme un pur divertissement, en réponse au cinéma "intellectuel", en particulier à un autre western, qu'il déteste : Le Train sifflera 3 fois.

 

photoT'as un problème ?

 

Dans le long-métrage réalisé par Fred Zinnerman en 1952, un sherif démissionnaire interprété par Gary Cooper apprend qu'un criminel qu'il a fait condamner arrive par le train pour se venger et cherche donc désespérement de l'aide auprès de ses adjoints et des habitants de la ville, qui l'abandonnent. Seule sa femme quaker lui prête main forte.

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commentaires
Barnabé Cherèle
24/09/2021 à 10:12

Superbe critique Hocine :-)

Hocine
24/09/2021 à 01:37

Rio Bravo est un western mythique, l’un des meilleurs films américains tout simplement. Je me souviens qu’il était rediffusé à plusieurs reprises à la télé, notamment durant les fêtes de fin d’année et autres jours fériés. C’est d’ailleurs à la télé que je le découvre pour la première fois. Je pense avoir découvert John Wayne avec ce film, sans être tout à fait sûr. En tout cas, c’est l’un de ceux qui m’avaient le plus marqué durant mon enfance et adolescence. Il y avait aussi Alamo et Hatari, parmi les films de John Wayne les plus rediffusés à la télé. Par la suite, j’ai eu l’occasion de voir Rio Bravo dans l’une des salles de cinéma du Quartier Latin à Paris, où il est régulièrement programmé.
L’histoire est toute simple, les acteurs sont tous fabuleux, l’ouverture du film est inoubliable et donne le ton.
La musique est tout aussi inoubliable, notamment le fameux air intitulé Deguello. Il y a également de beaux moments de comédie. Franchement, ce film n’a aucun défaut et doit probablement être étudié dans les écoles de cinéma.
Howard Hawks aurait fait ce film en réaction au western Le Train Sifflera Trois Fois de Fred Zinnemann, dans lequel Gary Cooper jouait un shérif qui demandait de l’aide pour affronter des bandits, qui étaient sur le point de revenir en ville. La supposée lâcheté de ce personnage de shérif aurait indigné Howard Hawks et lui aurait fait détester le film. Alors, dans Rio Bravo, Hawks fera jouer à John Wayne, un shérif qui refusera d’être aidé, alors que sa ville est comme en état de siège.
Soit dit en passant, Rio Bravo inspirera John Carpenter et son fameux film Assault on Precinct 13.
Quant à John Wayne, ses détracteurs ont souvent affirmé qu’il ne savait pas jouer. Il suffit pourtant de voir des films comme La Chevauchée Fantastique, La Rivière Rouge, La Charge Héroïque, L’Homme Tranquille, La Prisonnière du Désert, Rio Bravo, Alamo, L’Homme qui Tua Liberty Valance, True Grit, Le Dernier des Géants pour s’apercevoir qu’il savait très bien jouer lorsqu’il était bien dirigé. Et puis, quelle présence physique.