Heathers : la romance trash et misanthrope qui vomit la Saint-Valentin autant que vous

Lino Cassinat | 12 février 2022
Lino Cassinat | 12 février 2022

La Saint-Valentin vous fait vomir ? Réfugiez-vous dans Heathers, une romance misanthrope qui cache une brillante satire trash faisant le pont entre John Hughes et Gregg Araki.

Existe-t-il fête rituelle globale plus détestable que la Saint-Valentin (oui, Noël, on sait, mais laissez-nous introduire) ? Toutes ces mielleuses incitations à l'amour, toutes ces survalorisations du couple parfait vous donnent envie de dynamiter les normes sociales et de tordre des cous ? Pas de panique, on a le meilleur antidote de la saison pour satisfaire votre pulsion et nourrir votre réflexion. Winona Ryder et Christian Slater seront vos guides dans Heathers - Fatal Games en français, merci la traduction - une romance sans amour, mais avec du sang, de la cruauté jouissive, des dialogues acides et un propos aussi complet que complexe sur la vanité et la violence de classe et en classe.

 

Fatal Games : photoHeather, Heather, Heather et Veronica

 

"Heather, pourquoi es-tu une telle mégapétasse ?"

Dans cet (anti ?) teen movie mélangeant romance trash et satire misanthrope, deux élèves, Veronica et J.D. (pour James Jason Deen), s'entichent l'un de l'autre grâce à leur envie commune de débarrasser leur lycée du règne de terreur imposé par ses tyrans au Biactol. Sont particulièrement visées Heather Chandler, Heather McNamara et Heather Duke, les trois horribles reines du bahut. Problème, J.D. a un penchant prononcé pour le meurtre, et la situation dérape. Un dispositif narratif dont on retrouve l'ADN jusque dans JawbreakerLolita malgré moi (réalisé par le frère du scénariste de Heathers, tiens donc) ou Assassination Nation, mais qui a tout d'une révolution au moment où Heathers est réalisé.

Tourné avec un misérable budget de trois millions de dollars, Heathers a été une grosse taule au box-office de 1989, n'ayant engrangé qu'un seul et plus misérable encore million de dollars malgré une critique enthousiaste et un passage remarqué à Sundance . La faute à un scénario satirique beaucoup trop corrosif et une mise en scène beaucoup trop décalée qui en font plus un contre-teen movie qu'autre chose, comme une espèce de missile moqueur envoyé en plein dans la tronche des classiques du film ado apparu dans les années 60, mais aussi dans la face de ses derniers représentants sortis au cours des années 80, deuxième âge d'or du genre.

 

Fatal Games : photoUn couple parfait

 

Après une décennie dominée par l'approche lumineuse et idéaliste à la John Hughes, Heathers y va à rebrousse-poil et annonce sans le savoir le ton qui dominera les films indés des années 90 et qu'on retrouvera notamment chez Larry Clarke ou Gregg Araki : une écriture fine et incisive, sans pitié ni concession, volontiers trash et ironique. Jusque dans son style visuel parodiant MTV, faisant la part belle aux lumières extravagantes, aux outrances colorées et aux cadres surstylisés (dont on retrouvera facilement la continuation dans The Living End, sorti trois ans après), Heathers est en avance sur son temps. Trop même, au point de faire fuir le tout Hollywood.

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commentaires
John Spartan
12/02/2022 à 19:47

@ Kyle Reese
Dis moi que t'as au moins vu "Pump Up the Volume" avec également Christian Slater ?

Dans le genre ados mal dans leurs peau, celui là c'est le must, et musicalement WoW
(Big Up à Leonard Cohen).

Lino Cassinat
12/02/2022 à 18:43

@Uleertel
Ou les trois en même temps.

Uleertel
12/02/2022 à 17:43

Noël fête la plus détestable ? J'en connais un qui a dû avoir une enfance difficile, une famille de merde, ou qui est complètement aigri....

Kyle Reese
12/02/2022 à 15:04

Complètement passé à côté de ce film à l’époque, j’en ignorais l’existence jusqu a cet article, alors que j’avais vu Ferris évidement et Breakfast club.
Ça a l’air sympa, en avance sur son temps mais je vais passer mon chemin je pense. La nostalgie autour des teens mal dans leur peau des années 80 j’ai connu, ça va un temps …lol