La 36e Chambre de Shaolin : la matrice des films d’arts martiaux qui tabasse John Wick et The Raid

Antoine Desrues | 19 mai 2022
Antoine Desrues | 19 mai 2022

Chef-d’œuvre matriciel de la Shaw Brothers, La 36e Chambre de Shaolin reste l’un des référents du cinéma d’arts martiaux moderne. Décryptage.

Des années 60 à 90, la Shaw Brothers a été la pièce maîtresse du cinéma hongkongais. Grâce à ses studios surnommés la Movietown, ses producteurs pouvaient diriger pas moins de sept tournages en simultané. Un rythme soutenu, voire insensé, qui a permis à la structure de s’atteler à de nombreux genres, de la comédie au mélodrame. Néanmoins, c’est vraiment avec le wu xia pian (le film de sabres chinois) qu’elle a façonné sa légende.

Pour autant, la seule erreur majeure de la Shaw Brothers a été de refuser un petit prodige du nom de Bruce Lee, qui est donc parti vers son concurrent direct : la Golden Harvest. Par rapport au cinéma câblé, virevoltant et poétique de King Hu (A Touch of Zen), Lee a amené le cinéma d’arts martiaux dans la modernité, en se focalisant sur leur philosophie concrète, sur la monstration de l’entrainement et de prouesses physiques plus réalistes, simplement captées par la caméra. C’est là que la Shaw Brothers a décidé de réagir.

 

La 36ème Chambre de Shaolin : photoClassique parmi les classiques

 

H-K.O.

La 36e Chambre de Shaolin marque ainsi de la meilleure des manières cette transition et ce renouveau du cinéma du studio. À partir d’un des mythes les plus persistants de l’histoire de la Chine, c’est toute une saga que la Shaw Brothers a développée. Vraisemblablement créé au Ve siècle, le monastère Shaolin est sans doute le temple bouddhiste le plus connu au monde. Sa longévité, mais aussi ses multiples destructions, n’ont cessé de jouer sur sa dimension fantasmatique, épaulée par des sources historiques contradictoires. Quoi de mieux comme base pour enfanter l’un des films les plus importants du soft-power chinois ?

Si le cinéaste Chang Cheh (auquel on doit la célèbre trilogie du Sabreur manchot) pose les fondations de cette démarche artistique avec Le Monastère de Shaolin et Les Disciples de Shaolin, il laisse ensuite son chorégraphe Liu Chia-Liang prendre la relève avec La 36e Chambre, ce dernier poussant dans ses retranchements le style de son compatriote.

 

La 36ème Chambre de Shaolin : photoNous devant le film

 

Et pour mieux comprendre ce style, faisons un petit saut dans le temps. En 1994, Liu Chia-liang co-réalise avec Jackie Chan Combats de maître, le chef-d’œuvre plus connu sous le titre Drunken Master 2. À ce moment-là, Jackie Chan est au sommet de son art, imposant ses chorégraphies et ses équipes de cascadeurs dans des films où il pense une mise en scène claire, marquante et épurée. Le principe, c’est que la caméra s’efface au maximum, assume des plans fixes et des raccords invisibles pour épouser la virtuosité de l’artiste martial.

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commentaires
Dark S.
21/05/2022 à 14:50

"le cinéaste Chang Cheh (auquel on doit la célèbre trilogie du Sabreur manchot) pose les fondations de cette démarche artistique [...] Liu Chia-Liang prendre la relève avec La 36e Chambre, ce dernier poussant dans ses retranchements le style de son compatriote."

Je ne vois pas du tout en quoi Liu Chia Liang pousse le style de Chang Cheh dans ses retranchements étant donné que les 2 réalisateurs ont des styles très différents voire quasi opposés, et son justement connu pour ça. Chang Cheh est bien plus viscéral et violent, Liu Chia Liang plus spirituel et pédagogique. Deux visions totalement différentes, pour le moins visible à l'écran.

Grand film cela dit que la 36ème chambre.

Pat Rick
20/05/2022 à 18:50

Très bonne trilogie avec Gordon Liu.