Larry Flynt : le seul traitement contre votre addiction au porno

Mathieu Jaborska | 27 décembre 2022
Mathieu Jaborska | 27 décembre 2022

Woody Harrelson joue le magnat du porno Larry Flynt dans le film éponyme réalisé par Milos Forman.

L'exercice du biopic est périlleux, voire parfois carrément douteux, et certaines productions récentes, pourtant très bien reçues par l'institution hollywoodienne, l'ont magistralement démontré. Il est aisé de se garantir l'approbation générale en composant l'éloge d'un artiste aimé de tous, quitte à exploiter sans vergogne sa popularité. C'est peut-être aussi pourquoi le maître incontesté du genre, le cinéaste Milos Forman, a accepté au beau milieu des années 1990 le défi de concrétiser la vie tumultueuse d'une personnalité plus que controversée, quelques années après le triomphe de son Amadeus.

Et cette personnalité, c'est Larry Flynt, créateur du concurrent de Playboy (Hustler) et encore à la tête d'un empire du sexe et de la pornographie lors de la sortie du film. Forcément, le portrait qu'en font les scénaristes Scott Alexander et Larry Karaszewski a fait couler beaucoup, beaucoup d'encre. On en rajoute quelques gouttes à l'occasion de la sortie du film en Blu-ray chez Wild Side.

 

Larry Flynt : photo, Woody HarrelsonContre le système... mais avec le système

 

Larry Flynt

Larry Flynt était un paradoxe ambulant. Ennemi déclaré des conservateurs américains roulant en fauteuil plaqué or, pornographe notoire, grand partisan de l'objectification féminine et défenseur autoproclamé des libertés individuelles, capable de clouer au pilori une parole féministe critique de ses méthodes un jour et de militer activement pour la liberté d'expression le lendemain, il était de ceux qui – dans une perspective absurde typiquement américaine – voudraient concilier la protection des droits personnels et le libéralisme capitaliste le plus prédateur. Un idéal politique qu'il revendiquait encore quelques années avant sa mort.

Une manière d'accumuler la richesse sans devoir rendre de comptes et de justifier la fixation d'un plafond d'âge pour ses compagnes par la nécessité de rester jeune. 23 ans dernier palier, de quoi battre à plate couture ce bon Leonardo DiCaprio sur le terrain de l'hypocrisie de trois bonnes années et ne laisser aucun doute sur la misogynie (parfois assumée) du personnage.

 

Larry Flynt : photo, Woody HarrelsonLe pin's fait toute la différence

 

Ce sont justement les paradoxes qui intéressent le duo de scénaristes formé par Scott Alexander et Larry Karaszewski. Tous deux s'en nourrissent pour leurs textes et particulièrement pour leurs biopics, par conséquent les plus profonds du genre des années 1990 à aujourd'hui, exception faite de ceux de Forman, bien entendu. Plusieurs années avant leur Dolemite Is My Name, étudiant les singularités de la blaxploitation, ils s'emparaient d'un paradoxe cette fois essentiellement artistique, celui d'Ed Wood, cinéaste chevronné, mais peu talentueux, auteur de séries B aussi ratées qu'irrésistibles.

La suite est réservée aux abonnés. Déjà abonné ?

Accèder à tous les
contenus en illimité

Sauvez Soutenez une rédaction indépendante
(et sympa)

Profiter d'un confort
de navigation amélioré

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.
Vous aimerez aussi
commentaires
Birdy Amen
28/12/2022 à 10:23

Rien que l'affiche est un chef d’œuvre.

Pseudo1
28/12/2022 à 00:28

Vu ce film ado, j'avais clairement adoré et l'ai revu X fois depuis, un vrai bijou. Aborder la liberté d'expression par le prisme du porno et d'un personnage aussi haut en couleurs, juste du génie!
Et en effet, le casting est juste parfait, mais l'évolution du personnage et de l'interprétation de Courtney Love mérite à elle-seule le détour

jpb
27/12/2022 à 14:54

Effectivement ; un grand film... absurde.

Ray Peterson
27/12/2022 à 12:43

Un bon cru Forman. Autant Woody Harrelson est pas mal dans le rôle de Flint, même si parfois il en fait des caisses (mais le vrai Larry Flint n'en faisait il pas finalement), autant Edward Norton crève l'écran dans le rôle de l'avocat et ami de Flint. Sa séquence de plaidoirie finale est un pur bijoux de mise en scène et d'interprétation. Chapeau bas Milos!

Sanchez
27/12/2022 à 11:36

Un chef d’œuvre , plus que jamais d’actualité dans cette époque neo puritaine