Velvet Goldmine : un Rocky Horror Picture Show avec Christian Bale et Ewan McGregor

Judith Beauvallet | 14 janvier 2023 - MAJ : 21/07/2023 16:16
Judith Beauvallet | 14 janvier 2023 - MAJ : 21/07/2023 16:16

En 1998, Todd Haynes réalisait Velvet Goldmine, un hommage vibrant et pailleté à David Bowie et à l'ère Glam Rock.

Velvet Goldmine, littéralement “mine d’or de velours” en Français, c’est d’abord une chanson. Enregistrée par David Bowie en 1971 et sortie en 1975, elle est une face B post-Ziggy relativement oubliée qui parle ni plus ni moins que de fellation. C’est la référence que Todd Haynes choisit pour baptiser son hommage au chanteur : un film sexe, drogues et Glam Rock qui porte ce titre comme un gant (de velours).

La carrière de Todd Haynes est traversée par sa passion pour la musique et les artistes qui la font. Longtemps avant Loin du Paradis ou Carol, il commence derrière la caméra avec un moyen-métrage sur la vie de Karen Carpenter, dans lequel les acteurs sont des poupées mannequin. Bien plus tard, il réalisera aussi le formidable et protéiforme I’m Not There pour rendre hommage à Bob Dylan, et son dernier film en date, présenté à Cannes en 2021, est un documentaire consacré au Velvet Underground. 

Au milieu de tout ça, en 1998, il y a Velvet Goldmine : un concentré explosif de tout ce qui a fait l’esprit Glam Rock des années 70 et qui raconte l’histoire de l’icône pop Brian Slade, incarné par Jonathan Rhys-Meyers. Si Bowie refuse, à l’époque, que le film parle officiellement de lui, Haynes en profite pour explorer d’autant plus la limite entre réalité et fiction. En mélangeant des éléments de n’importe quelle époque à la scène musicale des années 70, le réalisateur tisse des liens improbables entre les œuvres et les périodes pour créer une dimension fantastique à laquelle n’appartiennent que les idoles et leurs fans. 

 

Velvet Goldmine : photoDandy cool

 

Oscar du meilleur Wilde 

La narration de Velvet Goldmine lui a valu de nombreuses comparaisons avec Citizen Kane, le film-monument d’Orson Welles où la vie d’un magnat de la presse est racontée à travers les recherches qu’un journaliste fait sur sa vie. Chez Todd Haynes, c’est effectivement le même système qui est adopté : le fil conducteur de l’histoire sera Arthur Stuart, incarné par Christian Bale, un journaliste chargé d’enquêter sur son ancienne idole dix ans après son faux assassinat sur scène. La référence à Welles est logique : là aussi, il s’agira de gratter la surface multicouche d’une icône construite par les images, et pour ce faire, il faudra comprendre ces images qui la composent. 

La couleur est donnée dès la première séquence, qui se passe en 1854, où un bébé Oscar Wilde est déposé devant la porte de ses parents adoptifs par une soucoupe volante. Le film qu’on s’apprête à voir sera donc l’histoire extra-terrestre et extraordinaire d’Oscar Wilde et de tous ses reflets. La preuve en sera la broche trouvée sur le lange du bébé que ses descendants spirituels hérités du dandysme se passeront tout au long du film, chacun vivant une vie qui sera comme une continuation de celle de Wilde. “Il lui semblait que, d’une mystérieuse façon, leurs vies avaient été la sienne”, annonce d’ailleurs le professeur d’Arthur Stuart en citant Le Portrait de Dorian Gray devant ses élèves. 

 

Velvet Goldmine : photo, Toni ColletteUn film très Collette montée

 

On retrouve le petit Oscar Wilde à l’école, en plein XIXe siècle, qui déclare à son professeur que quand il sera grand, il sera une icône de la pop. Anachronique ? Pas de ça chez Todd Haynes, pour qui la vérité des choses dépasse le cadre de leurs circonstances. Après tout, en quoi un auteur sulfureux des années 1890 encore passionnément révéré aujourd’hui est-il si différent d’une star des années 70 dont les groupies tapissent leur chambre de photos ? En suggérant que Wilde est d’origine extra-terrestre, Haynes dit surtout que l’essence d’un artiste ne connaît pas les limites humaines d’une frise chronologique

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commentaires
danny_1952
11/03/2023 à 17:53

Pour tous ceux que la littérature, la musique et le cinéma intéressent, voici un film qui mélangent un peu tout ça de façon brillante. Un film sous-évalué par la critique, mais qui mérite d'être vu et revu.

Doop O'Malley
29/01/2023 à 22:45

Un de mes films préférés. Il est dans le haut de ma liste concernant les films qui m'ont donné une véritable claque au cinéma avec La Ligne Rouge, les Ailes du désir et Les Accusés.

MIL
14/01/2023 à 15:29

Film souvent inconnu. A revoir de mon côté, je me souviens avoir aimé, mais aucun souvenir précis.

Numberz
14/01/2023 à 14:52

La vache. Je connaissais absolument pas

Flash
14/01/2023 à 12:49

Époque assez jouissive musicalement, Bowie, T-rex, Slade, Roxy Music….
J’avais adoré le film, Erwan Mc Gregor en Iggy Pop et Rhys-Meyers en Bowie étaient parfait.
A revoir absolument !