Complots : Julia Roberts et Mel Gibson contre les reptiliens

Judith Beauvallet | 12 mars 2023 - MAJ : 28/04/2023 13:30
Judith Beauvallet | 12 mars 2023 - MAJ : 28/04/2023 13:30

Sorti en 1997, le film de Richard Donner interroge avec humour et brio la légitimité des théories du complot.

Période post-Covid oblige, de nos jours, c’est la foire aux théories du complot et aux croyances farfelues sur les internets. En préambule de ce dossier, il sera donc utile de rappeler avant toute chose que la Terre est ronde et que les reptiliens n’existent pas. Ces précautions prises, il est temps de revenir sur un film aujourd’hui trop oublié, dans lequel un complotiste paranoïaque finit, à force de voir le mal partout, par mettre le doigt sur une véritable conspiration. Il s’agit du film sobrement intitulé Complots, réalisé par Richard Donner, à qui l’on doit aussi Ladyhawke, femme de la nuitLes GooniesMaverick et la saga L'Arme fatale. Un metteur en scène habitué au meilleur du divertissement grand public, qui jongle aisément avec les tons et les univers.

Complots, sorti en 1997, n’échappe pas à cette règle. Mieux : il en est la quintessence, au croisement virtuose d'un thriller angoissant et d'une comédie romantique. À son affiche, deux monstres du cinéma des années 90 : Mel Gibson et Julia Roberts. Comment filmer les délires (en l’occurrence légitimes) d’un complotiste sans faire un film complotiste ? Comment faire d’un harceleur un héros positif ? C'est le pari de Donner, qui réussit tout ce qu’il entreprend, et qui réalise avec Complots le film prouvant que oui, on peut encore tout dire, tant qu’on le dit bien.

 

Complots : photo, Mel GibsonLa Terre est-elle plate ou bien gazeuse ?

 

le pire héros du monde

Avec son rythme soutenu et ses multiples pointes d’humour, Complots entraîne tellement son spectateur que celui-ci pourrait presque en oublier de prendre du recul sur la trame du film. Une trame selon laquelle Mel Gibson, alias Jerry Fletcher, est à la fois le héros et aussi un complotiste de la pire espèce qui, par-dessus le marché, harcèle et épie la femme qui lui plaît. Soucieux d’alerter qui voudra bien l’écouter sur toutes ses théories conspirationnistes farfelues, il envoie chaque semaine à ses quelques abonnés une newsletter faite d’articles découpés dans des journaux censés prouver qu’“ils” mentent. Sur tout.

Après les délires post-pandémie à base de 5G cachée dans un vaccin, chacun peut se figurer ce à quoi un Jerry Fletcher d’aujourd’hui ressemblerait s’il était lâché sur Twitter (ou pire : Facebook). Chez lui, tout est cadenassé, même la nourriture du frigo dans lequel chaque aliment a son propre cadenas à code. Mais tout ça n’est encore rien en comparaison de l’obsession que Jerry voue à Alice Sutton, une jeune avocate incarnée par Julia Roberts.

En plus de forcer l’accès à son bureau tous les quatre matins pour lui exposer ses soupçons conspirationnistes, il l’espionne aussi lorsqu’elle est chez elle. Cette scène en particulier est délicate : Jerry est tapi dans son taxi, garé près de l’appartement d’Alice. Celle-ci entreprend de faire de l’exercice sur un tapis de course, et Jerry dégaine ses jumelles pour l’observer. Voyant qu’elle chantonne, il cherche à la radio la station qu’elle est en train d’écouter afin de pouvoir apprécier la musique “avec elle”.

 

Complots : photo, Mel GibsonÀ ne pas reproduire chez vous

 

Alors qu’il chante donc Can’t Take my Eyes off You – titre particulièrement adéquat – en même temps qu’elle, la caméra épouse la vision des jumelles et zoome progressivement sur le visage d’Alice, tandis que la musique englobe de romantisme et de poésie cette pure scène de voyeurisme. Horrible procédé qui enjolive un comportement de dangereux harceleur ? Il semblerait. Pourtant, il n’en est rien, comme on l’expliquera plus tard.

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commentaires
Nono Gibson
17/03/2023 à 14:36

Vu xxx fois ce film, j'adore. Du ciné d'orfèvre, chouette photo, des passages d'anthologie et un score pétaradant du compositeur attitré des frères Coen, Carter Burwell. Et le couple est ultra glamour et la chanson phare trop bien agencée et... bref, excellent. Hollywood avec un grand H.

alulu
13/03/2023 à 16:50

Fox

Celui de Demme, celui avec Sinatra, j'avoue que j'ai abandonné le visionnage au tout début quand il est passé sur Arte. Mais il bénéficie d'une bonne cote si je ne me trompe pas.

Fox
13/03/2023 à 10:25

@alulu
Un Crime dans la Tête oui, mais lequel ?
Le Frankenheimer ou le Demme ?

Arnaud (le faux)
13/03/2023 à 01:37

@arnaud (le vrai) toi tu es soit un mouton ou bien un agent, dans les deux cas tu es une grosse m*rd*.

alulu
12/03/2023 à 15:59

Dans le genre, je préfère le mésestimé Un crime dans la tête. Complots, plaisant à mater mais sans plus.

Ray Peterson
12/03/2023 à 14:36

Pourtant assez fan de Donner, ce Complots me fatigue au visionnage
Beaucoup trop de cabotinage, de bruits, de cut et d'invraisemblances.
La scène de torture de Mel Gibson (encore une) avec teinte rouge en fond
me fait sortir du film direct. La fin méga happy et la relation entre Jerry et Alice
sont trop too much pour moi. Après, les scènes d'actions sont quand mêmes bien
emballées (dans l'appart de Fletcher notamment). Un petit ouais pour le Dick.

Mx
12/03/2023 à 13:36

Je garde aussi un excellent souvenir de ce film, mel gibson est génial, et son perso très attachant, roberts est toute mimi, et patrick stewart compose un excellen bad-guy.

un très bon crû donner/gibon!!!

Arnaud (le vrai)
12/03/2023 à 13:25

Un film qui aurait une résonance très différente aujourd’hui entre les conneries balancées à propos des vaccins, la Terre plate qui gagne de plus en plus d’adeptes, les chemtrails, la guerre en Ukraine etc …
Jamais les adeptes des théories du complot n’ont été aussi bruyant que ces dernières années

Terminéator
12/03/2023 à 13:04

J’adore ce film . On en fait plus des films comme ça .