Secret Story rencontre 24H chrono : Timecode, le tour de force du multi-plan-séquence

Ange Beuque | 18 avril 2024
Ange Beuque | 18 avril 2024

Amateurs de concepts complètement fous, Timecode est fait pour vous. Avec la complicité de Salma Hayek et Stellan Skarsgård, le film de Mike Figgis combine (vrai) plan-séquence intégral et split-screen, déployant pas moins de 4 écrans simultanés pendant toute la durée du long-métrage. Mais comment transformer un tel exercice de style en une œuvre brillamment cohérente ?

À ma droite les phobiques de la coupe, les Birdman, 1917 et La Corde, ces fanatiques du plan-séquence et ceux qui l'utilisent plus ponctuellement... parfois en guise de cache-misère (coucou Les Trois mousquetaires). À ma gauche, les obsédés de l'écran partagé, alignés en rang serré derrière leur chef de file Brian de Palma. Et au milieu, leur rejeton illégitime : le Timecode de Mike Figgis.

Au grand bal des exercices de style, il danse fièrement sur l'estrade. Nullement rassasié de contraintes, il emprunte également au minimalisme édicté par le Dogme. Autant de concepts peuvent-ils raisonnablement s'assembler en un film cohérent ? Figgis a la réponse : oui, et plutôt quatre fois qu'une.

 

Timecode : Stellan Skarsgård, Saffron Burrows, Salma HayekMike Figgis a déjà résolu la quadrature du cercle. Quatre fois

 

Un tournage réglé comme du papier à musique

Pour faire fonctionner ces quatre intrigues simultanées, et ménager leur entremêlement sans possibilité de recourir aux si commodes ellipses, il faut un scénario au cordeau. Or, pour avoir longtemps fait partie d'un groupe de jazz, Figgis voit immédiatement l'apport qu'il peut tirer de cet art parallèle : il invente une forme d'écriture hybride, à mi-chemin du cinéma et de la musique.

Le réalisateur découpe une partition en 97 mesures, chacune symbolisant une minute de film. Quatre bandes représentent les quatre trames. De cette manière, il peut ajuster le rythme des séquences afin d'orchestrer les collisions narratives, et éviter que des actions trop exigeantes à suivre pour le spectateur ne se chevauchent. À l'intérieur de ce carcan rigide, les acteurs sont libres d'improviser.

 

Timecode : Stellan SkarsgårdNymphomaniac

 

Une fois la partition achevée, reste à accorder les instruments. Figgis est un puriste dans l'âme : pas question de recourir aux raccords numériques si fréquents à Hollywood pour donner l'illusion de la continuité. Même Hitchock a triché pour La Corde, camouflant les transitions par diverses astuces (passage derrière un meuble...) puisque les caméras de l'époque ne lui permettaient de tourner que dix minutes d'affilée.

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commentaires
Salsifiz
20/04/2024 à 19:04

Ça fait des années que je veux le voir ce film. Le tour de force à l'air assez prodigieux. Pis quel casting !