Merchant / Ivory / Forster : un trio de classiques

Erwan Desbois | 17 mai 2006
Erwan Desbois | 17 mai 2006

Parmi les vingt-neuf films et téléfilms que le producteur – indien – Ismail Merchant et le réalisateur – américain – James Ivory ont fait ensemble depuis 1963, trois sortent sans discussion du lot ; trois adaptations d'un romancier… anglais, E.M. Forster. Répartis sur huit ans, ces trois longs-métrages (Chambre avec vue en 1985, Maurice en 1987 et Retour à Howards End en 1993) ne répondent pas à une quelconque logique de trilogie, Merchant et Ivory ayant tourné d'autres films entre chaque et ayant lancé chacun des trois projets séparément des autres. La cohérence entre ceux-ci vient des romans de Forster, tous situés à une même époque – l'Angleterre du début du XXè siècle – et dans un même milieu social – la haute bourgeoisie.

Ces romans étaient tous très autobiographiques pour Forster. Ils racontent sa soif d'amour et de liberté (Chambre avec vue), son homosexualité inavouée car considérée comme un crime à l'époque (Maurice), et son dépit face à la lutte des classes, lutte dont personne ne peut espérer sortir indemne (Retour à Howards End). Au-delà de l'aspect folklorique de la reconstitution très soignée de l'Angleterre victorienne – aspect qui fit de Chambre avec vue un triomphe commercial aux Etats-Unis –, l'intérêt des trois adaptations de James Ivory est que ce dernier a donné un caractère universel à des œuvres a priori très datées. Mise en scène plus impertinente qu'ampoulée, parti pris dans le regard porté sur les personnages (certains sont traités avec sympathie, d'autres avec une ironie mordante), lyrisme maîtrisé et exaltant : autant de choses qui ont permis à ces trois films de marquer le cinéma, et de rafler plus d'une dizaine de prix dans les différents festivals et aux Oscars.

Les éditions double DVD proposées par MK2 pour chacun des longs-métrages sont d'un bon niveau technique : image très honnête (bien qu'un peu terne sur Retour à Howards End) et nombreuses configurations sonores (mixages DD 5.1 anglais réussis, et pistes originales en anglais et en français). Le bât blesse quelque peu en ce qui concerne l'interactivité, qui ne mérite un disque séparé que pour Maurice, pour lequel les bonus ont été repris du Criterion. Mais cela n'empêche pas ces trois DVD (qui sortent également au sein d'un coffret les regroupant tous les trois) d'être tout à fait recommandables.

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Chambre avec vue
Maurice
Retour à Howards End

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