La Femme à la fenêtre : le réalisateur raconte sa version "brutale" abandonnée du thriller Netflix

Joe Wright, le réalisateur de La Femme à la fenêtre visible sur Netflix, raconte que son film devait être beaucoup plus violent..

Alors que son dernier film en date Cyrano, une comédie musicale inspirée de la vie de Cyrano de Bergerac, connait des difficultés de diffusion (annoncé en salles, puis annulé, puis annoncé à nouveau en salles au 30 mars en France), Joe Wright ne s'est toujours pas remis totalement remis de la déconvenu de son précédent métrage : La Femme à la fenêtre.

Connu et apprécié pour ses films d'époques comme Orgueil et préjugés, Reviens-moi, ou Anna Karénine, avec Keira Knightley dans tous les premiers rôles, Joe Wright avait décidé de réaliser avec La Femme a la fenêtre un film se déroulant dans une époque récente et sans sa muse. Sauf que le film a connu de grosses difficultés de production (projections test peu concluantes, reshoots en urgence, rachat de Fox par Disney, pandémie...) et a finalement fini sa course sur Netflix en mai 2021.

Amy Adams reconnaissante de ne pas avoir tourné dans un remake de Climax

Et forcément, le long-métrage a récolté des critiques mitigées (dont notre critique de La Femme à la fenêtre est dans la moyenne haute) lors de son arrivée sur la plateforme. Et alors qu'on regrette énormément de ne pas avoir vu le véritable projet initial (le film ayant été charcuté par la production), le réalisateur est justement revenu dessus avec Vulture. Le moyen parfait de donner quelques détails sur la version abandonnée du film et celle qu'il avait imaginée au départ :

« Le film a été édulcoré. Très édulcoré. Il était beaucoup plus brutal à l'origine. D'abord d'un point de vue esthétique, avec des coupes très brutes et une musique très violente - Trent Reznor a fait un travail incroyable sur la musique qui était agressive et hardcore - et ensuite dans la représentation d'Anna, le personnage d'Amy Adams, qui était beaucoup plus compliqué et méprisable à de nombreux niveaux. Malheureusement, le public préfère quand les femmes sont gentilles dans les films. Ils ne veulent pas les voir se compromettre et devenir moches et sombres et saoules et prendre des médocs. Ça ne pose pas de problèmes quand les hommes sont comme ça, mais quand c'est les femmes si. Alors tout le film a été édulcoré et il est devenu quelque chose qu'il n'était pas.

Alors de base, elle devait se faire tirer dessus 10 fois et sauter par la fenêtre

Les coupes étaient très dures. Je pense toujours à ce film de Gaspar Noé, Seul contre tous, où un coup de feu part à chaque coupe, ce qui te faisait craindre la coupure et te laissait à bout de nerfs. Il y avait de ça dans le style de La Femme à la fenêtre. C'était brutal. C'était brutaliste. Et qui l'eût cru ? Ils n'ont pas aimé ! [rires] Je pense toujours que les gens vont comprendre ce que je veux dire et que ça vaut la peine de s'angoisser à mort et de dépenser des millions de dollars pour une expérimentation formelle. Et quand les gens me disent : "Hmmm, ce n’est pas vraiment ce à quoi on...", ça me surprend. Je pense que ce genre de choses sont bien si tu travailles avec le budget de Gaspar Noé. Si tu travailles avec un budget hollywoodien, ce n’est probablement pas très malin. »

Même si Joe Wright se s'exprime pas sur les avis mitigés qu'a reçu son film, il semble tout de même se dédouaner un peu. S'il n'évoque pas à quel moment de la production et surtout qui (précisément) a décidé de totalement chambouler son film, on imagine que voir à ce point son oeuvre être mutilée (par les producteurs, en vrai, on sait qui a tout cassé... hein Disney) n'a pas dû être évident.

Malheureusement, peu de réalisateurs sont totalement libres de leurs choix esthétiques. En tout cas, il semble avec Cyrano avoir réalisé une oeuvre personnelle et avoir retrouvé le goût pour le cinéma d'époque et pour les propositions formelles. Verdict le 30 mars au cinéma, si tout va bien.