La daube Dracula 3000 : le film de (vam)pire que tout

Retour sur Dracula 3K - L'empire des ombres, l'une des pires adaptations du mythe du célèbre vampire, avec Casper Van Dien dans le rôle principal.

Depuis que Bram Stoker a raconté les aventures de Dracula dans son roman le plus célèbre en 1897, les adaptations en tout genre ont envahi la planète et continue aujourd’hui de pleuvoir, cuisinant le célèbre vampire à toutes les sauces, pour meilleur et pour le pire. Et l’un des pires exemples en la matière est sans nul doute l’infâme Dracula 3K - L'empire des ombres (alias Dracula 3000), un téléfilm tellement mauvais qu’il en vaut (presque) le détour.

Nous qui attendions désespérément de pouvoir écrire sur le film

alien aliéné

C’est désormais un passage presque obligé pour les séries B d’horreur trop épuisées par les suites et les adaptations en cascade : envoyer tout ça dans l’espace et voir ce qu'il se passe (en général, ça ne change absolument rien, si ce n’est que c’est encore un peu plus pourri). Le prince des ténèbres y a donc lui-même eu droit, ce qui n’est pas la chose la plus bizarre qui lui soit arrivée quand on pense à l’existence d’OVNI tels que, entre autres, Batman Dracula, film expérimental en noir et blanc d’Andy Warhol, ou de Drencula, nouvelle érotique écrite par Boris Vian.

Toujours est-il que c’est le réalisateur sud-africain Darrell Roodt, auparavant réalisateur de Sarafina! et de beaucoup de films rarement connus au bataillon, qui se lança, pour une raison obscure, dans cette aventure spatiale. Et comment justifier qu’un réalisateur par ailleurs aussi prolifique ait pu, un jour, réaliser un film témoignant d’aussi peu de maîtrise de son médium ? Mystère, car absolument rien, dans Dracula 3000 (qui n’est même pas une suite de Dracula 2000), ne peut laisser penser qu’un seul aspect de l’art cinématographique est un tant soit peu maîtrisé par son auteur.

Les Ripley au rabais

Il faut dire que, selon l’excellente chronique vidéo du film que Guillaume Cassar propose sur la chaîne YouTube “Subjectivement Objectif”, le film aurait été tourné en seulement trois jours. De quoi laisser imaginer dans quelles précipitation et approximation il a pu être mis en boîte. Si la caméra n’est jamais placée avec style (c’est le moins qu’on puisse dire), c’est surtout le montage qui rend le visionnage de ce Dracula Fischer Price particulièrement pénible (ou drôle, selon votre seuil de tolérance).

Les multiples raccords dans l’axe accolés en l’espace de quelques secondes pour faussement dynamiser des plans statiques sont la vraie marque de fabrique de cet audacieux travail, surtout quand ils sont rehaussés de bruitages artificiels de coups de poing (mention spéciale à la scène de la découverte de Mina dans son cercueil).

L'heure d'aller au pieu

draculourd

Pourtant, Dracula 3000 puise son inspiration chez les meilleurs, puisqu’on y sent la volonté très forte de se reposer sur les acquis de la saga Alien : le vaisseau s’appelle Mother III, l’introduction présente chaque personnage à travers une fiche technique au look Minitel, et le peu d’ambition visuelle de la photographie passe par un éclairage enfumé à travers les grilles du décor.

Mais tout ça ne suffit pas pour mettre en scène une histoire... D’ailleurs, quelle histoire ? Parce qu’en dehors de la reprise de quelques noms de personnages, le semblant de scénario n’a rien à voir avec l’œuvre de Bram Stoker, tant s’en faut. Aucun enjeu, aucune logique, mais seulement un ensemble vaseux de scènes emboîtées au hasard, avec pour seul ciment des blagues lourdingues et sexistes.

Un Orlock qui ne donne pas l'heure

Oui parce que, parmi la galerie de personnages qui composent l’équipage du vaisseau, il y a Aurora, une jeune femme blonde sortie tout droit d’un numéro de Playboy (et pour cause, son interprète, Erika Eleniak, fut à une époque connue pour son rôle dans Alerte à Malibu et pour sa carrière de playmate). Lors de l’introduction, la voix off prévient le spectateur : avoir ce physique n’aide pas Aurora dans sa carrière spatiale au milieu d’équipages masculins mal dégrossis.

Merci pour la mise en garde, sauf que... le film va justement passer son temps à faire de ce personnage un simple support à blagues sexistes, et encore plus lorsqu’il est révélé qu’elle est en fait un robot (parce que du coup, les hommes sont censés pouvoir en disposer pour le moindre fantasme, sans doute).

L'ancêtre des réu en visio

starshit troopers

D'ailleurs, la seule conclusion du film, avant que le dernier plan ne mette fin à l’histoire d’une manière totalement absurde (on vous laisse découvrir), c’est que l’un des personnages arrivera enfin à tirer son coup avec elle. Halleluïa, tout ça pour ça. C’était bien la peine d’aller dans l’espace et d’y mettre des vampires. Bref, avec tout ça, reste une question : qu’est-ce que des acteurs respectables (parfois) comme Casper Van Dien, Udo Kier et Tom Lister, Jr. allaient faire dans cette galère ? 

Spoiler : ils ne vont pas se pécho (et ça au moins c'est surprenant)

Certes, ils ont tous souffert de passages à vide dans leur carrière, et Casper Van Dien n’en était pas à son premier égarement depuis sa découverte dans Starship Troopers en 1997, mais à ce point-là ? Il est évident que ce casting valait mieux que de se retrouver dans un DTV qu’on oublie sous un rayon du Leclerc de la banlieue de Goret-sur-Bouse. Mais une chose est sûre, ce n’est pas tout le monde qui peut se vanter d’avoir une telle anomalie sur son CV, et, quelque part, ça a du charme.