Atypical saison 4 : critique de l'Antarctique sur Netflix
Discrètement arrivée sur Netflix en 2017, grâce à sa bonne humeur ainsi que sa caméra colorée et intimiste, Atypical avait rapidement séduit son public. Ce vendredi 11 juillet, la plateforme a livré son quatrième et dernier chapitre, cherchant toujours à éveiller la bienveillance et l’empathie de ses téléspectateurs.
LES PAUPIÈRES DU PINGUOIN
De tout temps, le cinéma et les séries se sont emparés de l’adolescence pour questionner les codes sociaux en place, les mettre en crise et élargir le champ des possibles. En caricaturant les stéréotypes d’âges et de genres, en les détournant ou les ridiculisant, en montrant aussi ce qu’ils cachent de souffrance et de fêlures, les productions actuelles tentent de redéfinir ce qui fait cet âge si particulier, pour essayer d’exposer toutes ses subtilités.
D’Euphoria à 13 Reasons Why, en passant par The End Of The F***ing World, le spectre des teen séries est large, passant du discours sarcastique au politique et engagé assez facilement (et parfois avec virtuosité). Mais au milieu de ses nombreuses séries profondes, voire très adultes, Atypical propose depuis ses débuts en 2017 de disséquer une vie de famille difficile et atypique avec beaucoup de légèreté. Un pari qui, au fil de ses trois premières saisons, a souvent fait mouche, tant ses personnages suscitent l’affection de ses spectateurs.
De la bonne humeur et des calins...
Il faut dire qu’étant familiale et bon enfant, Atypical diffère des productions adolescentes classiques, mais surtout, elle parle de la différence, de l’autre et de la difficulté à composer avec chacun différemment de la plupart des séries actuelles.
Outre The Good Doctor, peu de séries sont allées gratter la surface visible de l’autisme pour réhabiliter la place des personnes atteintes de ce trouble dans la société. Réussir à faire le portrait d’une famille qui se déchire et se reconstruit avec vraisemblance, en passant du regard d’une adolescente en pleine crise identitaire, à celui d’un jeune adulte différent, sans oublier ceux de parents qui réapprennent à être un couple fatigué est alors un véritable tour de force.
PRÊT, FEU, PARTEZ
Partie de ce lycéen Sam, interprété avec une grande justesse par Keir Gilchrist, de sa vie dans le monde, forcément différente de celle du commun des mortels à cause de son trouble, de sa passion pour l’Antarctique et ses pingouins (toujours utilisée pour parler du quotidien), Atypical a rapidement donné voix à ses personnages secondaires, qui pour parler d’adultère, d’humiliation et de pardon, qui pour aborder ces interrogations terriblement actuelles sur la sexualité, le genre, l'identité et ol'expression.
Cette ultime saison reprend donc là où elle s’était arrêtée. Doug et Casey (Jennifer Jason Leigh et Michael Rapaport) ont relancé leur couple ; lui est plus déterminé que jamais à faire partie de la vie de son fils et à l’aider dans la gestion de son trouble, alors qu’elle a plus de mal qu’elle l’aurait pensé à gérer l’envol de Sam du cocon familial. Ce dernier doit apprendre à composer avec les aléas de la vie (la vie en coloc, passage obligatoire dans les séries américaines, ou encore la perte de son emploi) et à déterminer ce qu’il veut pour sa vie professionnelle. Tandis que sa sœur, toujours plus au centre de l’histoire, continue de se questionner sur son identité, pâtissant lourdement en parallèle de la pression de son école élitiste et de ses parents pour obtenir une bourse et entrer dans une grande université californienne.
À l’image des trois premiers chapitres de la série, les deux adolescents restent clairement le point le plus fort de cette nouvelle saison. Peut-être même Casey (Brigette Lundy-Paine) prend-elle l’ascendant sur Sam dans ce dernier round. Tiraillée entre la légèreté avec laquelle elle devrait prendre la vie à son âge, son caractère protecteur, presque de deuxième maman, et son emploi du temps surchargé de sportive et de lycéenne en quête d’une bourse universitaire, elle prend toujours plus d’importance, jusqu’à exploser en vol.
Le huitième épisode, Le retour de l'oiseau, est d'ailleurs vraiment intéressant. Troquant la voix de Sam et ses métaphores glaciales contre celle de Casey, la narration est laissée à cette dernière. L’épisode précédent s’était clos sur son incapacité à courir alors qu’une sélectionneuse de UCLA était présente, et celui-ci oscille entre flash-back et retour à l’instant présent pour mieux la faire rebondir. Avec cet épisode, Atypical plonge vraiment dans les tourments du personnage, oubliant pour un temps sa légèreté habituelle.
Plus touchant encore, alors qu’elle est bien souvent celle qui réussit à remettre son frère sur pied, c’est ce dernier qui lui rend la pareille alors qu’elle est incapable de se lever de son lit, sans vraiment s’en rendre compte.
MISSION IMPOSSIBLE : DESTINATION ANTARCTIQUE
Atypical continue donc sur la même lancée : s’attaquer à aux sujets profonds, parfois douloureux du passage à l’âge adulte, avec légèreté et décomplexion… oubliant parfois ce qui a faisait de cette série un objet à part dans le paysage actuel.
Toujours aussi colorée et intimiste, elle veut parfois trop coplaisante avec ses personnages pour leur offrir le « happy-ending » qu’ils méritent après 4 rounds. Si le personnage de Casey a droit à ses explorations, celui de Sam, lui, semble parfois être rejeté au deuxième plan. Les hauts et les bas de son autisme, toute la complexité de que son trouble induit… tout ça se dilue dans une quête de voyage en Antarctique. Nouvelle obsession logique dans l’évolution du personnage, aucun des obstacles qu’il rencontre dans la préparation de son voyage n’est jamais vraiment un sujet, tant et si bien que le réalisme de la série en prend un coup.
Il y a comme un air de Big Bang Theory dans cet entraînement pour l'Antarctique
Son autisme, qui était le cœur de la série, ne semble plus non plus être l’intérêt principal des scénaristes. Son apprentissage de la vie à deux, hors de son cadre familial rassurant, est évacué en un seul épisode, alors que la vie lycéenne et universitaire avait été le sujet principal des premières saisons. À croire, presque, que la série ne savait plus comment raconter ce personnage.
Plus encore, les personnages secondaires ne se résument parfois plus qu’à une ou deux lignes de description basique. Elsa perd sa place privilégiée de mère, alors que sa deuxième adolescente est toujours à la maison. Doug se résume parfois trop à la pression qu’il fait peser sur les épaules de cette dernière, tandis que la mort, abordée par deux fois dans la série n’est pas traitée avec la profondeur qu’elle aurait méritée.
Le deuil de Doug, après la mort de son meilleur ami, est presque entièrement évacué après quelque 30 minutes de traitement, tandis que le cancer du coloc et ami de Sam est systématiquement anecdotique. Hormis une ou deux petites scènes où se fait sentir sa peur, rien ne vient vraiment contrarier l’évolution forcément positive du récit.
Cette saison pâtit peut-être du fait d'être la dernière, plus axée que les précédentes autour de saynètes du quotidien. Ou peut-être était-ce une bonne façon de la terminer, en disant simplement en filigrane que la vie continue.
Lecteurs
(2.8)01/11/2022 à 12:27
c est un serie, donc ils ont peut etre pas pu avoir un manchot d antarctique, et de plus c est un aquarium je doute qu il soit en fait en studio mais en lieu reel.
14/07/2021 à 17:45
Ce que je ne comprends pas, c est que si le personnage principal est si calé en manchot, comment se fait-il qu 'il ne sache pas que son manchot est un manchot du cap. Ils se reproduisent pendant la période estival en Afrique du Sud.... Donc pourquoi partir en antarctique ? Biensur il y a là-bas d autres sortes de manchots, mais bon.