Avatar : Le dernier maître de l'air : critique d'une fumée sans feu sur Netflix

majeur aang l'air

Lorsque Netflix a annoncé en 2018  le développement d'un autre remake en live action d'Avatar, le dernier maître de l'air, il y avait autant de raisons de craindre le pire que d'espérer une bonne surprise. Évidemment, le foirage complet du premier remake signé M. Night Shyamalan n'a pas plaidé en la faveur d'un nouveau projet, tout comme le souvenir désagréable d'autres adaptations live action de Netflix (Cowboy Bebop, Destin : la saga Winx ou dernièrement One Piece).

D'un autre côté, la série Nickelodeon conserve un potentiel cinégénique indéniable, en plus d'une solide mythologie qui ne demandait qu'à être transcendée. À l'inverse du long-métrage de 2010 qui devait écraser toute la toile de fond et balayer ses subtilités pour tenir en moins de deux heures, revenir à un format sériel promettait au scénario de prendre davantage son temps pour renouer avec la complexité et la délicatesse de la série d'animation qui n'a fait que monter en puissance. Et avec huit épisodes d'environ 50 minutes chacun pour transposer le premier Livre, il y avait suffisamment d'espace pour recréer les bases de l'univers, tout en empruntant un chemin différent.

On imagine d'ailleurs que c'est cette volonté de s'écarter du récit original qui a en partie éloigné Michael Dante DiMartino et Bryan Konietzko (les créateurs du dessin animé) de la production de cette nouvelle série, finalement chapeautée par Albert Kim (Sleepy Hollow, Nikita). Mais comme l'a enseigné le moine Gyatso à Aang : "Détache-toi du passé ou tu n'auras pas d'avenir". Sauf que ce n'est pas aussi simple que ça. 

Sage décision, mais mauvaise exécution 

COURAANG D'AIR

Contrairement au live action de One Piece qui n'a (sans surprise) pas réussi à crédibiliser son univers et son esthétique excentrique, Avatar : Le dernier maître de l'air profite d'une façade plus vraisemblable et engageante, ne serait-ce que pour ses costumes minutieux et les différentes créatures fantastiques assez bien réalisées (quand bien même la plupart apparaissent dans des scènes nocturnes). Certains décors tout en CGI s'en sortent avec les honneurs, en particulier le temps Austral, la cité d'Omashu et la ville de la Tribu de l'Eau du Nord, et c'est globalement tout ce qui joue en la faveur de ce remake malheureusement médiocre sur tout le reste.

Kataratée 

En optant pour une narration plus linéaire (qui révèle d'emblée l'identité d'Aang et les enjeux qui pèsent sur lui), ce nouveau récit s'avère trop plat, souvent ennuyeux et confus, tandis que la réalisation n'apporte aucun dynamisme à l'écran, si ce n'est dans quelques séquences avec deux ou trois mouvements de caméra plus affirmés. Un des principaux intérêt de choisir le live action était d'intensifier et magnifier les combats en faisant appel à des artistes martiaux ou acteurs entrainés comme Dallas Liu et Gordon Cormier.Toutefois, si les chorégraphies sont pour la plupart bien exécutées et certains effets spéciaux presque crédibles (en particulier la maîtrise du feu), le montage chaotique torpille toute plus-value esthétique, tout comme les ralentis aériens qui ridiculisent l'ensemble. 

À ce problème de forme s'ajoute un problème de fond, ou plus exactement de ton. Si la série animée savait faire coexister l'esprit cartoonesque attendu d'une production Nickelodeon à une maturité sous-jacente de plus en plus prégnante, le live action jongle moins habilement avec ces deux facettes. En laissant de côté le gros des pitreries d'Aang et Sokka, le but était a priori de mettre l'accent sur l'aspect politique et dramatique de l'histoire. Mais la série ne parvient jamais à rendre compte de la gravité des événements et de l'urgence de la situation, en particulier quand il est question de génocide ou d'impérialisme.

Le plus gros gâchis émotionnel de cette première saison 

Il faut dire que les dialogues, souvent niais et pas très finauds, n'aident pas, tout comme la caractérisation limitée des personnages, qui ne donnent rien ou presque à jouer à leur interprète, notamment Kiawentiio (Katara) et Ian Ousley (Sokka) qui déclament leurs répliques sans avoir l'air d'y croire. 

Finalement, plutôt de s'approprier une odyssée passionnante, Avatar : Le dernier maître de l'air ne fait que confirmer un peu plus la prouesse et la valeur de la série animée de 2005. On espère cependant que la saison 2, si elle est confirmée, passera la seconde et approfondira ce qui n'était qu'une maladroite introduction de l'univers. 

La première saison d'Avatar : Le dernier maître de l'air est disponible en intégralité sur Netflix depuis le 22 février