Sur la Terre des Dinosaures : la seule série qui rivalise avec Jurassic Park

Owen Carrel | 22 avril 2023
Owen Carrel | 22 avril 2023

Avant Jurassic World, une série documentaire culte de la BBC a recréé avec brio le monde perdu des reptiles préhistoriques : Sur la terre des dinosaures

Jurassic Park a allumé l’étincelle de toute une génération d’enfants obsédés par la paléontologie, mais d’autres projets ont suivi pour continuer à entretenir la flamme. Ainsi, en 1999 une série documentaire aux ambitions dingues a vu le jour, et les plus nostalgiques s'en souviennent assurément : Sur la Terre des Dinosaures.

Réunissant près de 19 millions de Britanniques lors de sa première diffusion et 200 millions de téléspectateurs dans le monde à la fin de l’année 2000, la série est devenue un véritable phénomène. En associant à merveille documentaire et fiction, elle s'est imposée comme un parfait hybride, calibré pour le succès et capable de rivaliser avec les dinos de Steven Spielberg.

 

Sur la terre des dinosaures : photoThérapie de couple 

 

Recréer le monde perdu : une prouesse technologique

« Ce n’est plus un rêve, vous êtes au milieu des dinosaures » annonce fièrement le slogan de la série. Ce n’est pas une promesse en l’air, tant les moyens alloués par la BBC sont complètement dingues. Composée de six épisodes de 30 minutes, Sur la Terre des Dinosaures est encore à ce jour la série documentaire la plus chère de tous les temps : 6,1 millions de livres, soit quasiment 10 millions de dollars. Fort heureusement, tout cet argent n’a pas été jeté par les fenêtres, vu le soin avec lequel le créateur Tim Haines a voulu recréer ce monde perdu.

 

Sur la terre des dinosaures : photoLa marche des empereurs

 

Du feu vert de la BBC à la diffusion du premier épisode, trois ans se sont écoulés, durant lesquels Tim Haines et sa troupe se sont activés sans relâche : un an et demi de recherche pour identifier des lieux de tournage contenant plantes et arbres préhistoriques, plus un an et demi passé à parfaire l’animation des créatures, dans un exercice de style complètement novateur. Près de 80 animatroniques ont été créées, tandis qu’une centaine d’experts ont été consultés pour le projet.

La série est ainsi une fascinante exploration de l’âge des dinosaures, de leurs débuts à leur chute, avec une application délirante à rendre la chose la plus réaliste possible. Sans les CGI à la qualité aujourd’hui douteuse (même s’ils restent admirables pour l'époque), on croit sans difficulté à un vrai documentaire animalier. Haines est allé jusqu’à incorporer des interactions entre les dinosaures et la caméra ou ajouter de véritables animaux (comme des lézards ou des insectes). Mais, plus qu’un simple documentaire, Sur la Terre des Dinosaures est une grande tragédie, et c’est ça qui l’a rendu inoubliable.

 

Sur la terre des dinosaures : photoLes dents de la mer

 

LES stars d’une odyssée tragique

Aidé par le mystère des fossiles, Haines a eu le champ libre pour développer ses propres arcs narratifs, appuyés par la recherche paléontologique… et une bonne dose de supposition. Empreint d’une volonté de tout rendre démesuré, il a délibérément pris des libertés sur les dimensions de certains animaux préhistoriques. Le Liopleurodon, star de l’épisode sous-marin, et l’Ornithocheirus, le paisible géant des airs, prennent ainsi des proportions gigantesques (et totalement exagérées). Pour autant, l’emphase portée sur la particularité de ces étranges géants n’en devient que plus magnifique encore.

 

Sur la terre des dinosaures : photoDrama-saurus

 

La plus grande force de Sur la Terre des dinosaures est sa dimension tragique, qui s’articule tout au long des différents épisodes, et qui trouve son épilogue explosif dans la chute de la comète qui a mis fin au règne des dinosaures. Tout le monde connaît l’histoire, et Haines a admirablement joué dessus, ce qui est particulièrement malin après le regain d’intérêt pour les sauriens motivé par Jurassic Park. Chaque voyage dans le temps est donc traversé par le fatalisme, et chaque minute du programme en devient plus précieuse encore : on sait où ça va, mais on ne veut pas que ça s’arrête.

Cette dimension est exacerbée par le superbe travail de composition de Ben Bartlett, récompensé d’un BAFTA en 2000. Sa volonté était alors de créer une ambiance musicale propre à chaque épisode, et c’est une brillante réussite. La marche des immenses Diplodocus est ainsi triomphante et épique, tandis que les épisodes marins et aériens sont empreints d’une mélancolie tragique, évoquant la cruauté des océans ou la beauté douce-amère d’un dernier voyage. Pour le dernier épisode, le thème choisi est sombre et lugubre. On assiste à la fin d’une ère, qui nous attend depuis l’introduction de la série.

 

Sur la terre des dinosaures : photoLio-pleure-odon

 

Un véritable divertissement didactique

Jurassic Park avait semé les graines de toute une génération biberonnée à la paléontologie, Sur la Terre des Dinosaures les a fait éclore. Le tout en conjuguant parfaitement divertissement et pédagogie, sans perdre de vue un regard émerveillé sur les créatures. On se prend sans mal au jeu, surtout que la série se trouve plutôt bien inspirée dans son choix d’espèces, alternant entre stars inconditionnelles comme le Tyrannosaure (mais laissant de côté le Velociraptor) et créatures moins connues, mais tout aussi fascinantes.

 

Sur la terre des dinosaures : photoRaptor dissident, mais en mieux

 

Là où la série diffère d’un documentaire classique, c’est par sa propension à se baser sur du fictif. Les intrigues paraissent pleinement crédibles, et elles se suivent avec la religiosité d’un feuilleton télé.  Les dinos devenant des stars en pleine possession de leur programme, la série a tout le loisir de développer sa fonction d’apprentissage, sublimée par une voix off jamais envahissante et mémorable (l'inoubliable voix française d’André Dussolier).

Dans la droite lignée du chef-d’œuvre de Steven Spielberg, qui n’oubliait jamais son rôle didactique, Sur la Terre désacralise le mythe du dinosaure monstrueux, en même temps qu’il l’iconise un peu plus comme merveille de la nature. Un chemin que Tim Haines, via sa société de production Impossible Pictures, créée en 2002, ne cessera jamais d’emprunter. Avec Sur la Terre des Monstres Disparus (2001) et Sur la Terre des Géants (2005), il pousse cet aspect pédagogique, présentant des ères méconnues du grand public. 

  

Sur la terre des dinosaures : Sur la Terre des Monstres DisparusSympa le prequel de l'Âge de Glace

 

En s’associant au brillant zoologiste Nigel Marven pour la géniale Préhistoric Park, il s’offre une voix rassurante et enthousiaste, qui a poursuivi le merveilleux héritage laissé par Sur la Terre des Dinosaures. 

À la fois grande odyssée épique et documentaire prestigieux, Sur la Terre des Dinosaures est ainsi la parfaite fusion entre deux mondes parfois antagonistes. C’est un ovni de par l’investissement de la BBC, et si quelques-uns ont essayé de reprendre son héritage (Planète Préhistorique récemment), il paraît difficile de revoir un tel phénomène culturel de sitôt.

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commentaires
Fake Dino et Jesuit Story
23/04/2023 à 14:33

impossible d'avoir les os de dino dans les musees ou des morceaux a des fins d'etudes lol!,
ils sont timides les directeurs!
encore une heresie relativiste, au moins çà fait tourner des films

Oulah
23/04/2023 à 12:17

Entièrement d'accord
Par contre entre prehistoric Park et Jurassic Park
Jurassic Park l'écrase sans compter

Olo
23/04/2023 à 06:01

Prehistoric park

PAV
22/04/2023 à 23:14

Enfin quelqu'un pour parler de ce chefs-d'oeuvre ! Merci !

lot
22/04/2023 à 19:17

Un documentaire exceptionnel...on a pas fait mieux depuis 23 ans...et la narration de Andre Dussolier est inatteignable...