Les Enquêtes du Département V : Dossier 64 - critique menottée

Simon Riaux | 14 décembre 2018 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Simon Riaux | 14 décembre 2018 - MAJ : 09/03/2021 15:58

En 2015, Les Enquêtes du Département V envahissaient la France, qui devait rapidement tomber sous le charme d’Assad et Carl, policiers hétérodoxes aux investigations ravageuses. Quatre ans plus tard, se profile l’ultime épisode de la saga, ultime plongée dans les tréfonds de l’âme Danoise. Que vaut ce Dossier 64 réalisé par Christoffer Boe avec Fares Fares et Nikolaj Lie Kaas ?

DEPARTEMENT DARK

Nous avions laissé les excellents Fares Fares et Nikolaj Lie Kaas à l’issue d’un troisième épisode solide, mais qui avait bien du mal à reproduire le petit miracle ténébreux de ses deux premiers chapitres. On attendait donc beaucoup de ce segment annoncé comme le dernier. Et on avait bien raison, tant il paraît évident que le réalisateur Christoffer Boe s’est investi de sa mission afin d’attraper le spectateur à la gorge et de ne pas le lâcher.

 

photoUn couple toujours imprévisible

 

Avec une belle audace, le cinéaste décide d’ouvrir son métrage sur deux séquences fortes, mais stylistiquement opposées. Une saynète typique de la dramaturgie scandinave, à laquelle vient répondre une séquence très graphique de découverte de corps, qui évoque instantanément Dario Argento et ses Frissons de l'angoisse. Deux salles deux ambiances, pour ce film qui, comme ses prédécesseurs, s’articule autour de deux lignes temporelles bien distinctes.

Une entrée en matière cinégénique tonitruante, qui accompagne et souligne la volonté de bouleverser les acquis de la franchise. Les ténèbres qui vont assaillir nos héros ne sont désormais plus seulement purement scandinaves (encore que l’intrigue fasse explicitement référence à un fait divers qui a récemment marqué le Danemark), tant elles s’hybrident d’influences transalpines, ainsi que de réflexes plus anglo-saxons. En témoigne une narration plus nerveuse, qui se plaît à mettre en danger physiquement ses protagonistes beaucoup plus fréquemment.

 

photoLe (pas si) bon docteur

 

C’EST THE 64

Mais ce regain de brutalité ne s’accompagne pas pour autant d’un appauvrissement de l’atmosphère, ou d’une simplification des enjeux. Le rapport aux femmes, et la volonté d’une frange masculine de la population de contrôler leurs corps est ici centrale. Et au-delà de la violence inhérente au récit, c’est bien la permanence de cette pulsion dominatrice qui est interrogée. Loin d'une quelconque moraline progressiste, le scénario observe avec une assurance froide, à la pertinence ravageuse, comment s'imbriquent domination masculine, racisme et objectivation du corps féminin.

Christoffer Boe sait d’ailleurs travailler cette thématique de manière inattendue, jusque dans les rapports entre Carl et Assad. Ils sont depuis ses origines, le sel bien particulier des Enquêtes du Département V. Entre complétion et tension, ces deux anti-héros en sont venus à ne plus former qu’une entité. La dissolution de cette dernière est ici annoncée, le récit s’ouvrant sur le désir contrariant d’Assad, prochainement muté dans une nouvelle unité.

 

photoCarl est au bord de l'éruption

 

Que restera-t-il donc de ce couple improbable ? Carl saura-t-il chasser les démons violents qui le rongent ? Assad parviendra-t-il à ramener son ami sur les rivages de l’humanité ? Il sera bien sûr là-aussi question de confiance (trahie ?), d’émulation et de domination. Et alors que se profile la fin de la saga, c’est le cœur serré que l’on sent le récit accélérer jusqu’à son inévitable et spectaculaire conclusion.

 

Affiche française

Résumé

Ultime Enquête du Département V, Dossier 64 est aussi l'investigation la plus riche, dense et musclé, du duo iconique.

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Lecteurs

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commentaires
Wolvie 08
30/03/2019 à 16:16

Excellent épisode. Glauque, passionnant, encore une fois bien interprété et avec une sympathique évolution pour le personnage principal - qui s'humanise un peu- et un film d'une noirceur rarement vue... Heureusement que le héros se révèle moins misanthrope car autrement c'était beaucoup trop déprimant là

Cif
16/03/2019 à 17:48

Belle interaction entre les deux protagonistes, J'ai adoré les 4

Hasgarn
12/03/2019 à 12:30

Cool ! J'avais super accroché sur les 3 premiers :D

tof
12/03/2019 à 08:09

Je viens de voir le film et je le trouve nettement supérieur au troisieme et disons entre les deux premiers donc à voir si on adore la série

Mouah.
11/03/2019 à 18:57

Je trouve cette serie assez nulle et daubesque il y a mieux

Chris
11/03/2019 à 13:37

Le roman que j'ai le moins aimé de la série donc je ferais l'impasse sur le film même si les 2 premiers étaient très bons comme les romans, le 3ème déjà était plutôt moyen (comme le roman également).

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