La Demoiselle et le dragon : critique du presque House of the Dragon de Netflix

Geoffrey Crété | 8 mars 2024 - MAJ : 11/03/2024 18:38
Geoffrey Crété | 8 mars 2024 - MAJ : 11/03/2024 18:38

Révélée par la série Stranger Things, Millie Bobby Brown continue à tracer sa route sur Netflix, comme actrice mais aussi productrice. Après Enola Holmes et Enola Holmes 2, et avant The Electric State (le nouveau film des frères Russo, prévu pour 2024), elle revient dans La Demoiselle et le dragon, un film d'aventure et de fantasy où elle incarne une princesse qui se transforme en guerrière pour affronter la bête. Et avec Juan Carlos Fresnadillo (28 semaines plus tard, Intacto) derrière la caméra, il y avait de quoi être un peu curieux.

tout conte fée

Au cas où ce n'était pas clair avec la bande-annonce, le pitch ou l'affiche ("Ceci n'est pas un conte de fées"), La Demoiselle et le dragon commence par la voix off de Millie Bobby Brown : "Il y a beaucoup d'histoires de chevalerie où le chevalier héroïque sauve la demoiselle en détresse. Celle-ci n'en fait pas partie".

En voilà une idée follement originale pour qui n'a pas vu La Caverne de la rose d'or, Rebelle, ShrekXena, la guerrière ou le récent La Princesse avec Joey King (sorti sur Disney+ en 2022), lesquels ont tous réécrit le cliché de la princesse. Pas très grave, ce n'est au fond qu'un prétexte pour un film d'aventure et d'action ultra-calibré pour et par Millie Bobby Brown, à nouveau productrice sur Netflix après deux Enola Holmes.

 

 

À ce stade, c'est presque une bande demo puisque Millie Bobby Brown passe par tous les états possibles et imaginables – princesse puis guerrière, romantique puis enragée, naïve puis tyrannique, victime puis héroïne, cheveux longs puis cheveux courts. Là encore, rien de gênant, c'est une étape logique pour une actrice qui construit sa carrière.

D'autant que le vrai argument de La Demoiselle et le dragon est ailleurs : c'est un survival dans la grotte d'un dragon. Avec une telle promesse, un budget estimé à 60-70 millions, un casting de seconds rôles de luxe (Robin Wright, Ray Winstone, Angela Bassett) et le réalisateur Juan Carlos Fresnadillo (Intacto, 28 semaines plus tard), la promesse était forcément alléchante pour toute personne connaissant un peu trop bien Le Règne du feu, Le Dragon du lac de feu et autres dragonneries. Et le résultat est plutôt satisfaisant... quand il répond à cette promesse initiale.

 

La Demoiselle et le dragon : photo, Millie Bobby BrownOn veut un match Demoiselles d'horreur / La Demoiselle et le dragon

 

the girl with the dragon aux trousses

Quand le film assume pleinement la promesse toute bête du titre (du moins en version française), il assure plutôt bien la mission. Et après un top départ aussi cruel qu'un Hunger Games, Juan Carlos Fresnadillo rappelle son petit savoir-faire avec quelques amusantes idées visuelles. Une nuée de bestioles en feu par ci, une source de lumière bleutée par là, une cascade de cristaux dans un coin et le film trouve des couleurs inattendues dans les tréfonds de cette grotte labyrinthique.

Pour autant, le réalisateur du très solide 28 semaines plus tard ne réinvente pas la roue. Il sort simplement la petite panoplie du genre pour jouer avec les codes du film d'horreur. Il fait noir, il faut se cacher, il faut courir, il ne faut pas faire de bruit et il faut se faufiler dans des espaces exigus, tandis que la créature aux dimensions titanesques se confond avec le décor et que sa voix résonne comme celle de Smaug dans les meilleures scènes du Hobbit.

 

La Demoiselle et le dragon : photo, Millie Bobby BrownVer la lumière

 

Conscient des limites de ce petit exercice de train fantôme, Juan Carlos Fresnadillo mise alors tout sur quelques moments clés : une scène spectaculaire où le bleu protecteur se liquéfie sous les flammes de l'enfer, un immense ciel embrasé qui annonce l'apocalypse, et quelques pointes de cruauté bien senties sur les figurants.

S'il y a de sérieux problèmes d'effets visuels dans les plans larges, le réalisateur peut compter sur la réussite technique du dragon et son design dans les moments plus rapprochés. Là, la voix de l'excellente Shohreh Aghdashloo est encore plus saisissante, et grâce à la photo de Larry Fong (Watchmen, 300, Super 8) et la musique efficace de David Fleming, le dragon reste bien la star du film.

 

Damsel : photo, Millie Bobby BrownMillie Bobby Down

 

Conte ni fée ni à faire

Le problème, c'est tout ce qu'il y a avant et après. Passent encore les trente premières minutes sirupeuses, à coup de château féérique, belle-maman prudente et escapade à cheval avec le prince. Pour un film qui n'est pas un conte de fées, La Demoiselle et le dragon teste rudement les nerfs, et cette mise en place en pilotage automatique est supportable uniquement parce qu'il y a la promesse du cauchemar qui suivra.

Sauf que ledit cauchemar dure finalement une demi-heure. Après ça, il bifurque une première fois, puis encore une autre dans la dernière demi-heure. Entre temps, les enjeux ont tellement grossi pour rajouter du drama en carton que le film en a perdu toute sa belle simplicité et efficacité. Le survival en huis clos n'était malheureusement qu'une étape sur la route héroïque de ce personnage basique au possible, écrit à la truelle par Dan Mazeau (Fast X, La Colère des titans). Mention spéciale aux lourdingues flashbacks sonores et autres visions magiques ("C'est un mensonge !"), qui donnent encore une fois l'impression qu'un film Netflix considère que son public est forcément à moitié endormi.

 

Damsel : Photo Millie Bobby BrownExcalibof

 

En faisant du surplace dans un des décors les moins intéressants du film, et en voulant donner une dimension pseudo-dramatique à de seconds rôles (y compris le dragon), La Demoiselle et le dragon freine considérablement sa course. Surtout qu'à côté de ça, le film grille trop vite certaines étapes essentielles pour une telle héroïne, comme son retour-transformation en guerrière qui ressemble plus à Gizmo dans Gremlins 2 qu'à Ellen Ripley dans Aliens.

Finalement, La Demoiselle et le dragon est bien un conte de fées. Réarrangé à droite à gauche certes, mais aussi rebelle que Millie Bobby Brown qui fronce des sourcils pour faire peur. Et au lieu de finir collée à un beau prince, la princesse termine aux portes d'un spin-off/remake de Game of Thrones et House of the Dragon. Un autre signe des temps et de l'originalité folle de ce petit film inoffensif.

La Demoiselle et le dragon est disponible sur Netflix depuis le 8 mars 2024 en France

 La Demoiselle et le dragon : Affiche

Résumé

La Demoiselle et le dragon tient à moitié sa promesse de départ et c'est bien dommage puisque c'est la meilleure partie du film. Le reste est beaucoup moins amusant, et encore plus oubliable.

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.

Lecteurs

(2.4)

Votre note ?

commentaires
gazer
22/03/2024 à 09:40

Vu hier soir, ça se regarde, c'est par moment bourré de clichés... sérieux en 2024 l’héroïne avec une démarche badass et le truc en feu en arrière plan... à croire que c'est le genre de plan pour être mis dans la bande annonce.

Mais si je dois retenir une chose c'est que MBB possède un jeu d'acteur d'une pauvreté abyssale ! C'est honteux et à la fois ça me rempli d'espoir pour tous les acteurs en devenir... vous pouvez toujours le gros lot même si vous êtes nul !

On passera sur les Fx... tout le budget est parti pour le dragon (grande réussite du film !) reste que le moindre plan large ou les incrustations vous sautent au visage et on passera sur les stagecraft immonde (celui du début ou elle coupe du bois... mon dieu) j'ai l'impression de ne voir plus que ça. Mais bon c'est peut être un problème d’aficionados des makings off. J'aime l'envers du décor du cinéma, le problème c'est que ma suspension d'incrédulité devient difficile à obtenir dès que les FX sont moyens comme ic ! (le plan large avec des chevaux au galop qui ressemble pas du tout à des chevaux au galop... LOTR le faisait mieux et c'était les premières fois qu'on voyait ça il y a 20 ans)

Frenchy74
16/03/2024 à 12:16

C'est un film d'une nullité vertigineuse !!

Lip0
14/03/2024 à 10:26

Dommage ! Dommage car le concept de départ était sympa, rien de très original mais sympa... Tout comme Bright tué par Netflix, quelques mauvais choix esthétiques et un montage calamiteux, ainsi qu'une mauvaise direction, Damsel (la demoiselle et le dragon) est bourré de cliché maladroit avec l'aventure initiatique de la jeune femme devenant une guerrière badass blablabla, déjà vu 100 fois. La scène de fin lors du départ du château en est un exemple on ne peut plus parlant. Un cliché de cliché vu un nombre incalculable de fois ce qui en est malheureusement grotesque. Milly Bobbie brown fait ce qu'elle peut pour insuffler une jolie énergie (on ne peut lui enlever cela) mais même une très bonne actrice pour peu qu'elle soit mal dirigé ne pourra pas faire de miracle malgré son talent. S'ajoute à cela une réalisation datée (qui n'a pas été sans me rappeler de vieux épisodes de Xena la guerrière). Malheureusement se film est creux, plat, et ennuyant. Ce que je déteste quand je regarde un film est de comprendre la finalité, dès le début... L'actrice principale mérite mieux que cela. Concernant les FX je ne serai pas aussi sévère que les différentes critiques spécialisées. Certe les décors sentent bon le carton-pâte mais les images de synthèses ne sont pas si mauvaises que cela. Je pense sincèrement qu'après le désastre visuel de The Flash un bon paquet de films à moindre budget peuvent très bien s'en sortir. Qui mieux d'ailleurs que Godzilla : Minus One pour être le parfait représentant des films à "petits budgets" pouvant nous mettre des claques visuels. Non un des vrais problèmes des films de fantasy moderne c'est cette impression d'être dans des décors. Rien ne paraît réel, rien ne semble vieux, usés, ayant eu une vie (ici dans un royaume sensé avoir plusieurs siècles). On ne croit pas une seconde à la diégèse du film. Bref il est toujours bon de voir un film pour se faire son idée, je ne le vous déconseillerait donc pas mais pour peu que vous attendiez quelque chose ayant du punch l'ennui ne tardera pas. Les gros studios on tendances à banaliser la médiocrité, à la normaliser. C'est dangereux...

Chridoum
13/03/2024 à 21:38

Je regrette que le voice acting du dragon n'est pas été assuré par Meryl Streep. Millie Boby brown faisant face a l'ancienne garde aurait donné un poid complètement différent a tout ce discours sur le mensonge

Jerome13004
12/03/2024 à 09:23

Quelques incohérences (être silencieuse, mais elle passe son temps à crier...juste après que le dragon lui dise "tu es maline tu te caches), la partie "survival" est clairement la plus intéressante et la scène des oiseaux de feu à une certaine poésie morbide.
Le film cite le Retour du Roi (la lumière D'Elendil) là aussi avec une certaine poésie.
La première demi-heure très fonctionnelle est construite pour donner le contre point à la suite. Mais, elle est mal écrite (l'héroine pourtant méfiante s'abandonnant à son prince avec une naîveté qui contredit la tonalité du film. Du coup, on a du mal à suivre ce cheminement de femme forte qui devient princesse qui redevient femme forte...
C'est un film qui reste au milieu du quet faute d'une écriture de son personnage principal cohérente.

Lili44
11/03/2024 à 21:29

Le nanar du mois. Un tombereau de clichés. Même quand ceux-ci sont sois-disant détournés; C'est balourd et grotesque. Rien à sauver, hormis le dragon. Millie Bobby Brown y est totalement ridicule et le reste de la distribution cachetonne piteusement. Un film de dragon tout sauf "enflammé"

Priss
11/03/2024 à 09:26

Très bon film. Une fin à laquelle on ne s'attend pas. Ça change des conte de fée classique

Roro54
11/03/2024 à 07:13

Très bon film vue avec mon fils on a adoré bravo

OoOj
11/03/2024 à 06:48

Bon petit film dans le genre à voir.

Olric
11/03/2024 à 00:35

Parfait comme film du dimanche après midi, on ne lui en demande pas plus.

Plus
votre commentaire