Des hommes sans loi : Critique
À l'instar de Terrence Malick qu'il remercie dans les crédits de son film, John Hillcoat semble être inspiré par les années 2000. Des hommes sans loi est son troisième film en moins de dix ans et au vu du résultat, on regrette amèrement que le monsieur ait été aussi peu visible par le passé.
S'attaquant à une période, la prohibition, que le cinéma hollywoodien a souvent brillamment retranscrite, le réalisateur de The Road continue d'être fidèle à son cinéma empreint de sobriété et d'élégance où l'humain est au cœur des débats. Ici, c'est la notion de famille que Hillcoat va s'efforcer de mettre en exergue avec la pittoresque histoire vraie des trois frères Bondurant, charismatique fratrie de contrebandiers d'alcool ne connaissant ni Dieu ni maître au fin fond du pays redneck.
À travers un fil rouge classique (les Bondurant contre le vil Guy Pearce et ses sbires) qui rappelle les grandes heures du western tout en permettant une escalade dans la violence, graduelle et jouissive, le cinéaste décortique les relations complexes unissant les trois frères si différents les uns des autres sans oublier les femmes qui gravitent autour d'eux. À l'image du chef de la tribu, Forrest, la force brute tranquille que Tom Hardy incarne à la perfection, Hillcoat n'a pas peur d'enfiler les séquences d'un film que l'on a l'impression d'avoir déjà vu tout en étant ravi de se reprendre au jeu.
Jamais prétentieux dans son interprétation de l'Amérique des années 30, le réalisateur se concentre sur les petits éléments qui offrent tout le sel à son récit. À commencer par une iconisation des personnages forts du récit (les deux ou trois apparitions de Gary Oldman, les postures de la sublime Jessica Chastain, les moues et grognements de Tom Hardy) et un ton parfois audacieusement décalé (les quelques excellentes pointes d'humour ).
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(3.9)