Jason Statham est-il le dernier espoir du ciné d'action bourrin old school ?

La Rédaction | 14 août 2018 - MAJ : 09/03/2021 15:58
La Rédaction | 14 août 2018 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Alors qu’approche à grandes brasses le Mégalodon de En eaux troubles, un constat s’impose : Jason Statham est bien le seul capable de faire peur à un requin préhistorique de 50m de long.

Tout simplement parce que l’artiste provoque une émotion curieuse, un plaisir au fumet de roubignole tout droit sorti des années 80, d’un machisme qui a désormais des airs d’autoparodie, ou qui paraît de notre point de vue tellement inconscient de lui-même qu’il ne saurait se départir d’une certaine innocence.

 

photo, Dwayne Johnson, Fast & Furious 7Deux stars, deux ambiances

 

Innocence qui ne va pas sans un amour absolu pour des figures de héros taillés à même le granit, qui n’acceptent que rarement la nuance, et existent autant comme temples physiques qu’incarnation d’un type de résolution, et de valeurs surannées. Nous évoquions il y a quelques semaines comment Dwayne Johnson tentait de sculpter un nouveau type d’alpha-mâle du divertissement, dont le paradoxe était justement que son personnage, neutre à l’extrême, refusait beaucoup des attributs qui furent celui du héros d’action américain.

Statham au contraire, se savoure comme un sincère et délicieux paradoxe. Avec la sortie de En eaux troubles, l’occasion était trop belle pour ne pas revenir sur les ingrédients qui font que le chauve sourit, et que le plus beau deltoïde du 7e Art nous rend tout chose.

 

 

 

BADASS QUI TABASSE

Ancien athlète, un temps membre de l’équipe britannique qui concouru dans les années 90 aux Jeux du Commonwealth, Jason Statham n’est pas devenu un des champions du cinéma d’action par hasard. Plus qu’un corps sculpté pour flatter l’objectif de la caméra, nous avons affaire à une authentique masque musculeuse, plus dure que la pierre, amplifiée et développée à force de travail, dont la finalité fut longtemps tout autre qu’un enregistrement cinématographique.

 

Jason StathamCuir et col roulé, à l'ancienne

 

Oh bien sûr Statham n’est pas le seul à afficher une anatomie aux airs de bulldozer, mais son corps raconte une autre histoire que celle des éphèbes de la castagne, ou des comédiens respectables tentant un retour à peu de frais à coup de gonflette et de bastos vite tirées. Cette calvitie assumée, ces épaules larges, ces bras puissants… Statham semble en permanence tendu comme si son corps entier s’apprêtait à se déplier pour gifler le spectateur.

Conséquence : Jason compte parmi les rares bourrins à pouvoir signer leurs propres cascades et à donner le sentiment au spectateur qu’il pourrait lui rentrer les narines au fond du cervelet d’un coup de boule. D’où une présence physique souvent impressionnante, immédiatement palpable au sein d’un film comme Expendables : unité spéciale, où l’ensemble des acteurs, pour sympathiques et charismatiques qu’ils soient, ne sont bons qu’à sucer des glaces à pectine et se faire huiler avant les prises.

Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que Stallone l’adoube symboliquement dans ce même Expendables, et paraît plus d’une fois lui tendre le flambeau d’un certain rapport au cinéma d’action.

 

Photo Jason StathanUne belle gueule d'amour

 

CŒUR DE PICRATE

Cette transmission est d’autant plus frappante dans Homefront, où l’acteur interprète un rôle que Sly avait écrit pour lui-même, dans le cadre d’un projet qu’il comptait également réaliser. Soit l’histoire d’un veuf, retranché dans sa maison avec sa fille adolescente au milieu du bayou, quand les voyous locaux envisagent de lui cartonner méchamment la tronche.

Soit un projet aux antipodes de l’action sur-vitaminée d’un John Wick, à l’ADN contraire à la bonhommie factice d’un Dwayne Johnson. Ce dernier est devenu la plus grosse méga-star internationale contemporaine, à force de stratégie brillante, de choix malins, et de travail absolument effréné. Il vend au public bien plus qu’une promesse d’interprétation, ou tout autre chose : une marque, faite de bon sentiment et de progressisme revendiqué, lequel distord tous les principes tenus pour acquis de la bourrinerie filmique.

C’est là la différence fondamentale entre le positivisme d’un Johnson et la chaleur humaine d’un Statham. Le premier revendique une action légère, qui ne blesse ni ne tue personne (il est curieux de voir comme le scénario de Skyscraper évite au maximum de le confronter physiquement à ses ennemis), tandis que le second, dans le sillage d’un Sylvester Stallone, joue la carte du pauvre type au cœur tendre.

 

Le Flingueur 2"Je vais énucléer une quarantaine de gars, et je reviens beybey."

  

RÉTRO-VISEUR

Et c’est le mélange de ces deux éléments qui aboutit à un troisième. Profondément, Jason Statham est anachronique. Quand tout le monde s’inquiète de produire des héros policés, répondant aux critères de leur époque et ne risquant pas d’offenser une fraction du public lassée des stéréotypes jugés comme machistes ou constitutifs du patriarcat, il y a quelque chose de délicieux dans le fait qu’ontologiquement, Jason Statham soit parfaitement étanche à tout cela.

 

muscleLe Big Daddy de Homefront

 

Quand il vient en aide à une malheureuse bonne sœur dans Crazy Joe, c’est pour mieux lui faire renier ses vœux et lui tasser les vertèbres. Quand sa vie est menacée dans les Hyper tension, l’impayable Chev Chelios n’envisagera pas de retrouver ses ennemis avant d’avoir infligé une levrette de l’espace à sa chère et tendre, en public, comme il se doit. Dans Joker, il fait sien tout un pan de la virilité tour à tour chevaleresque et toxique, décrite brillamment dans des centaines de romans noirs américains, de Chandler, en passant par Leonard et Thompson. Dès Arnaques, crimes et botanique, son personnage se répand en blagues vaseuses sur la population allemande.

Bref. Aucun de ses personnages n’est compatible avec l’air du temps. Et pourtant, difficile de trouver chez l’acteur quoi que ce soit qui se rapproche d’une quelconque forme de provocation réac ou de complaisance bas du front, il est à des lieux de cela. En revanche, Hollywood a bien compris en quoi cet artiste à part incarnait malgré lui une forme passée de corps et d'esprit. Et ce n'est pas pour rien que plusieurs de ses rôles récents en font un simili-bad-boy, notamment dans le futur Fast & Furious : spin-off Hobbs & Shaw où son côté mauvais garçon devrait être exploité au mieux.

 

Photo Jason StathamOn t'aime Jason

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commentaires
Bob
15/08/2018 à 09:25

J’adore se mec

Orzech
14/08/2018 à 21:45

Jason Statham
Świetny Aktor filmów akcji
Bravo !
Kocham Ciebie...JASON ????
18/8/18

Grunt
14/08/2018 à 20:53

Pour moi, un mec chauve ça peut pas être une star. Et ne me parlez pas de Bruce Willis...

Rorov94
14/08/2018 à 14:38

Ormis certains combats,Statham ne fait pas ses cascades.
Et le megalodon du film ne fait pas 50m de long mais 22,c'est déjà pas mal!
Quand EL brille par son manque d'infos.

Slimoon
14/08/2018 à 13:56

La blague vaseuse sur les allemands c'est Snatch, pas Arnaque Crimes et Botanique...

fistfucking
14/08/2018 à 13:29

Clairement un acteur charismatique. Il a fait quelques bons petits films... J'aime bien :)

snake88
14/08/2018 à 13:03

Bel article auquel j'adhère totalement, Si Il n'était pas là, le cinéma d'action serait chiant comme la mort et il faudrait se rabattre sur les DTV de ce bon Scott Adkins (dont la carrière meriterait aussi un article !) pour trouver notre dose de testostérone.
Pour moi Jason est comme un Lee Van Cleef du 21ème siècle : tu le fous dans n'importe quel film, bon (rarement) ou mauvais (souvent) et il impose sa présence physique unique.