Men in Black : International - le giga-bide qui a sûrement enterré la franchise (et tant mieux)

Geoffrey Crété | 9 octobre 2022
Geoffrey Crété | 9 octobre 2022

Men In Black 4 avec Chris Hemsworth et Tessa Thompson, et sans Will Smith, n'a pas ravivé la flamme alien. Retour sur ce désastre financier qui a freiné le retour de la franchise.

7 ans après Men In Black III et sans Will Smith, qui a déserté la guerre alien comme celle d'Independence Day : ResurgenceMen in Black : International devait relancer la saga. Nouveaux acteurs, nouveau pays, même ambition : l'argent, le business, la franchise.

Réunis après Thor : RagnarokChris Hemsworth et Tessa Thompson formaient ainsi le nouveau duo, devant la caméra de F. Gary Gray. Et a priori, leur aventure s'arrêtera là vu la catastrophe de ce quatrième opus, à tous les niveaux. Car non seulement Men in Black : International est nul, mais en plus, ça a été un bide au box-office.

 

photo, Chris HemsworthQui avait oublié que ce navet existait ?

 

MEN IN BAS-BUDGET

Environ 110 millions de dollars. C'est un budget relativement bas pour un blockbuster, proche d'un Shazam! (dans les 100 millions), et bien en dessous de Captain Marvel (entre 150 et 175 millions) ou Godzilla II : Roi des Monstres (entre 170 et 200 millions).

C'est un budget également bas pour la saga, après Men in Black (90 millions, soit près de 150 avec l'inflation), Men In Black II (140 millions soit près de 200 millions avec inflation) et Men In Black III (225 millions, soit plus de 250 avec inflation). À l'époque, le budget était alourdi par les salaires de Will Smith, Tommy Lee Jones et du réalisateur Barry Sonnenfeld. Nul doute que ça a incité le studio à repenser la franchise et l'équipe.

À ce budget officiel s'ajoute comme toujours le budget marketing. Selon Deadline, c'est environ 120 millions supplémentaires, 

Men in Black : International aurait donc coûté au moins 200-230 millions.

À noter que le film est une coproduction avec notamment la société chinoise Tencent Pictures, qui a mis un pied dans le cinéma hollywoodien depuis quelques années avec Wonder WomanKong : Skull IslandVenomBumblebee, ou le prochain Terminator : Dark Fate. En d'autres termes, Sony a limité les risques, avec environ 50% des frais à son compte, grâce à Tencent et d'autres.

 

photo, Tessa ThompsonPrendre les mesures pour ajuster la saga

 

AMERICAN BIDE

Environ 253 millions au box-office mondial. C'est évidemment très mauvais, et le pire score de la saga, loin de Men In Black III (624 millions), Men in Black (589 millions) et Men In Black II (441 millions). Et avec l'inflation, ce serait encore pire, donc on taira ce chiffre, par respect.

Men in Black : International est donc un bide à ce niveau de superproduction. Il a moins encaissé qu'un petit film comme Us, qui a coûté 6 fois moins, et se retrouve à côté du bide galactique X-Men : Dark Phoenix.

Côté box-office domestique (toujours très important pour les studios) : misère absolue avec à peine 80 millions. C'est encore une fois très, très loin de la trilogie avec Will Smith, qui a oscillé entre 179 millions (Men In Black III) et plus de 250 millions (le premier film).

Avec l'inflation, selon Boxofficemojo, c'est toujours pire : Men in Black sorti en 1997 aurait encaissé plus de 492 millions. L'évolution reste néanmoins naturelle, puisque chaque suite a moins attiré que le précédent film. Preuve qu'il fallait abandonner le navire, clairement.

 

photo, Chris Hemsworth, Tessa Thompson"Il est de quelle couleur ?... Le mur sur lequel vous allez vous crasher ?"

 

INTERNATIONAL BIDE

Men in Black : International a attiré environ 967 000 spectateurs français. C'est très, très mauvais comparé aux précédents : 5,7 millions d'entrées pour le premier film, 4,7 millions pour le deuxième, et 2,1 millions pour le troisième. Là encore, l'évolution vers le flop est presque logique.

Pour le coup, c'est moins qu'un autre flop comme X-Men : Dark Phoenix (1,4 million). Et c'est évidemment très loin des cartons de l'année, comme Le Roi Lion (8,6 millions) et Avengers : Endgame (6,8 millions). La France a donc bon goût, parfois.

 

photo, Tessa ThompsonFace au bilan compta

 

Le box-office étranger (hors Amérique) est souvent la planche de salut des blockbusters boudés côté domestique, mais Men in Black : International n'a pas brillé de ce côté non plus : environ 173 millions dans le monde. 

C'est encore une fois très en dessous des précédents épisodesMen In Black III (445 millions), Men In Black II (251 millions) et Men in Black (338 millions), sans inflation. C'est également moins qu'un Dark Phoenix (186 millions), au cas où la catastrophe n'était pas claire.

Le film n'a pas séduit grand monde hormis en Russie (10 millions) et en Chine (44 millions), plus gros succès étranger. Avec Tencent Pictures en coproducteur, nul doute que la promo locale a été plus grande et efficace - la réglementation très stricte en Chine complique sinon la vie d'un film étranger.

Seul Men In Black III avait eu droit à une sortie en Chine. Il avait récolté plus de 77 millions, laissant entrevoir un potentiel pour la suite, puisqu'à l'époque c'était un beau chiffre pour un tel film. Encore une fois, Men in Black : International a donc été une douche froide. C'est même un retour de flamme pour Tencent qui avait touché gros avec Venom (856 millions dans le monde, près de 270 en Chine), et dans une certaine mesure Bumblebee (plus de 467 millions dans le monde, et 170 en Chine).

 

Affiche chinoiseLe film a presque l'air cool et coloré

 

Men in Black : dead

Budget d'environ 200-230 millions, à peine 80 millions au box-office domestique, environ 173 dans le monde dont 44 en Chine : Men in Black : International est tout sauf une réussite. Deadline estimait que le film devait atteindre les 300 millions pour rentrer à peu près dans ses frais. Ce serait donc bel et bien un bide.

À vue de nez, la perte pourrait être chiffrée à une centaine de millions, facile. Bien sûr, il y a les ventes TV et autres rentrées d'argent périphériques, mais rien qui ne puisse vraiment sauver la mise.

Le flop a été si clair que Tom Rothman, boss de Sony, en a publiquement parlé : "Est-ce que nous avons raté notre coup ? Men in Black : International n'a pas particulièrement été une déception financière, parce qu'au bout du compte, il va rapporter entre 245 et 300 millions de dollars au box-office mondial. Mais ce n'est évidemment pas du tout ce que l'on espérait pour un reboot concernant cette licence. (...) Je pense que le public a bien aimé le film, et le casting était formidable. Tessa et Chris ont fait un super boulot. Mais si nous avons fait des erreurs, je pense que c'est principalement dans le manque d'idées fortes dans l'histoire."

Et il a vite parlé des retombées limitées sur le studio : "Il faut gérer les risques. Sur Men in Black, nous avions deux partenaires financiers et ça a limité les risques. Je pense vraiment qu'il est impossible d'éliminer les risques dans le business des films. Si vous éliminez les risques, vous éliminez la créativité, et si vous éliminez la créativité, vous éliminez le succès."

 

photo, Tessa Thompson, Chris Hemsworth Quand tu trouves enfin tes profits

 

LES RAISONS de l'échec

La première : avait-on vraiment envie d'un Men in Black 4 ? Sans Will Smith ? Le premier film a beau avoir marqué son époque, les suites ont montré un désintérêt significatif. À mesure que les budgets augmentaient, le public s'éloignait. Le studio a peut-être pensé que c'était la responsabilité du duo d'acteurs, entre un Will Smith à la gloire fanée et un Tommy Lee Jones fané tout court. Nul doute que la popularité de la marque Men in Black a alors été surestimée.

À l'heure où la super-franchise est devenue vitale dans le jeu des studios hollywoodiens, la logique était compréhensible. Raviver la saga était dans l'air depuis des années, avec même un projet absurde de rencontre entre 21 Jump Street et Men in Black. Rappelons que Men in Black, qui est d'abord un comics, a donné lieu à trois blockbusters, une série animée, des jeux vidéo, et est entré dans la culture pop. Normal donc que les producteurs essaient d'exploiter le filon.

 

photo, Will SmithOublier, fuir, et rire

 

La deuxième : la production. La rumeur parle d'un tournage pour le moins compliqué. Mésentente entre le réalisateur F. Gary Gray et le producteur Walter Parkes (qui avait bien sûr le final cut) sur la nature du film, réécritures en continu du scénario par ce même Parkes, départ en interne de David Beaubaire (exécutif du Sony) qui devait superviser le blockbuster, deux montages différents (l'un par le réalisateur, l'autre par Parkes) mais aucune étincelle lors des projections-tests...

The Hollywood Reporter a écrit un article aussi triste qu'ordinaire sur le chaos en coulisses, qui ressemble à celui de Hellboy 2019 - un autre gros flop de l'année, tiens tiens. Le scénario original de Matt Holoway et Art Marcum aurait séduit Chris Hemsworth et Tessa Thompson par sa modernité, avec notamment un sous-texte sur l'immigration. Il était apparemment question d'un groupe à la Beatles qui affrontait les héros, les quatre personnages finissant par fusionner en un monstre. Suite au départ de David Beaubaire, en interne chez Sony, le producteur Walter Parkes (qui officiait déjà sur la trilogie originale) a repris le film en main, et lourdement réécrit le scénario.

Selon THR, de nouvelles pages arrivaient tous les jours, et Tessa Thompson et Chris Hemsworth étaient si perplexes qu'ils auraient engagé leurs propres scénaristes pour peaufiner leurs dialogues. Sachant que le duo de scénariste original était lui aussi présent sur le plateau, difficile d'imaginer que ce n'était pas le chaos. Parkes aurait même mis son nez dans la mise en scène, si bien que F. Gary Gray aurait tenté de quitter le film, et que le studio l'aurait convaincu plusieurs fois de rester.

 

photo, Liam Neeson, Tessa Thompson"Moi au moins j'ai signé pour un seul film"

 

Walter Parkes a publiquement démenti, expliquant qu'il avait développé depuis le début le scénario, avec sa compagne et collaboratrice Laurie MacDonald. Leur communiqué balaye les mauvais mots pour affirmer que les réécritures arrivaient pour des raisons budgétaires, pour mettre en avant les acteurs, et ajuster les antagonistes suite au casting des danseurs surnommés les Twins. Sachant que Tom Rothman lui-même a blâmé le mauvais scénario, le rire est total.

Men in Black : International aurait ainsi été emballé dans des conditions terribles, tourné entre juillet et octobre 2018, pour une sortie en mai 2019, qui a été repoussée à juin. Étonnamment, il n'y a pas eu de reshoots massifs et corrections en post-production. Le mal était peut-être déjà fait et il manquait peut-être un capitaine. Sauf Parkes, qui a eu le dernier mot.

 

photo Quand tu te plaignais de ne pas être reconnu, mais finalement c'est pas si mal

 

La fin des (wo)men in black ?

A priori, bye bye les hommes-femmes en noir. À tous les niveaux, le signal envoyé par le public (et la critique) a été négatif, voire désastreux. Impossible d'imaginer que quiconque ait envie de récidiver après un quatrième opus sous forme de semi-reboot-spin-off qui a moins rapporté que tous les autres films.

C'est une nouvelle démonstration de la limite du business pur, après l'échec d'un S.O.S. Fantômes qui a lui aussi été victime d'une trop grande confiance en la marque - et c'était là encore chez Sony, et avec Chris Hemsworth. La franchise oui, la fidélité du public oui, mais pas n'importe comment et avec n'importe quoi.

 

photo, Tommy Lee Jones, Will SmithLe public face aux remplaçants 

 

Depuis des années, Sony court après de nouvelles poules aux oeufs d'or, pour maintenir sa place dans le grand bain du business. D'où l'accord miraculeux avec Marvel Studios et Disney, pour Spider-Man. Et le succès majeur de Spider-Man : Homecoming et Spider-Man : Far From Home n'a fait que confirmer cette voie à suivre. Aucune surprise donc à voir naître un univers étendu dans ce secteur, avec Venom, Morbius, et compagnie.

En théorie, Men in Black était un coup malin : ressortir une marque poussiéreuse mais importante dans la pop culture, la rajeunir avec des visages tendance (piochés chez Marvel), utiliser un réalisateur dans le coup (celui de NWA: Straight Outta Compton et Fast & Furious 8), et apporter une pincée de pseudo-nouveauté (de Men à Women in Black). Que pouvait-il se passer de terrible ?

Men in Black : International a répondu, en rejoignant le cimetière des S.O.S. Fantômes et Charlie's Angels. Heureusement, Sony a marqué de gros points (du moins financiers), avec Jumanji ou Bad Boys for Life. De quoi vite mettre sous le tapis le retour catastrophique des chasseurs d'alien en noir.

Tout savoir sur Men in Black : International

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commentaires
Flash
09/10/2022 à 15:01

C’est rare que je ne regarde pas un film jusqu’au bout.
Ça été le cas avec ce MIB de sinistre mémoire.

Kyle Reese
08/11/2021 à 13:40

@Geoffrey Crété

En effet j'ai tendance à zapper les adverbes dans les titres de news ! lol

le Waw
08/11/2021 à 11:39

Cet opus est ultra cool. Manque juste un vrai real comme Sonnenfield a la barre, mais il était super. Un cinquième serait le bienvenue.

Geoffrey Crété - Rédaction
08/11/2021 à 11:26

@Kyle Reese

D'où le "sûrement" en titre.

Kyle Reese
08/11/2021 à 11:22

Pas vu donc peu pas juger mais dire que ce film a enterré la franchise ... ne jamais dire jamais, surtout à Hollywood, ou tout se transforme et se recycle d'une manière ou d'une autre.
Et l'idée des MIB peut toujours faire recettes si on la ré-actualise de fond en comble.
Traitement plus réaliste par ex.

banban
07/11/2021 à 15:47

Pas ignoble ce MI4, mais certainement raté et surtout, oui surtout, profondément inutile.

Jeremy
29/09/2020 à 07:30

Moi ses chacun on aime ou pas moi j'ai aimé, y a des gents qui il non pas regarder et disent qu'il n'aime pas parce qu'il y a plus les mêmes acteurs. Un film sa se regarde avant juger.

Geoffrey Crété - Rédaction
08/02/2020 à 11:50

@Hector

Cet article n'est pas une critique du film, mais une analyse du box-office. On ne maîtrise pas les chiffre, ce n'est pas un avis, ce sont des faits.

La critique est là
https://www.ecranlarge.com/films/1016345-men-in-black-international/critiques

Hector
08/02/2020 à 08:27

Critique nulle. Ce film est correcte.

Zeus
27/01/2020 à 00:15

Je vois que tout le monde ici est réalisateur, producteur, acteur j’en ai même vu un connaître personnellement Will Smith dis donc!
Il est donc parfaitement logique d’avoir des commentaires assassins de partout étant vous même de très grand artistes.
La diversité, la variété, l’avis personnel ça vous parle? Ce fils n’est ni mauvais ni bon. VOUS n’avez pas aimé, VOUS le trouvez pas à votre goût. D’autre oui. Et pour finir regardez un peu le palmarès de certains acteurs de ce film. Alors à dire que les acteurs sont "nul" moi je penses surtout que VOUS y connaissez rien et VOUS n’êtes pas à même de juger si un acteur est bon ou mauvais. Il est à votre goût ou non point.

J’ai pas été ultra surpris par ce film mais j’ai bien aimé même si Will manque.
Après on aiment, ou non.
J’ai aimé mais le re verrait pas 50 fois.

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